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Conditions du dialogue contre termes du débat
Publié dans La Nouvelle République le 21 - 05 - 2019

La dernière intervention du Vice-ministre de la défense est bien plus importante par ce qu'elle ne révèle pas que par ce qu'elle exprime. Elle laisse entrevoir des débats, au sein de l'institution militaire, pleins d'arrière-pensées qui recoupent certaines problématiques intrinsèquement liées aux nécessités du dialogue, soulevées dans le monde civil, avec au moins autant de non-dits que ceux portés en correspondance au sein de la société militaire. Il en est ainsi du langage et des difficultés qui sont les siennes à transcrire fidèlement des idées sophistiquées, rendues illisibles par des éléments de situations politiques multiples qui amplifient les quiproquos, voire rendent impossible tout espoir de lisibilité.
Il s'agit de deux hommes, deux amis, qui rentrent dans un café populaire, tout juste après l'adhan en ce mois sacré de Ramadan. L'un d'entre eux commande deux « cafés bien serrés » alors que le second va s'attabler et pose négligemment son haut de survêtement sur l'une des deux chaises. Le premier, revient du comptoir, les deux cafés à la main et alors qu'il s'apprête à s'asseoir, son ami voyant son survêtement posé sur la chaise qui lui fait face dit : « Attends, mon survêtement ! » et de se lever pour l'enlever. Le second le regarde interloqué et lui glisse. « Mais je ne suis pas sale ! ». S'ensuit un débat qui n'en finit pas entre les deux hommes qui dure cinq bonnes minutes, pour enfin se défaire, d'une situation d'une extrême banalité mais qui transcrit, la complexification véritablement impressionnante que peut prendre une simple scène de la vie réelle face aux impasses du langage oral et à celles des expressions corporelles dans une configuration situationnelle qui pourtant ne devrait pas procéder, objectivement, à de tels développements. Que dire alors des postures des différents acteurs politiques civils et militaires dans un moment de crise institutionnelle, à l'image de ce que vit aujourd'hui le pays, marquée par un débat autour de la Constitution et de son respect qui renvoi à des objectifs à peine voilés de disqualifications politiques des adversaires en compétition, sur fond d'enjeux sécuritaires et de redistribution de la rente sans même compter un Hirak dont la puissance ne cesse d'étonner ? Les termes du dialogue que veulent poser les partis politiques d'opposition, certaines personnalités nationales, les associations, tournent tous autour du fait de savoir s'il faut ou non rester dans un cadre constitutionnel pour entamer de manière effective la transition démocratique du pays. Pour le général de corps d'armée Gaid Salah, « la mise en place d'une instance indépendante pour l'organisation et la supervision des élections présidentielles » est le véhicule idoine aux fins de sortir de la crise politique actuelle car elle permet d'éviter, le vide constitutionnel qui ouvrirait la voie à une discorde telle que les ingérences étrangères ne seront plus une vue de l'esprit. Si d'aventure une telle situation de vide constitutionnel advenait, parmi les questions qui seront propices aux déchirements sans fin, se trouvera sans aucun doute possible, la nature des élections, présidentielles, législatives ou constituantes avec pour chacune de ces options, des déversements idéologiques en multiplication hyperbolique, comme la situation qu'eurent à affronter nos buveurs de café, vers des horizons d'incertitudes en ordre croissant. Les termes du dialogue politique… Pour l'ANP, "la tenue des élections présidentielles permettra d'éviter de tomber dans le piège du vide constitutionnel et tout ce qui s'en suivra comme dangers et dérapages aux conséquences désastreuses, ce qui exige des enfants dévoués de l'Algérie, jaloux de la notoriété de leur patrie et des intérêts de leur pays et sa place parmi les nations, d'adhérer à cette démarche décisive pour l'avenir du pays". Cette position forte de l'ANP est autant un conseil avisé qu'une mise en garde à son corps défendant. Elle indique en creux que l'Armée n'hésitera pas à aller vers la déclaration de l'Etat d'exception (ce qui n'est absolument pas à l'ordre du jour mais qui reste dans le cadre des éventualités que l'on ne saurait écarter) et donc aux transferts de toutes les prérogatives des civils vers les militaires si la crise politique venait à prendre une ampleur qui mettrait en danger la stabilité du Pays, même si cela devait, malheureusement porter atteinte « à sa notoriété ….et sa place parmi les Nations ». Et pour bien se faire comprendre, semble-t-il par une Présidence d'Etat atone et visiblement en-dessous de ses responsabilités historiques, presque complice par son inertie ( ?), le Ministère de la Défense plaide pour « l'accélération de la prise des mesures adéquates pour la mise en œuvre de ce mécanisme constitutionnel, considéré comme l'outil juridique idoine pour préserver la voix de l'électeur et donner une crédibilité aux élections". Et le Chef d'Etat-major précise même, la nature des garanties qu'il offre par « la création et l'installation de l'instance indépendante pour l'organisation et la supervision des élections", le mot « indépendante » étant bien entendu le plus lourd de signification politique et ce sur quoi devrait, au sens de l'ANP, porter l'approfondissement des discussions « à l'étape actuelle », car il s'agit de procéder de manière ordonnée avec pour objectif premier la densification des mécanismes transitionnels constitutionnels dont l'instance indépendante pour l'organisation des élections serait le barycentre, vers des élections présidentielles démocratiques, en attendant d'autres réformes à venir et qui seront de l'initiative, cette fois, de la direction légitime du Pays qui sortirait de ce processus. Mais ce qui est, fortement affirmé dans l'intervention du Chef de l'armée, c'est le sens qui est donné aux yeux des militaires, au refus des mécanismes constitutionnels de la transition ouverts par l'article 102, perçu comme « une profonde haine quant à tout effort de développement réalisé par nos Forces armées sur tous les plans" et donc …y compris dans le domaine strictement militaire ! Faut-il comprendre qu'il a existé au sein du Haut Commandement, une tendance, exprimée par certains de ses officiers de hauts rangs, relayée par des hauts fonctionnaires civils qui considèreraient les développements strictement militaires de l'ANP comme néfastes ? C'est en tous cas ce qui est donné à comprendre lorsque le Chef d‘Etat-Major désigne du doigt « ceux dont le ressentiment envers l'Armée et son Commandement a atteint un tel degré qu'ils sont véritablement contrariés par toutes ces étapes de développement que notre Armée a franchies sur plus d'un plan". …contre les termes d'un débat militaire. De quels débats strictement militaires s'agissait-il ? Le développement d'une couverture aérienne très puissante avec l'acquisition de système PMU S-300, l'achat en cours d'appareils technologiquement avancés comme les Sukhoi S35, révélé en fin d'année dernière par un magazine italien, au moment de la signature du renouvellement des contrats gaziers avec ce pays, des systèmes d'une intégration nationale de la défense anti-aérienne Polyana D4 M1, du développement des forces sous-marines, de la mise en place de radars de très longues portées ? Est-ce le reflet de luttes qui recoupent des pressions internationales américaines et françaises ou plus prosaïquement des postures différentes mues par les dynamiques cachées, de fractions sociales différentes au sein de la Direction militaire, dans leur rapport à la captation de la rente pétrolière, dont l'une considèrerait au fond que les couts de l'appareil militaire sont prohibitifs au vu des missions premières qui lui sont assignées de sécurisation de la rente, alors que l'autre ne conçoit la défense, ses frais financiers afférents et donc les ponctions rentières qui lui sont concomitantes que dans le cadre plus élargi de la défense de la Patrie ? Si tels sont les termes du débat, on peut sans peine imaginer le niveau de tensions qui en découlent et la surdétermination idéologique extrêmement puissante portée par les enjeux sécuritaires internes et régionaux, des lors que ces mêmes fractions ont « démontré par ces positions qu'ils sont les ennemis de toute démarche salutaire même si elle est en faveur du pays, car leur parcours professionnel témoigne qu'ils n'ont rien donné à cette Armée, pour la simple raison qu'ils se sont affairés à réaliser leurs intérêts personnels étroits, loin de ce que leur dicte leur devoir national envers l'Armée et la Nation ». Du coup le débat sur la réalisation de la transition démocratique au sein ou en dehors du cadre constitutionnel prend un éclairage nouveau et recoupe d'autres questions en lien avec la captation des rentes pétrolières par des directions militaires défaites, ayant une autre vision de la sécurité nationale réduite à celle de la rente, « des têtes de bande » et leurs alliés au sein de la haute fonction publique « ceux-là mêmes que les enquêtes persévérantes et approfondies en cours, ne manqueront pas de dévoiler dans l'avenir et seront eux aussi sanctionnés de manière juste et équitable par la force de la loi". Les conditions du dialogue politique qui occupent la scène publique nationale se superposeraient-il aux termes d'un débat militaire et sécuritaire au sens large, sous tendu par des enjeux de captation de la rente, entre des directions militaires ayant eu des visions diamétralement opposées ? Est-ce là, le sens profond qu'il faut donner à une nouvelle « mise en garde avec la plus grande rigueur » qu'adresse Gaid Salah en affirmant que « l'Etat algérien est fort par ses lois, son peuple et son Armée, qui forment un rempart solide pour protéger cette chère patrie, des complots de ceux qui veulent, sans scrupule aucun, enliser l'Algérie dans des méandres aux conséquences inconnues" ? Et comme preuve de la sincérité de sa démarche, le vice-ministre de la défense nationale n'hésite pas à tenir en témoin le Peuple et son Hirak en invoquant "l'importance des résultats obtenus dans la lutte contre la corruption dans notre pays qui constitue une revendication forte parmi les revendications populaires persistantes ». Et de surenchérir que "les résultats réalisés jusque-là dans le domaine de la lutte contre la corruption constituent une des exigences fondamentales des Algériens fidèles, loyaux et jaloux de leur patrie, des résultats qui vont dans la bonne direction, en harmonie avec la fédération des efforts et la convergence des visions entre l'Armée et le peuple". Mais si le dernier communiqué de l'armée a pour immense mérite d'éclairer, même de façon voilée, la complexité d'une situation aux aspects multidimensionnels, il reste cependant flou sur les
partenaires du dialogue qu'il souhaite promouvoir. En jetant l'opprobre sur toute démarche visant à sortir un tant soit peu des systèmes transitionnels strictement constitutionnels, comme l'initiative de Ahmed Taleb Ibrahimi, Rachid Benyelles et Ali Yahia Abdenour tend à le faire (qui pourrait douter de la sincérité de telles figures nationales !), le chef de l'ANP se prive de marges de manœuvre à même de soumettre, ne serait-ce que sur le plan tactique, la dynamique de ses adversaires les plus concernés par l'alliance objective qu'il s'est proposé de dénoncer qui joue contre les intérêts de l'armée et de la Nation. Il sera vain de chercher dans le Hirak « un niveau raisonnable et suffisant d'organisation et d'encadrement efficace pour faire émerger de vrais représentants qui se distinguent par leur sincérité et intégrité pour transmettre les revendications légitimes de ces marches, en leur évitant toute forme d'anarchie et de tomber dans le piège de l'infiltration par des individus ayant des plans suspects » car le Hirak, au même titre que le Peuple, est un concept qui ne peut ni se convoquer ni se révoquer. Si nous pouvons pleinement adhérer à la démarche prudente de l'ANP, de partager la transition en deux parties, la première consacrée uniquement aux mécanismes de la transition vers de nouvelles présidentielles et la seconde se concentrant après les élections seulement sur les questions d'ordre constitutionnelles, il nous semble nécessaire de donner, lorsque le moment sera venu, quelques libertés ou en d'autres termes quelques garanties, aux considérations tactiques, aux fins d'obliger toute la classe politique d'opposition à s'engouffrer dans les voies de la sortie de la crise institutionnelle pour rentrer dans celles des solutions de nos futurs. Lorsque le renard demande au Petit Prince (d'Antoine de Saint Exupéry) de l'apprivoiser, dans le Chapitre XXI de ce conte philosophique, il lui indique la manière de le faire. « Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe. Je te regarderai du coin de l'œil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près… ». Le Renard étant décidément un grand philosophe il ajouta ce conseil au Petit Prince : « Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé ».


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