La visite effectuée à Alger les 6 et 7 janvier par le sous-secrétaire d'Etat américain adjoint pour le Proche-Orient et l'Afrique du Nord, David Schenker, a accru le manque de visibilité de la position des Etats-Unis concernant la question de la décolonisation du Sahara occidental. Il s'agit de savoir si la prochaine administration américaine va annuler la décision du Président Donald Trump de reconnaître la marocanité de ce pays considéré comme la dernière colonie en Afrique par la communauté internationale. «Chaque administration a la prérogative de définir sa politique étrangère», a affirmé David Schenker, jeudi à Alger. «Pour nous, seul le dialogue politique entre le Maroc et le Front Polisario autour du plan marocain d'autonomie est en mesure de résoudre définitivement ce conflit», a-t-il indiqué. Cette position va à contre- courant du consensus international établi sur le Sahara occidental, et de l'action de l'ONU, de l'Union africaine (UA) et d'autres institutions internationales, en vue d'organiser, sans délai, un référendum d'autodétermination pour le peuple sahraoui, en accord avec les décisions des Nations unies. La nouvelle administration Biden fera-t-elle preuve de l'impartialité exigée par les défis actuels ? C'est ce que l'Algérie attend des Etats-Unis, a déclaré notre ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum. Plusieurs indices laissent penser que l'Administration Joe Biden pourrait remettre en cause la décision unilatérale en faveur du Maroc, que Donald Trump a prise alors qu'il était évident que quelques semaines après il ne serait plus le président des Etats-Unis. Dernièrement, le chercheur et analyste américain, Doug Bandow, également ancien assistant spécial du Président Ronald Reagan, cité par l'agence Sahara Press Service, a qualifié l'annonce de Trump à propos de la reconnaissance de la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental de «véritable agression», prévoyant le retour de la Direction de Biden à la position initiale de Washington. «La déclaration de Trump ne change pas la nature de la cause sahraouie selon le droit international», a écrit le chercheur dans un article publié par des médias américains. Et d'affirmer que «personne au monde ne reconnaît la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, tandis que ce pays, membre à part entière de l'Union africaine, a gagné la reconnaissance de plusieurs pays». Le monde «se souviendra de cette position qui émane plutôt de la direction de Trump que d'un changement dans la politique américaine, et qui constitue, instinctivement, une source de doute». On sait que dans le dossier du Sahara occidental, et particulièrement concernant le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, la position de l'Algérie et celle de la Russie, convergent parfaitement. En novembre dernier, dans un entretien accordé à Radio Internationale Algérie, l'ambassadeur de Russie en Algérie, Igor Beliaev, a réaffirmé la position de son pays concernant le «droit du peuple sahraoui à l'autodétermination», et ce, à travers l'organisation d'un référendum libre et transparent «conformément aux résolutions internationales de l'Assemblée Générale des Nations unies et le Conseil de sécurité». Le dossier du Sahara occidental venait d'être minutieusement examiné lors d'un entretien téléphonique entre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et son homologue algérien, Sabri Boukadoum. Notons qu'en même temps que le sous-secrétaire d'Etat américain adjoint pour le Proche-Orient et l'Afrique du Nord, la secrétaire aux Forces aériennes américaines, Barbara Barrett, a fait également une visite officielle de deux jours à Alger à la tête d'une importante délégation militaire. Le paysage international fait ressortir une perte d'influence des Etats Unis dans le monde au profit de la Chine et de la Russie. Pour Mathieu Arès, professeur à l'école de politique appliquée de l'Université de Sherbrooke et chercheur au Centre d'études sur l'intégration et la mondialisation de l'Université de Québec (toutes deux à Montréal), cité par l'agence Sputnik, Biden prend le relais de Trump, dans un contexte extrêmement tendu d'émeutes à Washington. «Il y a d'énormes cassures au plan social interne aux Etats-Unis», fait-il constater. Son impression : les premières années de Biden vont tellement être occupées par l'agenda national qu'on ne verra pas de grandes avancées dans le domaine de la politique étrangère.