Le gouvernement algérien a demandé le 04 décembre 2019 à Sonatrach de faire jouer le droit de préemption vis-à-vis de Total. Un droit de préemption est un droit légal ou contractuel accordé à des personnes privées ou publiques d'acquérir un bien par priorité à toute autre personne et ce lorsque le propriétaire manifeste sa volonté de le vendre. Si le bénéficiaire décide de préempter, il le fait aux conditions financières demandées par le vendeur. En cas de désaccord persistant, le «juste prix» est alors déterminé par une autorité judiciaire internationale impartiale. Rappelons Occidental Petroleum (OXY) a annoncé le 08 août 2019 la conclusion effective de son acquisition d'Anadarko Petroleum dans le cadre d'une transaction évaluée à 55 milliards de dollars, incluant la prise en charge de la dette d'Anadarko, le portefeuille d'actifs d'Anadarko faisant désormais officiellement partie d'Occidental. Dans le sillage de l'opération principale, OXY devrait céder, en 2020, tous les actifs d'Anadarko en Afrique au Français Total pour 8,8 milliards de dollars. L'opération s'est effectuée en vertu de l'accord engageant entre les deux groupes en vue de l'acquisition des actifs du groupe pétrolier américain Anadarko en Algérie, Ghana, Mozambique et Afrique du Sud. L'ensemble de ces actifs représente environ 1,2 milliard de barils de réserves prouvées et probables, dont 70% de gaz, ainsi que 2 milliards de barils de ressources long terme de gaz naturel au Mozambique. Total a annoncé déjà finalisé l'acquisition de la part de 26,5% que détenait Anadarko Petroleum dans le projet Mozambique LNG (Gaz naturel liquéfié), pour un montant de 3,9 milliards de dollars (3,56 milliards de dollars). Pour les actifs algériens concernés par la transaction. Il s'agit du rachat des blocks 404a et 208 et une participation de 24,5% dans le bassin de Berkine (champs de Hassi Berkine, Ourhoud et El Merk) dans lesquels Total détient déjà 12,25%. Les actifs d'Anadarko en Algérie représentent environ 260 000 barils par jour, soit plus de 25% de la production nationale de brut estimée à un million de bpj. Total est une grande multinationale et acheté les parts d'actions en Bourse, pas seulement pour l'Algérie mais pour une part de pays africains. C'est que la politique socio –économique du pays fonctionne sur les schémas du passé ignorant les profondes mutations tant économiques qu'énergétiques mondial. Sonatrach aurait du être attentive aux mutations énergétiques et pour éviter les aléas bureaucratiques du droit de préemption devait se présenter en Bourse comme le font les grandes sociétés notamment russes, chinoises et ceux du Moyen Orient. Elle vit encore que le mode d'une gestion administrée comme le montre la perte de maints procès au niveau international avec des pertes se chiffrant en millions de dollars Toutefois, tel que prévu dans la nouvelle loi des hydrocarbures, l'Algérie étant souveraine dans ses décisions, Sonatrach peut faire valoir le droit de préemption, en accord avec Total dans une totale transparence. Sonatrach devra avoir les moyens de financement dans sa négociation avec Total et le cours d'achat ne sera pas forcément celui au moment où Total aura acheté mais au cours du marché. Avec une chute importante en volume physique entre 2008/2019, la perte de parts de marché notamment en Europe où existe une forte concurrence, il s'agira d'éviter les effets pervers en influant négativement sur des partenariats gagnant- gagnant avec l'étranger, Sonatrach n'ayant pas avec les nouvelles technologies la maitrise dans ce secteur stratégique, fondement d'ailleurs de la nouvelle Loi. Sonatrach, devra tenir compte des conditions tant de la rentabilité des gisements que de sa situation financière qui détermine toute la situation financière du pays, procurant avec les dérivées environ 98% des recettes en devises. Sonatrach, irrigue toute l'économie algérienne influant sur le niveau des réserves de change en baisse vertigineuse, le taux de croissance et de l'emploi qui est actuellement fonction essentiellement de la dépense publique. Avec le cours actuel fluctuant entre 59/62 dollars les recettes de Sonatrach ne devraient dépasser 32/33 milliards de dollars fin 2019 et certainement 2020 dont on devra soustraire 20/25% de cout pour avoir le profit net restant entre 24/25 milliards de dollars à a la fois pour s'autofinancer (elle a prévu 60 milliards de dollars entre 2019/2022) et financer le reste de l'économie. En résumé, les lois économiques étant insensibles aux slogans politiques, afin d'éviter à l'avenir de prendre des mesures conjoncturelles sans vison stratégique, donnant un mauvais signe pour les partenaires étrangers, il y a urgence d'une nouvelle politique énergétique globale rentrant dans le cadre de la stabilité juridique, d'une loi organique de la transition énergétique, et d'un nouveau management stratégique qui font cruellement défaut tant au ministère de l'Energie qu'à Sonatrach. Abderrahmane Mebtoul Professeur des universités, expert international