Les autorités marocaines ferment les yeux sur la culture du cannabis (ou kif, une fois séché) dans les montagnes du nord du Maroc où cette plante, cultivée en famille, «pousse comme du chiendent» et est même devenue «source de revenu essentielle» pour les Rifains, écrit le magazine français mensuel GEO, citant des géographes et des chercheurs. «On l'appelle ici kif, de l'arabe kayf, «plaisir», lorsqu'on le fume mélangé à du tabac noir», raconte Abdellatif Adebibe, président de la confédération des associations de Sanhaja du Rif, une importante coalition de tribus berbères, cité par le magazine. Depuis sa maison familiale juchée à 1.800 mètres d'altitude sur les flancs du mont Tidirhine (nord), Abdellatif Adebibe résume : «Ici, c'est le point culminant du massif du Rif, pays du cèdre et du kif». Pour sa part, un cultivateur qui a souhaité garder l'anonymat de Ketama, commune située dans la province d'al-Hoceima, assure : «Le cannabis est la seule plante qui daigne pousser ici». «Le seul à avoir jamais réussi à interdire le cannabis ici, c'est Abdelkrim el-Khattabi, l'illustre chef de guerre qui avait établi, entre 1921 et 1926, une éphémère République du Rif», explique de son côté, le géographe français Pierre-Arnaud Chouvy, spécialiste de la géopolitique des drogues, cité par GEO.