Le silence des autorités françaises sur les centaines de milliers d'Algériens massacrés en 1945 et au cours de la Guerre de libération nationale entre 1954 et 1962, a été déploré par l'historien français Olivier Le Cour Grandmaison. A la veille de la commémoration du 75ème anniversaire des massacres du 8 mai 1945 en Algérie, commis par la France coloniale, cet historien spécialiste des questions de citoyenneté sous la Révolution française et des questions en relation avec l'histoire coloniale, a regretté, dans une contribution publiée sur son blog, «le silence de la France sur ces massacres», précisant que les «descendants de ces victimes attendent toujours la reconnaissance de ces crimes» par la France. En ce sens, il a relevé que «ni François Hollande (ex-président de la République française), ni Emmanuel Macron (actuel Président) ne se sont engagés dans cette voie», rappelant à cet effet que Macron avait déclaré, au cours d'un voyage en Algérie en tant que candidat à l'élection présidentielle (février 2017), sur une chaîne de télévision privée algérienne, que «la colonisation était un crime contre l'humanité». Comme ses prédécesseurs, une fois installé à l'Elysée, Macron «s'est bien gardé de réitérer ses dires», a commenté M. Le Cour Grandmaison. Il a toutefois relevé que Macron avait admis en 2018 que le jeune mathématicien et militant du Parti communiste algérien, Maurice Audin est mort en 1957 sous la torture du fait du système institué alors en Algérie par la France», regrettant que «cet acte majeur n'a été suivi d'aucun autre de la part de Macron. Il a ainsi estimé qu'il s'agit d'une «classique tactique» consistant à «céder sur un point pour mieux préserver l'essentiel». Relevant que le président français Emmanuel Macron adopte une politique «disruptive», il a encore rappelé que le Conseil de Paris avait adopté à l'unanimité en 2015, un vœu dans lequel les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata sont qualifiés de «crimes de guerre» et de «crimes d'Etat. Selon cet historien, l'ouverture de toutes les archives et la création d'un lieu du souvenir à la mémoire des victimes sont également demandées, précisant qu'à Marseille, une plaque rappelant ce qui s'est passé en Algérie, a été apposée en juillet 2014, et à Givors, un square à la mémoire des victimes des massacres du 8 mai 1945 a été inauguré grâce à la persévérance d'une élue au Conseil municipal, Amelle Gassa. «Des avancées locales significatives et courageuses d'un côté, la pusillanimité, le déni et le mépris toujours reconduits de l'autre», a-t-il encore commenté. Dans le même contexte, Le Cour Grandmaison a ajouté que l'ambassadeur de France en Algérie, Hubert Colin de Verdière, avait évoqué en 2005 à Sétif, «une tragédie inexcusable», puis son successeur, Bernard Bajolet, en visite à Guelma, avait souligné, trois ans plus tard, «la très lourde responsabilité des autorités françaises de l'époque dans ce déchaînement de folie meurtrière» qui a fait des milliers de victimes innocentes. Il a ajouté, en citant les propos de Bernard Bajolet, que «ces massacres sont une insulte aux principes fondateurs de la République française» et ont «marqué son histoire d'une tache indélébile». «Depuis, aucune déclaration des plus hautes autorités de l'Etat n'est venue confirmer ces propos, a-t-il commenté. Toujours dans le même contexte et comparant la France aux autres anciennes colonies ayant reconnu les crimes perpétrés dans leurs possessions respectives, il a considéré qu'elle (la France) est « en retard », citant ainsi l'Allemagne pour le génocide (1904) des tribus Hereros et Namas dans les territoires du Sud-Ouest africain (actuelle Namibie) et de la Grande-Bretagne pour les massacres commis pour écraser le soulèvement des Mau-Mau au Kenya, dans les années 1950.