L'Observatoire «Western Sahara Resource Watch» (WSRW) a dénoncé jeudi la reprise des exportations du poisson congelé du Sahara occidental vers les ports des pays d'Afrique de l'Ouest, et réaffirmé que ce commerce «contribue directement à prolonger» l'occupation illégale par le Maroc de la dernière colonie d'Afrique. «Deux mois se sont écoulés depuis le début de la saison de pêche d'automne au large du Sahara occidental. Désormais, les entreprises importatrices des pays du golfe de Guinée ont recommencé leurs achats problématiques. Le commerce contribue directement à prolonger l'occupation illégale par le Maroc de la dernière colonie d'Afrique», a dénoncé l'ONG. «Mardi, un navire frigorifique dit «Reefer» transportant du poisson congelé est arrivé à Tema, au Ghana, avec une cargaison importante. D'autres cargaisons ont été débarquées dans les ports d'Abidjan, Monrovia, Lomé, Matadi et Pointe-Noire au cours des dernières semaines. Le cinquième navire de la saison a quitté le territoire le 3 octobre», a fait savoir WSRW. Au total, environ 28.000 tonnes de poisson auraient pu être exportées hors du Sahara occidental sur les cinq navires depuis le début de la nouvelle saison de pêche fin juillet. A titre de comparaison, les réfugiés du Sahara occidental, qui ont fui le territoire suite à l'invasion et à l'occupation illégale de leurs terres par le Maroc, reçoivent chaque année moins de 1.000 tonnes de conserves de poisson dans le cadre de l'aide humanitaire», d'après les chiffres de l'ONG. Selon l'observatoire, le principal marché pour le poisson congelé sont les pays situés le long de la côte ouest-africaine, du Libéria au nord à la République démocratique du Congo (RDC) au sud. L'ONG a, en outre, déploré le fait que le poisson congelé transporté à bord des navires provient de chalutiers de l'UE opérant au Sahara occidental «en violation d'un arrêt de la Cour de justice de l'UE qui a déclaré que l'accord de pêche UE-Maroc ne peut pas être appliqué au Sahara occidenta». Les navires concernés sont les : Fishing Success (numéro OMI 9121091, battant pavillon letton), Kapitan Morgun (numéro OMI 9120308, pavillon letton) et Ieva Simonaityte (numéro OMI 8607218, pavillon lituanien), selon les détails fournis par WSRW. Pour rappel, la CJUE a jugé que le Maroc et le Sahara occidental sont deux territoires distincts, relevant de souverainetés distinctes, soulignant également dans son arrêt qu'«il ne peut y avoir aucune exploitation économique au Sahara occidental sans le consentement du peuple sahraoui». Et le Front Polisario a, maintes fois, déclaré qu'il prendrait «toutes les mesures juridiques possibles pour garantir les droits fondamentaux du peuple sahraoui et protéger ses ressources naturelles», et donc toutes les sociétés étrangères qui ont l'intention de mener des activités commerciales au Sahara occidental, «sont obligés de communiquer avec le Front Polisario, car c'est la seule partie qui a le mandat légal de négocier les ressources du peuple sahraoui conformément au droit international».