Le rythme d'évolution de la finance nationale est actuellement insuffisant pour répondre aux enjeux des secteurs économiques ainsi que celui de la mise en œuvre du Plan de la relance économique qui n'a pas eu le soutien financier souhaitable à cause de la crise sanitaire et la chute des cours du pétrole qui ont fortement affecté les finances publiques, déjà souffrantes. C'est grâce à l'intensité des mesures d'urgence prises par les autorités et la Banque d'Algérie (BA) que le «naufrage financier» a été évité, permettant ainsi au Gouvernement de remettre en perspectives ses objectifs initiaux, fixés dans ce plan de relance, qui devra désormais tenir compte du chemin parcouru par le secteur financier depuis 2017 (actionnement de la planche à billets) pour se remettre sur pied, tout en étant à l'avant-garde. Lors d'une rencontre entre la Banque d'Algérie et les banques et établissements financiers, avant-hier, le gouverneur de la Banque d'Algérie, Rosthom Fadli est revenu sur la politique monétaire mise en œuvre pour sauver les banques nationales en crise de liquidité et maîtriser l'offre de la monnaie. Mais aussi soutenir le dinar en chute libre depuis plusieurs mois. Sa valeur a glissé « en moyenne durant les 11 premiers mois de l'année 2021, de 6,21% contre le dollar américain par rapport à la même période de l'année précédente où les cours enregistrés étaient de 134,7387 USD/DZD en 2021 et de 126,3681 USD/DZD en 2020, alors que face à l'euro, le dinar algérien s'est déprécié de 10,38 % en termes de moyenne des 11 premiers mois de 2021 par rapport à la même période de l'année précédente où les cours enregistrés sont de 160,0275 EUR/DZD en 2021 et de 143,4207 EUR/DZD en 2020 », a indiqué M. Fadli. Un taux aussi supérieur à celui planifié dans la LF 2021 qui prévoit une baisse annuelle du taux de change du dinar de 5%. Cette dépréciation aura un impact conséquent sur la valeur des réserves de changes, hors or, qui ont, selon le gouverneur de la BA atteint « 44,724 milliards de dollars à fin septembre 2021 grâce à un fort recul du déficit de la balance commerciale », soit grâce à la baisse des importations et la hausse des exportations. Selon le même intervenant, « la valeur totale des exportations des hydrocarbures a enregistré une forte hausse de 57,3 %, passant de 14,868 milliards de dollars à fin septembre 2020 à 23,387 milliards à fin septembre 2021 », précisant que « le déficit de la balance commerciale est passé de 10,504 milliards de dollars à fin septembre 2020 à 1,571 milliard de dollars à fin septembre 2021 ». Cependant, malgré la contraction du déficit de la balance des paiements les 11 premiers mois de l'année, le déficit budgétaire devrait augmenter, selon les prévisions de la LF 2022, à plus de 4 100 milliards DA à cause de la forte hausse des dépenses publiques. D'où la mise en place de nouvelles mesures d'urgence pour soutenir les investissements et l'économie nationale afin d'accélérer la transition économique et le rétablissement des équilibres financiers et économiques. C'est l'objectif des mesures macroprudentielles prises par la BA qui a affecté 2.100 milliards de dinars pour le refinancement des banques commerciales en crise de liquidité. Cette affectation a aidé à améliorer la liquidité globale des banques qui « est passée de 632,3 milliards de dinars à fin décembre 2020 à 1.485,6 milliards de dinars à fin novembre 2021», selon les chiffres communiqués par M. Fadli, expliquant cette amélioration par les mesures d'allègement « des dispositions prudentielles prises pour desserrer l'étau autour des banques et établissements financiers en crise. Toutes ces mesures ont été aussi prises dans l'objectif de réduire le taux de l'inflation qui a dépassé 9% au mois d'octobre 2021, en raison de la hausse des prix à la consommation et les prix de production qui se heurtent depuis le début de la crise sanitaire au problème d'approvisionnement en matières premières. C'est aussi la raison du maintien de la BA de sa politique monétaire. Le gouverneur de la Banque d'Algérie a dressé un bilan en demi-teinte de l'année financière 2021. Des chiffres plutôt inquiétants qui font que certains des objectifs fixés en 2019 peuvent paraître aujourd'hui difficiles à réaliser. C'est un défi de taille à relever dès 2022 par les autorités qui disent « prêtes à faire bouger les lignes en prenant en compte les mutations économiques et les imprévus ».