Après des révélations sur les matchs arrangés, voilà que la justice d'un pays étranger sonne le glas en levant le voile sur les paris suspects dont le football algérien est au centre de cette sale aventure. Depuis plusieurs années, des informations non confirmées font état de réseaux de paris suspects depuis la Grèce et la Turquie. Le journal sportif français L'Equipe, le plus titré de France, annonce en manchette que «sept Français ont été interpellés, mardi 14 mai, en Moselle (est de la France), par des policiers du service central des courses et jeux (SCCJ) dans le cadre d'une enquête sur des paris suspects pris en France et liés à la rencontre DRB Tadjenanet - ES Sétif, de la Ligue algérienne de football, comptant pour la saison 2017-2018». Selon France Football «des parieurs avaient placé des sommes anormalement élevées sur le score exact de la victoire 3-2 de Tadjenanet. Près de 5000 € avaient été misés en France, notamment depuis la région de Metz, sur des sites de Paris en ligne, dont Winamax, PokerStars, Betclic et PMU, entraînant des pertes de plus de 100 000 € pour ces derniers». «C'est toujours un peu la même chose, a expliqué une source proche de l'enquête. Quelqu'un a l'info et comme il ne veut pas concentrer sur sa personne, il prend des relations qui parient pour lui...» Le football algérien retrouverait sa triste place après le dernier scandale vite exploité par France Football et L'Equipe. Des paris sportifs suspects mettent donc dans le coup le football national algérien. Depuis, les médias étrangers n'hésitent pas à faire de cette info, un sujet qui se rangerait du côté du volumineux dossier de corruption qui avait secoué il y a quelques mois le football algérien, et dont ses effets n'ont pas rasé les murs du monde sportif international, au contraire. La genèse de l'affaire remonte au 12 mai 2018. «A l'époque, le DRB Tadjenanet, menacé de relégation, recevait l'ES Sétif, champion d'Algérie en titre mais classé en milieu de tableau, pour le compte de la 29e et avant-dernière journée de championnat. Le petit club de la ville située à 300 km à l'est d'Alger fait tomber l'octuple champion du pays (ESS, ndlr) sur le score de 3 buts à 2 dans un match où, chose rare en football, l'arbitre siffle trois penaltys, un pour Tadjenanet et deux pour Sétif». Depuis quelques heures, cinq personnes ont été placées en garde à vue alors que les deux autres qui font partie des sept personnes âgées de 25 à 40 ans environ, aux revenus modestes, ont été entendues en audition libre. Une manière de confirmer que le football algérien n'est toujours pas à l'abri d'événements qui feraient exploser toute une discipline. «Le risque de s'aggraver est aux portes de notre football, il conviendrait de prendre toutes les mesures qui s'imposent afin d'éviter la naissance d'une organisation qui mettrait le feu à toutes les rencontres de football algérien, l'instance nationale est mise au pied du mur, elle doit actionner des actions en collaboration avec les instances juridiques, et pourquoi pas nos représentations officielles à l'étranger pour engager une lutte contre ces gangsters qui sont un peu partout que ce soit dans la drogue ou ces paris sportifs... la responsabilité de tous est engagée et elle ne doit pas connaître de répit». Voilà ce que Chaoui, un cadre sportif, nous déclarait récemment. Une manière de pousser vers l'implosion de ce phénomène qui plane sur des terrains qui dénaturent, non seulement le football, mais également toute une nation. Avons-nous besoin que ce sport atterrisse sur cet espace pollué par des corrompus et corrupteurs qui menacent la couronne de ce sport ? La question chottée depuis l'étranger ne semble pas trouver de répondant. Ce qui ne fait que confirmer la naissance de ces paris sportifs un peu partout à travers le monde. L'Algérie n'a certainement pas besoin d'un pareil coup de salve au moment où la lutte contre ce phénomène s'accélère pour l'étouffer à tout jamais. Pour sa part, la Fédération algérienne de football (FAF) a annoncé avoir collaboré «pleinement» avec le Département Intégrité (Integrity) de la FIFA dans ce dossier. «Suite aux révélations sur les médias de l'affaire des sept personnes de nationalité française arrêtées sur des paris suspects sur le match de championnat de Ligue 1 Mobilis de la saison 2017-2018 opposant le DRB Tadjenanent à l'Entente de Sétif, la FAF informe l'opinion sportive nationale qu'elle a collaboré pleinement dans ce dossier avec le Département Intégrité (Integrity) de la FIFA en fournissant toutes les informations et données nécessaires y afférentes», a détaillé l'instance fédérale sur son site officiel (ndlr : lire en page 23). Le football algérien retrouverait-il sa triste place après le dernier scandale de corruption vite exploité par France Football et L'Equipe ? L'allure prend l'effet d'un phénomène qui s'installe depuis l'étranger, et ce, depuis quelques temps et qui menace de s'imposer en Algérie à la faveur d'un terrain presque vierge. Une affaire qui continue à faire du bruit.