Le processus de recouvrement de la souveraineté nationale devait se poursuivre pour se parachever le 24 février 1971, date de la décision de nationalisation des hydrocarbures. Un acte de confirmation de l'indépendance de l'Algérie et une distanciation définitive par rapport à l'emprise néocoloniale, dont l'Algérie, Etat émergeant au sein des nations indépendantes et leader international du non-alignement, est un des plus farouches adversaires. Aujourd'hui, à 52 ans de distance temporelle de l'événement qui avait défrayé les chroniques française et internationale à l'époque, l'Algérie continue de cueillir les fruits des constantes de sa politique énergétique souverainiste, poursuivant le processus de développement d'un secteur qui a de tout temps porté tous les efforts de développement social et économique du pays. Les défis que connaît le secteur des hydrocarbures sont multiples à l'aval et à l'amont des processus de production et de commercialisation, alors que ses acteurs industriels nationaux font face aux défis de la transition énergétique dont l'Algérie, pays-continent aux potentialités inégalées, devra être à l'avenir une partie prenante essentielle. Plus encore que les défis de la transition, ceux qu'impose une planète tourmentée, désormais, perméable aux conflits militaires globaux qui avaient fait vaciller le monde durant la première moitié du 20e siècle, dictent des adaptations et un affinement de la gouvernance à l'international de l'Algérie qui aillent dans le sens de la préservation des intérêts bien compris de notre pays, loin des télescopages bipolaires guerriers que l'hégémonisme occidental tente de remettre au goût du jour. Sujet d'inquiétude, mais également une opportunité pour se redéployer sur le marché énergétique mondial, le conflit russo-ukrainien (il va plus loin que ce duel), démarque notre pays comme un interlocuteur fiable et un partenaire durable en matière énergétique. Qu'il s'agisse du fournisseur d'énergie fossile qui n'a jamais failli à ses engagements ou du partenaire nouvellement arrivé dans le champ des énergies nouvelles et renouvelables qui cherche des relations gagnant-gagnant avec des partenaires technologiques et détenteurs de savoir-faire en la matière. Les changements stratégiques que notre pays a opérés, qui pouvaient ne pas valoir préservation des intérêts du pays, il y a vingt ans, s'avèrent aujourd'hui – autres temps autres mœurs –, hautement salutaires pour un secteur vital pour l'avenir du pays, qui favorisent l'optimisation durable de nos richesses en hydrocarbures et reportent les horizons du déclin des réserves prouvées. Cela, tout en permettant à l'énergie d'aujourd'hui et ses rentrées en devises de financer l'énergie de demain et de financer, surtout, le rôle qui sera celui de notre pays, en sa qualité de futur fournisseur d'énergie pour une grande partie de l'Europe. Cela dit, il ne faut pas perdre de vue que cette date hautement symbolique, si elle resitue les enjeux par rapport à la place des secteurs stratégiques dans la structuration de notre devenir en tant que collectivité sociale, n'en n'est pas moins – toujours symboliquement – un moyen de nous rappeler que rien de bien ne saurait venir d'ailleurs, sinon, d'abord, de nous-mêmes. Lorsque lucides et forts de convictions profondément ancrées dans notre histoire moderne, nous prenons les bonnes décisions qui garantissent, avant tout, notre capacité à prendre les décisions à venir. C'est cela la souveraineté.