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Ramadhan, mois de la surconsommation et du gaspillage
Traditions musulmanes
Publié dans La Nouvelle République le 13 - 04 - 2022

Le paradoxe est saisissant ! Le mois de Ramadhan, mois d'abstinence et de transcendance est pourtant devenu le mois de la surconsommation et du gaspillage. Dans la quasi-totalité des pays musulmans, le mois de Ramadhan rime désormais avec hausse considérable des dépenses, consommation effrénée, gaspillage, festivités musicales nocturnes dites islamiques. Autant de maux en parfaite contradiction avec la philosophie islamique du Ramadhan et son sens profond. Devant un tel non-sens, il est grand temps de corriger l'erreur d'aiguillage qui a mené à ces dérives, si loin de la véritable finalité du Ramadhan.
Le ramadan n'échappe plus au piège de la société de consommation, et devient une belle période d'opportunité commerciale.
Dans la conception néo- libérale de la société, toute occasion est bonne pour mieux vendre et inciter les individus à consommer davantage. Même le jeûne du mois de ramadan, acte de dévotion, de transcendance et de dépassement par rapport à nos instincts, est désormais pris au piège de la sacro-sainte doctrine néo-libérale du tout marché. Il est devenu un rendez-vous majeur dans l'agenda des plans marketing des grandes enseignes commerciales, particulièrement de l'industrie alimentaire.
Dans la plupart des pays musulmans, difficile durant cette période d'échapper au matraquage publicitaire de ces entreprises, affichant ostensiblement des produits alimentaires (plats cuisinés, bouillons, laits...) avec l'estampillage d'usage «Ramadan Moubarak !». Ces annonces commerciales conçues spécialement pour le ramadan semblent avoir plus de résonnance auprès de la population. En fait, le sentiment de faim occasionné par le jeun aiguise les appétits et rend les jeûneurs plus audibles aux messages subliminaux des annonceurs. Cette association d'idée « ramadan-consommation » est un non-sens total et une trahison de l'esprit du ramadan !
Le mois béni de ramadan l'est devenu surtout pour les grandes enseignes de la distribution, qui pour l'occasion aménagent des rayons de produits alimentaires « Spécial Ramadan », pris d'assaut par des consommateurs, dont la propension à l'achat est dopée par le jeun. Au Sénégal, un responsable d'une chaîne de distribution révèle que durant cette période « la hausse de la consommation des familles est spectaculaire, le chiffre d'affaires réalisé lors du ramadan est comparable à celui des fêtes de Noël (hausse de 50% par rapport à la période normale)... ». Ce constant désolant est pourtant observable dans la plupart des foyers musulmans. Au Maroc, le Haut Conseil du Plan (HCP) révèle qu'en 2016, pendant le ramadan, les dépenses alimentaires ont augmenté de 37%. En Tunisie, selon les statistiques de l'Institut National de la Consommation (INC), la consommation de tous les produits alimentaires de base augmente durant le ramadan : +60% pour la consommation de sucre, +41% pour la viande de volaille, +420% pour la consommation de thon !
En France, selon les résultats d'une étude menée par le cabinet Solis, les dépenses alimentaires des ménages musulmans augmentent de 30% durant le mois de ramadan.
Il est vrai que durant ce mois, l'élan de générosité et de partage est plus marqué. Ce qui peut occasionner un surplus de dépenses qui se comprend parfaitement. Mais ce qui est en cause ici, c'est cette tendance consumériste de nos sociétés qui s'accentue durant le ramadan et qui occasionne souvent des gaspillages très importants.
Le mois du Ramadhan... mois du gaspillage alimentaire
Cette tendance à la surconsommation a pour conséquence directe le gaspillage, car une bonne partie des provisions alimentaires finit à la poubelle, puisque les quantités achetées sont souvent supérieurs aux besoins réels. Selon le rapport de l'organisation France Nature Environnement, « (...) en Algérie, pendant le ramadan, sur les 10 millions de quintaux de légumes achetés pendant cette période, 500 000 seront jetés à la poubelle ; de même que les baguettes de pain dont 120 millions sur 4,1 milliards achetées seront jetées aux ordures ou encore pour les 12 millions de litres de lait sur 150 millions achetés. En Bahrein, plus de 40% des aliments préparés chaque jour pendant le ramadan pourraient finir à la poubelle».
Est-il encore nécessaire de rappeler que le gaspillage est formellement proscris par le Coran : « (...) Et ne gaspille pas indûment, car les gaspilleurs sont les frères des démons... ». Sourate 17 verset 26/27 ou encore « (...) Mangez et buvez, mais ne gaspillez point ! Car Allah n'aime pas les gaspilleurs ». Sourate 7 verset 31.
Soirée Ramadhan et festivals
Une nouvelle tendance notée pendant le mois de ramadan est l'organisation de soirées, de concerts ou de festivals de musique culturels ou religieux durant le ramadan. Baptisé tantôt « layaali ramadan » en Tunisie, « Nuit du ramadan » à Paris, « festival salam » au Sénégal, ou « Nuits blanches du ramadan » en Algérie, ces manifestations culturelles participent et renforcent la perception du ramadan comme une période festive et récréative. Or nulle part dans le livre saint ou dans la tradition du prophète (PSL) et des pieux ancêtres, le mois de ramadan est assimilé à une fête. Bien au contraire, dans la pure tradition musulmane, les nuits du ramadan sont consacrées à la dévotion, aux tarâwih (prières surérogatoires faites pendant les nuits du ramadan), compte tenu des mérites et bénédictions inestimables que cela comporte. Dans un hadith rapporté par Boukhari et Mouslim, le Prophète Mouhamed (PSL) dit « Quiconque passe les nuits du ramadan en prière avec foi et espérant la récompense [auprès d'Allah], verra ses péchés antérieurs pardonnés ».
Renouer avec le sens véritable
du jeûne
Dans son sens étymologique le « siyam » (action de jeuner) a une double acception. Il renvoie à l'idée « d'arrêt, d'abstinence », mais aussi «d'élévation». S'abstenir de manger, de boire, transcender ses désirs, maîtriser sa langue afin de s'élever spirituellement pour atteindre la piété, tel est le sens profond du jeûne en islam.
Le jeûne du mois du ramadan est le quatrième des cinq piliers de l'islam. Il fut prescris dans la seconde année de l'hégire par la révélation du verset 183 de la sourate « Ô vous les croyants ! On vous a prescris le jeûne [As-Siyam] comme on l'a prescris à ceux qui vous ont précédé, ainsi atteindriez-vous la piété ». C'est aussi le mois de la révélation du Coran « le mois de Ramadan au cours duquel le Coran a été descendu comme guide pour les gens et preuves claires de la bonne direction et du discernement». Sourate 2, verset 185. Les mérites de ce mois sont inestimables. C'est le mois de la miséricorde, du pardon, et de la bénédiction. Dans un hadith rapporté par Boukhari, le Prophète (PSL) a dit : « Quiconque jeûne le mois de Ramadan avec foi en espérant la récompense divine, ses péchés antérieurs lui seront pardonnés ».
Le jeûne est un acte d'adoration de haute portée dont l'unique but est d'obtenir la satisfaction de Dieu. C'est une pratique qui cultive chez l'individu la maîtrise de soi, le dépassement, et l'éveil spirituel. C'est une école qui nous forme à l'endurance, à l'autodiscipline, et à la générosité, qualités essentielles pour atteindre la piété, finalité véritable du jeune.
Le jeûne inculque aussi chez son adepte la tempérance et la modération dans les désirs. Il est le contraire de la surconsommation, du gaspillage et de l'idéologie consumériste !
Dans notre contexte, jeûner, c'est dire non à ceux qui veulent réduire l'homme à sa simple fonction de consommateur et de producteur dont l'unique but est la maximisation de son utilité.
Un jeûne bien compris et bien appliqué ne peut pas s'accommoder de gaspillage alimentaire, ou de soirées festives
Par Thierno Mouhammed Said Diop


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