La bataille d'Imzi, qui s'est déroulée sur les monts d'Aïn Sefra (Naâma) en mai 1960, est considérée comme l'un des crimes contre l'humanité les plus ignobles perpétrés par l'armée coloniale, du fait qu'elle avait utilisé des armes interdites, notamment le napalm, dans ses vaines tentatives de réprimer, d'isoler et d'encercler les moudjahidine de l'ALN, a souligné le professeur d'histoire Merine Brahim. La résistance des éléments de l'ALN, en dépit de leur nombre réduit et du peu de matériel dont ils disposaient lors de cette bataille, qui a eu lieu du 6 au 8 mai 1960, était unique dans son genre. «Elle est l'un des événements historiques notables dans le processus de la lutte du peuple algérien pour le recouvrement de son indépendance et de sa liberté», ajoute le chercheur Merine, spécialisé dans l'histoire de l'Algérie contemporaine à l'université «Tahri Mohamed» de Bechar. Le chercheur souligne que de nombreux crimes contre l'humanité, non moins infâmes, ont été perpétrés par le colonisateur français aux quatre coins du pays, ajoutant que ces crimes ont constitué les axes de nombreuses recherches et études précises, notamment dans le but de rechercher des sources, de collecter des témoignages et les transcrire. Merine Brahim rapporte plusieurs témoignages historiques de moudjahidine de la zone 8 de la wilaya historique V, dévoilant les crimes abominables commis par l'armée française contre le peuple algérien isolé, qui défendait sa terre et son honneur comme il pouvait, avec des armes modestes. A ce propos, le chercheur indique que le chahid Alouani Slimane Ould Mâamar est l'un de ces dizaines de moudjahidine tombés au champ d'honneur lors de la bataille d'Imzi, après que leurs corps aient été brûlés et complètement carbonisés, suite aux bombardement au napalm et l'utilisation de munitions interdites au niveau international, notamment l'utilisation de gaz toxiques déversés par les avions de l'armée de la colonisation sur cette région montagneuse aux reliefs difficiles, et ce dans le but de réprimer et d'exterminer les moudjahidine de l'ALN. Le chercheur ajoute que d'autres moudjahidine ont connu des déformations physiques, dont Belâam Mohamed dit «Belbaki», Abderahmane Hedjira, Benahmed Abdelghani, Abdelghani Okbi, Berinis Mohamed, ainsi que d'autres moudjahidine sur lesquels les avions déversaient leurs chargements d'armes de destruction. «Les traces et les séquelles de ces crimes sont encore visibles de nos jours sur l'homme et la nature», a-t-il rappelé. Des corps calcinés par le napalm Dans le témoignage de l'un des acteurs de la bataille d'Imzi, le moudjahid Eddine Bekheira indique «l'armée colonialiste n'a pas cessé de nous bombarder au napalm. Les avions en déversaient partout de manière aléatoire pour nous encercler et nous resserrer. Ces actes sont des crimes abjects et des réalités douloureuses qu'on ne peut oublier, ni effacer des crimes imprescriptibles et que les générations actuelles doivent connaître». Le moudjahid poursuit son témoignage d'une voix empreinte d'émotion par le souvenir de ces abominations, indiquant que «l'odeur infecte du napalm s'est collée à nos corps, alors que nous observions les dépouilles de nos compagnons d'armes en train de se consumer dans un spectacle que les années ne peuvent effacer de nos mémoires». Le chercheur revient aux événements de la bataille, indiquant qu'à l'aube du 6 mai 1960, l'ennemi a commencé à encercler la zone avec des forces considérables et a commencé le bombardement de Djebel Imzi par hélicoptères. Parallèlement, les troupes au sol avançaient, mais la persévérance et les bonnes positions des éléments de l'ALN a permis d'éliminer un grand nombre de soldats de ces troupes, durant les premières heures de la bataille. Le jour suivant, la bataille a repris avec un bombardement intense sur les hauteurs du djebel, qui se sont transformées en brasier, alors que les bombes au napalm, accompagnées de gaz toxique, se déversaient sur le djebel comme de la pluie, ajoute le chercheur, selon les témoignages de moudjahidine qui ont participé à cette bataille. «Ce que le colonialisme français a commis nécessite d'être criminalisé et obliger la France à reconnaître ses massacres, en violation des conventions internationales», souligne le chercheur. Les traces monstrueuses de ces armes interdites sont encore visibles chez les moudjahidine, notamment des déformations et des brûlures du troisième et quatrième degrés sur leurs corps, ainsi que la perte de grandes superficies de terres agricoles, notamment dans la zone des «Aures», au sud et les monts Djurjura, des zones ciblées par ces armes de destruction durant les années de la guerre de libération nationale, ajoute le professeur Merine. Djebel Imzi arrosé par le sang des martyrs Le même chercheur a relevé que le rapport militaire officiel français sur la bataille d'Imzi, signé par le colonel Dosaz, commandant du secteur militaire colonial d'Aïn Sefra, «n'était pas crédible» en ce qui concerne les pertes des troupes françaises, ni dans le type d'armes interdites utilisées par l'armée coloniale (napalm et gaz toxique), et ce selon des témoignages de soldats français qui ont écrit sur la bataille, en plus de ceux des moudjahidine de l'ALN. Le professeur Merine, qui a effectué des dizaines de recherches historiques sur la résistance contre le colonisateur dans le sud oranais, ajoute que les témoignages des moudjahidine ayant participé dans cette bataille ont décrit les faits avec précision. Il indique que la bataille a eu lieu suite à des préparatifs intensifs du commandement de la zone 8 pour pénétrer au fond du territoire national et essayer de s'établir loin de la bande frontalière, selon un plan de réorganisation du passage et d'intensifier la gestion de la guerre. Il a été également question de renforcer la communication entre les responsables de la guerre, notamment après la mort du colonel Lotfi, commandant de la zone 8, en compagnie du commandant Ferradj, lors de la bataille de Bechar le 27 mars 1960. Djebel Imzi s'étendant vers une autre chaine de montagnes dans le sud-ouest du pays, à l'instar de «Merghad», «Chamarikh», «Bouâmoud» et «Aïssa», était une importante citadelle pour les bataillons de l'ALN, selon le chercheur, ajoutant que le djebel a connu des dizaines de batailles, d'embuscades et d'affrontements. En outre, les fidaïs de l'ALN ont semé des mines sur le sol du djebel, ce qui a répandu la confusion chez l'ennemi qui y pénétrait avec prudence, indique M. Merine, ajoutant que Djebel Imzi a son lot de martyrs qui ont irrigué ses terres de leur sang.