Tous les regards se rivent ces deux derniers jours sur Alger et sur son approche diplomatique pour parvenir à régler politiquement la crise libyenne. En restant à équidistance des deux parties belligérantes, l'Algérie affirme son soutien au règlement pacifique de la crise libyenne et tente de convaincre le nouvel allié du gouvernement de l'union nationale (GNA), la Turquie de ne pas intervenir militairement dans la région afin d'éviter le déclenchement d'une nouvelle guerre civile et faire souffrir la population. Cette position fait montre de la disposition conciliante de l'Algérie pour parvenir à un compromis entre toutes les parties du conflit libyen qui commence à prendre une tournure dangereuse menaçant la stabilité de toute la région, y compris celle de l'Algérie. C'est dans ce cadre que s'inscrivent les deux visites inopinées du Président du Conseil présidentiel du Gouvernement de l'union nationale (GNA) libyen, Fayez El-Serraj et du ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu visant à examiner les derniers développements de la situation en Libye. Consciente des conséquences et des répercussions d'une nouvelle guerre en Libye, l'Algérie essaie de maintenir le calme et surtout de protéger ses frontières et sa souveraineté nationale, sachant que le jeu géopolitique dans cette zone recèle d'autres intérêts que certaines parties et parrains des milices des deux camps libyens tentent de sauver, au risque de provoquer une guerre civile. Ces mêmes parties qui ont aggravé la situation en ordonnant avec l'aval de l'OTAN d'attaquer le pays en 2011 et mettant le pays à sang et à feu. Dès lors la rivalité entre les deux parties belligérantes les renvoient à la division du pays qui a poussé les libyens à se réfugier et à quitter leur patrie dans la douleur. C'est un scénario qu'Alger tente d'éviter estimant que l'armement de nouveaux combattants en Libye annoncerait une nouvelle guerre contre la population libyenne. Fidèle à sa position concernant la situation en Libye, la diplomatie algérienne à pied d'œuvre pour régler le conflit estime qu'en réalité, la situation ne s'est jamais calmée si ce n'est que des trêves durant lesquelles chaque partie et ses alliés renégociaient les stratégies de leur offensive. Une guerre sans fin qui échappe à l'Otan et à l'Onu qui franchissent des étapes inutiles et qui n'ont jamais parvenu à résoudre la crise si ce n'est d'étendre la zone du conflit dans le Sahel. Toutes les tentatives de paix ont échoué. Les violences sont allées crescendo en Libye et le risque d'une escalade militaire se confirme si la Turquie lance son offensive après le déploiement de ses troupes dans le pays. Ce qui serait irréversible et rendrait la mission de l'Algérie impossible et celle du conseil de sécurité de l'ONU, également. Visiblement, le compte à rebours àacommencé, cependant pour ne pas se confronter à d'autres forces d'opposition et des représailles, la Turquie a envoyé son ministre des affaires étrangères à Alger, M. Cavusoglu pour une visite de deux jours afin de discuter « des derniers développements de la situation en Libye et les moyens à mettre en œuvre pour transcender la crise actuelle et faire éviter les conséquences lourdes d'une aggravation de la situation pour le peuple libyen frère, mais aussi pour les pays du voisinage et tout l'espace méditerranéen et africain et même au-delà», selon l'APS. Participer à la résolution du conflit libyen, l'Algérie regagnera sa place diplomatique sur l'échiquier mondial, après presque un an d'inactivité et d'hibernation politique. Toutefois, il est utile de rappeler que la mission de l'Algérie n'est pas facile vu la complexité de la crise libyenne ainsi que les politiques étrangères qui manœuvrent pour faire perdurer le conflit, sous la couverture de l'ONU qui laisse faire et ferme les yeux sur tous les dépassements signalés par des observateurs et des experts internationaux et même des militants pour les droits de l'Homme. D'ailleurs, l'aggravation de la situation en Libye depuis 2011, montre des violations de l'embargo sur les armes imposé par l'ONU. L'Algérie a, à cet effet, appelé l'ONU à faire face à ses responsabilités. A l'heure où l'Algérie tente de trouver une issue à la crise, des violences éclatent en Libye et les médias libyens évoquent la prise de contrôle de la base militaire d'As-Saadi, de certains quartiers de la ville et s'avancent à présent vers le centre-ville par les unités de Khalifa Haftar. Selon, le média El-Jazeera, «les troupes du GNA mènent les combats contre les forces de Haftar qui tentent de s'approcher de la ville de Syrte. Nous confirmons que les troupes de Haftar se sont emparées de la base militaire de Kardabia au sud de la ville et essayent d'atteindre le centre-ville». Ce qui signifierait que les soldats turcs peuvent intervenir à tout moment. La question est, l'Algérie pourra-t-elle parvenir à apaiser la situation et maintenir le calme dans la région ?