Un vibrant hommage a été rendu à l'artiste peintre allemande, Bettina Heinen Ayach, décédée le 7 juin à l'âge de 82 ans, par l'ambassadeur d'Algérie à Berlin, Nor-Eddine Aouam, qui a salué la mémoire d'une artiste «dont l'œuvre témoigne de ce lien fusionnel qu'elle a tissé avec l'Algérie et son peuple». Dans un message de condoléances adressé à la famille, l'ambassadeur relève la valeur artistique des peintures de Bettina Heinen Ayach, «aquarelles aux couleurs chatoyantes et gorgées de lumière, à l'image de l'Algérie à laquelle elle s'est profondément attachée», immortalisant la région de Guelma où elle a longtemps vécue avec feu son mari Abdelhamid Ayach. Née à Solingen le 3 septembre 1937, Bettina Heinen dont le père est journaliste, poète et dramaturge a évolué dès l'enfance dans un environnement ouvert sur l'art. Manifestant vers l'âge de 12 ans l'envie de devenir artiste peintre, elle est prise sous l'aile d'Erwin Bowien, célèbre peintre et ami de la famille. Il sera son mentor. En 1955, Bettina Heinen montre pour la première fois ses œuvres au public qui s'en trouve enchanté. Encouragée à poursuivre dans cette voie mais surtout à garder cette touche qui fait la particularité de sa peinture, elle va intégrer la Munich Art Academy puis la Royal Danish Academy of Art de Copenhague où elle acquiert un solide bagage académique. Grande voyageuse, elle séjourne en Suisse, en Norvège ou au Caire. Cependant, sa vie prend un tournant décisif à Paris, puisqu'elle y rencontre celui qui deviendra son époux, Abdelhamid Ayech qu'elle épousera et avec lequel elle s'installera à Guelma à partir de 1963. Sa fille Diana voit le jour en 1961, suivie de Haroun en 1969. N'ayant jamais arrêté de peindre, elle trouve dans ce nouvel environnement, une belle inspiration. Les œuvres de Bettina Heinen-Ayech, peintes à Guelma sont parmi les plus belles. En 1976, elle décroche le Grand Prix de la ville d'Alger, suivi en 1993 du Prix culturel de la Fondation communautaire Solingen à Baden. En 2006, elle est à nouveau honorée par l'Algérie. Deux grandes rétrospectives lui sont consacrées, la première en 1992, au Musée national des Beaux-Arts et la seconde en 2004, toujours à Alger. Adepte de couleurs chamarrées et vives, Bettina Heinen-Ayech a donné aux paysages de Guelma une vie éternelle à travers ses toiles. «La montagne sud, la Mahouna, ses champs, captivent tous mes sens et préservent mes fantasmes. Je peins cette région au printemps, tandis que le vert des champs à pois rouges – coquelicots – brille dans tous ses tons, loin du vert dense de l'Europe, en été lorsque ses pics bleus et violets s'élèvent au-dessus du merveilleux or de ses champs de blé ; en hiver quand le rouge de la terre a une puissance incroyable si difficile à représenter !» Bettina est décédée, dimanche 7 juin à Munich, à l'âge de 83 ans.