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Les voix critiques font face à des campagnes de diffamation
Maroc
Publié dans La Nouvelle République le 30 - 01 - 2021

Des dizaines de voix critiques du roi du Maroc ont fait face à des campagnes de diffamation, rapporte vendredi, The Economist, citant le journaliste Fouad Abdelmoumni, un militant marocain des droits humains.
Selon l'hebdomadaire britannique, des responsables de l'entourage du roi Mohammed VI ont tenté de couvrir Abdelmoumni de honte pour le faire taire, révélant qu'ils ont réussi à avoir accès à des enregistrements intimes de lui dont ils ont transmis des séquences sur les téléphones de ses proches. Citant ce militant, très au fait de la situation des droits de l'homme au Maroc, The Economist souligne que des dizaines de voix critiques du roi «ont fait face à des campagnes de diffamation similaires». Depuis 2019, le régime a jugé et emprisonné trois éminents journalistes pour «délits sexuels, y compris pour viol». Le mois dernier, après l'arrestation de l'un de ses amis par la police, M. Abdelmoumni a brisé le silence et a révélé la tentative du gouvernement de le faire chanter. «Je suppose que je suis maintenant sur la liste des détenus», s'inquiète-t-il. Les médias inféodés au Makhzen, présentent ces arrestations comme des victoires pour le mouvement Me too au Maroc. D'ailleurs, plusieurs femmes qui ont témoigné contre ces journalistes ont reconnu avoir fait de faux témoignages et l'une d'entre elles a même été emprisonnée. L'hebdomadaire britannique relève que depuis les soulèvements du printemps arabe de 2011, «des magazines indépendants et des site web hésitaient, à l'image de Telquel.ma ou Lacom, à parler des dépenses personnelles du roi ou de ses liens présumés avec les trafiquants de drogue». Aujourd'hui, la situation a changé, constate The Economist qui évoque la pression imposée aux médias marocains. «Le Mekhzen a pesé de son poids sur les annonceurs pour faire baisser les revenus des médias, des journalistes ont été jetés en prison», poursuit l'hebdomadaire qui ajoute que même si les peines de prison pour délit de presse ont été abolies, le Mekhzen continue à «emprisonner les journalistes pour des motifs n'ayant pas de lien avec leur métier». The Economist évoque le cas d'une policière à EL Jadida, dont le salaire a été gelé après avoir porté plainte pour harcèlement contre son supérieur hiérarchique en 2016, le beau-frère de l'officier objet de la plainte étant le chef de la sécurité du royaume Abdelatif Hammouchi. La même année, le roi a provoqué un tollé lorsqu'il a payé les services d'une pop star marocaine poursuivie pour viol en France. Le magazine cite également l'armée de sites favorables au régime et l'armée de trolls engagés pour relayer les gros titres favorables au roi. «Le site Barlamane est dirigé par un ancien ministre de l'intérieur», signale la même source. «Ils ont tué la presse indépendante», déplore Aboubakr Jamai, fondateur du site Lakome qui s'est installé à l'étranger après la fermeture d'un premier site mis en ligne lorsqu'il était encore au Maroc. Le magazine britannique s'est attardé également sur des décisions largement critiqués au Maroc telles que la normalisation des relations avec l'entité sioniste ou l'incapacité manifeste de tenir la promesse faite aux Marocains de garantir rapidement à tous les citoyens le vaccin contre la Covid-19.
Un activiste sahraoui des droits de l'Homme arrêté à Es-Smara occupée
Les autorités marocaines ont arrêté vendredi l'activiste sahraoui des droits de l'Homme, Mohamed Bamba Daf dans la ville occupée d'Es-Smara, sous prétexte d'un avis de recherche local lancé en 2013. Selon le site d'information «Sloan Media», l'arrestation de Mohamed Bamba Daf serait «une méthode habituelle exercée par l'occupant pour intimider les militants», estimant que «la décision d'arrestation, illégale et totalement infondée, serait un règlement de compte et une vengeance des militants, activistes et journalistes sahraouis». L'activiste a mené, rappel-t-on, une série de protestations dans la ville d'Es-Smara où un fort dispositif de sécurité a été déployé en vue d'ouvrir un dialogue avec lui et écouter ses revendications, ce qui réfute l'existence d'un quelconque avis de recherche à son encontre. Depuis le 13 novembre 2020, date à laquelle la guerre a repris entre les forces marocaines et l'armée sahraouie suite à la violation éhontée du cessez-le-feu, une forte série d'arrestations à l'encontre de civils sahraouis, notamment les activistes des droits de l'Homme et les journalistes a été menée par les autorités de l'occupant. Le Maroc a normalisé ses relations avec l'entité sioniste en
contrepartie de territoires qu'il ne saura garder
Le Maroc a normalisé ses relations avec l'entité sioniste en contrepartie de territoires au Sahara occidental dont il ne jouit d'aucune souveraineté, qu'il ne saura garder et qu'il perdra au profit du Front Polisario, le représentant légitime et unique du peuple sahraoui, a estimé l'analyste libanais, Nacer Kandil. Dans un entretien accordé à la chaine libanaise «Al Manar» rapporté vendredi par «El Portal diplomatico», Nacer kandil s'est interrogé sur la raison qui a conduit les dirigeants du Maroc à renoncer à la question palestinienne, sacrée pour le peuple marocain, «en contrepartie de l'obtention du territoire (Sahara occidental) qu'ils ne sauront garder». «Même s'ils ne détiennent pas le pouvoir de prise de décision à la place du peuple sahraoui, les Etats-Unis ont offert au Maroc, sur papier et de manière artificielle, sa souveraineté (présumée) sur les territoires sahraouis pour détruire le royaume de l'intérieur, le peuple marocain étant connu pour son soutien à la question palestinienne», a ajouté le même intervenant. En acceptant ce «vil» marchandage, «le Roi du Maroc, Mohamed VI est tombé en proie et se retrouvera entre deux conflits simultanés, à savoir le retournement de son peuple contre lui et la perte du Sahara occidental au profit du Front Polisario, le représentant légitime du peuple sahraoui», poursuit l'analyste. Et de qualifier le deal de la normalisation de «trahison dangereuses à l'égard de la question palestinienne» par le souverain marocain qui, a-t-il dit, a réfléchi de manière «totalement superficielle».
L'opposant marocain, Maati Mondjib condamné à un an de prison
L'historien et défenseur des droits humains marocain, Maati Mondjib, a été condamné mercredi à un an de prison pour «fraude» et «atteinte à la sécurité de l'Etat» dans une affaire qui remonte à l'année 2015 et au moment où il est en détention préventive depuis le mois de décembre. L'opposant qui s'est illustré, notamment en accusant les services de sécurité de «terroriser les journalistes et les opposants en général», a été condamné lors d'une audience à Rabat à laquelle ni lui, ni ses avocats n'avaient assisté, a expliqué l'un d'eux au journal Le Monde. Les avocats de M. Mondjib n'ont pas été informé que «le verdict allait tomber», mercredi, a expliqué au quotidien français, Me Abdelaziz Nouyadi. C'est à partir d'un site du ministère de la Justice accessible aux avocats que le jugement a été connu dans une affaire où six autres journalistes et militants des droits humains marocains ont été condamnés. Maati Mondjib a été placé en détention préventive, le mois dernier, après des accusations de «blanchiment d'argent» en rapport avec la gestion d'un centre créé par l'intellectuel marocain afin de promouvoir le journalisme indépendant. Amnesty international a appelé, mardi, à la libération « sans condition » de Maati Mondjib dénonçant une campagne pour restreindre le droit à la liberté d'expression dans le royaume. «Les autorités marocaines doivent libérer immédiatement et sans condition le défenseur des droits humains Maati Monjib et abandonner toutes les accusations portées contre lui, y compris celles qui découlent d'un précédent procès en cours depuis 2015, en relation avec son travail sur la liberté d'expression», a indiqué l'ONG dans un communiqué. Amnesty International estime que «les accusations portées contre lui sont liées à des activités protégées par le droit à la liberté d'association qui ne justifient ni poursuites ni placement en détention». Par ailleurs, Amna Guellali, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Amnesty International a précisé que «depuis qu'il a donné une interview à un média de premier plan dans laquelle il critiquait les services de renseignement marocains qui répriment les opposants politiques, Maati Monjib, a subi le harcèlement de la police et subit aujourd'hui un procès pour l'exemple».


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