Des pétitionnaires sur le Sahara occidental, auditionnés jeudi par la quatrième commission de l'ONU chargée de la décolonisation, ont réaffirmé le droit inaliénable du peuple sahraoui à l'indépendance, appelant les Nations unies à accélérer la tenue d'un référendum d'autodétermination dans la dernière colonie d'Afrique. M.Daniel Dart, de l'organisation DEC Projects, qui est intervenu au débat général de la commission qui se tient à New York, a regretté «le silence et la passivité de l'ONU» face à ce conflit vieux de plusieurs décennies. «Vous êtes face à une guerre et vous restez les bras croisés», a déclaré Daniel Dart devant la commission avant d'appeler à la signature d'une lettre qu'il a rédigée pour l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental. De son côté, Mohamed Ali Arkoukou, de l'organisation Familles déplacées, a appelé à «faire entendre la voix des Sahraouis». La situation coloniale dans le territoire non autonome du Sahara Occidental est imputable, selon lui, à «l'incapacité de l'ONU de faire appliquer un référendum d'autodétermination» mais également aux blocages exercés par la France et le Maroc. M.Arkoukou a estimé que la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso) «ne fait que servir les intérêts de la monarchie alaouite alors que le peuple sahraoui est malmené au quotidien par le colon marocain». «Nous sommes un peuple occupé, mais condamnons la manière avec laquelle le Conseil de sécurité traite cette question», a lancé le pétitionnaire. Prenant la parole au cours de ce débat, Mula Ahmed, de la «Sahrawi Association in the United States», a déploré l'absence de liberté d'expression au Sahara occidental et le maintien de l'occupation marocaine. «Il s'agit d'une question de droit international, d'autodétermination et de la capacité de l'ONU de faire respecter ses propres résolutions», a-t-il affirmé. Il faut que l'envoyé personnel du secrétaire général puisse avoir l'autorité de faire respecter les résolutions du Conseil de sécurité, a exigé Mula Ahmed, saluant au cours de son intervention l'initiative des Etats-Unis de limiter le renouvellement du mandat de la Minurso à des périodes de six mois. Mme Fatematu Jatri Emhamed, de Peace and Justice Center à Decorah, Iowa, a plaidé pour une solution politique pacifique et pour le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. La militante a déploré l'incapacité de la quatrième commission à faire appliquer ses propres résolutions faute de coopération du Maroc, critiquant également «le soutien de la France au Maroc et l'inaction de l'ONU». Mme Vanessa Ramos, de l'American Association of Jurists, a pointé du doigt l'exploitation illégale des ressources naturelles du Sahara occidental par le Maroc, estimant qu'il est de la responsabilité de l'ONU de réaffirmer et de combattre l'existence de toute forme de colonialisme, y compris celui exercé par le biais d'une exploitation économique «incompatible avec la Charte des Nations unies». Face à ces pratiques et aux violations des droits du peuple du Sahara occidental, y compris les détentions arbitraires, la pétitionnaire a exhorté l'ONU à protéger effectivement les droits culturels, sociaux, civiques, politiques et économiques du peuple sahraoui, appelant le Maroc à mettre fin à ses activités militaires dans la région, conformément aux résolutions pertinentes de l'Assemblée générale. Le président du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui, Said Ayachi, a affirmé pour sa part que le peuple sahraoui «vivait une tragédie immense et une injustice violente et intolérable». Le pétitionnaire a ajouté que 27 ans après la création de la Minurso, le référendum d'autodétermination n'a toujours pas eu lieu, à cause des manœuvres dilatoires et de l'arrogance des autorités marocaines. Said Ayachi a demandé l'élargissement du mandat de la Mission à la surveillance des droits de l'homme afin de protéger les Sahraouis, exhortant, par ailleurs, l'ONU à accélérer la tenue d'un référendum d'autodétermination. S'exprimant au cours de ce débat général, Mme Maria Ines Miranda Navarro, de l'Association internationale des juristes pour le Sahara occidental, a critiqué le «silence incompréhensible» de la quatrième commission sur ce dossier se disant également étonnée du silence de l'Espagne, puissance coloniale qui parle de Gibraltar mais pas du Sahara occidental. «Le peuple sahraoui a été divisé, enfermé, maltraité, ses droits à l'autodétermination et à la souveraineté bafoués, tandis que les responsables (de cette situation) vivent en toute impunité», a déploré la pétitionnaire.