La Banque d'Algérie (BA) s'est concentrée ces dernières années sur les vulnérabilités, les dysfonctionnements et les risques qui ont affecté le système financier du pays, aujourd'hui, mis à l'épreuve par les effets durables de la pandémie et l'inflation chronique, en analysant son évolution et encourageant sa transformation numérique. Une transition essentielle pour sécuriser le réseau bancaire contre les risques d'une cyberattaque, pour soutenir la croissance économique, l'investissement et améliorer la qualité de vie des citoyens. A cet égard, le Gouverneur de la Banque d'Algérie (BA), Salah Eddine Taleb, a précisé que «le projet de loi relatif à la monnaie et au crédit répondait aux exigences de la transition numérique et à l'utilisation massive des technologies, et constituait la base fondamentale permettant de garantir un développement économique harmonieux et rationnel». Il a affirmé, lors de son exposé, avant-hier, devant la Commission des finances et du budget de l'Assemblée populaire nationale (APN), que cette nouvelle réglementation vise, entre autres, la création d'un climat d'investissement sain et en mesure de répondre aux exigences des investisseurs algériens et étrangers, tout en préservant la souveraineté financière du pays. «C'est l'une des lois fondatrices de l'économie et du système financier qui fixe les principes fondamentaux régissant le fonctionnement du système bancaire, sa gouvernance, les procédures du contrôle interne et les règles de gestion des risques auxquels il fait face», a-t-il indiqué, insistant sur «l'impératif de suivre le rythme de la nouvelle dynamique reposant sur l'économie du savoir et le numérique, et de s'ouvrir à de nouveaux acteurs pour se mettre au diapason des nouvelles orientations et des nouveaux besoins du consommateur en termes de prestations financières». Il a évoqué, dans cette optique, l'extension des prérogatives du Conseil de la monnaie et du crédit qui viennent en réponse aux défis économiques et financiers actuels et qui se chargera, désormais, de «l'organisation de l'activité des nouveaux acteurs, à l'instar des banques numériques, des banques d'investissement et des prestataires des services de paiement et de la mise en place des règles d'organisation pour leur développement», a précisé M. Taleb. «L'élargissement des prérogatives du Conseil de la monnaie et du crédit vise à lui permettre d'accompagner les mutations que connaît la scène bancaire et d'organiser l'action des nouveaux acteurs sur la scène bancaire en les autorisant à exercer les activités qui leur sont confiées», a-t-il expliqué, assurant que l'objectif de ces mesures est «de renforcer, en premier lieu, la gouvernance de la BA, du Conseil de la monnaie et du crédit et de la Commission bancaire qui sera, également, chargée superviser et de contrôler l'ensemble des établissements soumis à la loi sur la monnaie et le crédit». Proposition de création d'une Commission de stabilité financière Le gouverneur de la BA est revenu, à l'occasion, sur la proposition de créer «la Commission de stabilité financière avec une composante élargie à toutes les instances du secteur financier dans le cadre des missions assignées aux banques centrales depuis la crise financière mondiale de 2008, étant un mécanisme préventif pour faire face aux crises financières et les gérer lors de leur survenue», a-t-il plaidé, citant, dans ce sillages, les nouvelles dispositions introduites dans ce projet de loi en faveur du développement de la finance durable et de l'inclusion financière. La transformation numérique vise, principalement, la limitation et même la fin de l'utilisation de l'argent comptant, à travers la généralisation du paiement électronique et la création d'une monnaie digitale (Dinar numérique). Un projet auquel réfléchit la Banque d'Algérie. Des pays africains ont déjà exploré cette piste. L'Algérie ne voudrait surtout pas rater ce virage numérique décisif. «Le texte permettra à la BA d'émettre une forme numérique de monnaie appelée le dinar numérique algérien», a indiqué M. Taleb expliquant que cette «mesure devait préserver et consolider le rôle de la Banque centrale en tant qu'autorité monétaire». En conclusion, la révision de la loi relative à la monnaie et le crédit devrait contribuer à mieux gérer les vulnérabilités du système financier algérien et permettre de renforcer sa résilience et de soutenir la stabilité financière du pays pour, notamment, attirer plus d'investissements nationaux et étrangers et ainsi encourager la diversification économique et faire face aux chocs extérieurs.