Dans son rapport de 2022, la Cour des comptes avait pointé la faible performance économique et financière des entreprises publiques économiques qui ont pourtant bénéficié d'importants soutiens financiers de l'Etat, ces dernières décennies. L'inefficience économique des entreprises publiques déficitaires n'a pu être réglée par la tentative de leur privatisation qui s'est avérée un échec total dont les séquelles de cette stratégie sont encore visibles. Le Gouvernement refuse de recourir à la facilité et à privatiser les sociétés étatiques en difficulté, en mettant en place un programme de relance des entreprises industrielles espérant réduire, sur le long terme, son assistant financier. La réalité est toute autre, l'Etat actionnaire reste très protecteur des entreprises publiques en difficulté. Ceci s'inscrit dans le cadre de la reconstruction de la souveraineté économique du pays. «L'Etat n'abandonnera jamais les entreprises publiques», l'Etat soutiendra et accompagnera avec les moyens disponibles ces entreprises… Tant d'expressions qui démontrent le degré d'implication et d'attachement de l'Etat au développement du secteur industriel public. Pour rappel, l'ancien ministre de l'Industrie, Ahmed Zeghdar avait recensé 51 entreprises publiques industrielles en crise, nécessitant un assainissement financier et une remise à niveau pour améliorer leur gouvernance, leur gestion, leur productivité et rentabilité. L'Etat a déboursé « près de 250 milliards de dollars pour soutenir le secteur public marchand sur les 25 dernières années », avait indiqué, auparavant, l'ancien ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la prospective, Mohamed-Cherif Belmihoub. En dépit du soutien financier de l'Etat, plusieurs entreprises publiques peinent à redémarrer et comptent toujours sur les aides publiques pour payer leurs charges, ce qui n'est plus « tolérable », avait indiqué M. Zeghdar, à l'époque. Il avait proposé, alors, a création d'une caisse publique chargée de gérer les contributions de l'Etat, exigeant la traçabilité des aides de l'Etat qui insiste, ces trois dernières années, sur l'importance de l'investissement et de la prise de risque afin de redonner de l'élan aux différents secteurs économiques et industriels, tout en bénéficiant d'un accompagnant régulier de l'Etat qui offre une issue possible à ces entreprises qui doivent évoluer, défiant leurs contraintes, en profitant des multiples réformes structurelles, sectorielles et financières mises en œuvre dans le cadre de la relance économique. Il est prévu au cours de cette année l'achèvement du programme de relance des 51 entreprises publiques dont le nombre s'élève à 34. Le sort de ces entreprises dépend toujours des subventions de l'Etat. Le gouvernement avait pour rappel lancé un audit global, il y a plus d'un an dans tous les groupes en vue d'y évaluer la gouvernance et le niveau de performance avant d'établir un plan de relance spécifique à chaque entreprise. L'entreprise publique Eniem de Tizi-Ouzou a bénéficié d'un plan d'évaluation permettant aux autorités qui ont pointé sa mauvaise gestion de prendre les mesures nécessaires à sa relance. Cette entreprise spécialisée dans l'électroménager constitue un gouffre financier pour l'Etat et nécessite, désormais, une reconfiguration profonde pour pouvoir la remettre sur les rails, préserver les emplois et la sauver de la faillite. Les tentatives de relance de cette société étaient vaines, mettant à mal l'Etat, toujours dans l'obligation de la secourir financièrement. Il exclut, toutefois, sa recapitalisation. Il fait partie du patrimoine industriel de l'Etat tout comme le complexe sidérurgique Sider d'El Hadjar, situé dans la wilaya d'Annaba, un symbole de l'industrie lourde dans le pays. Ce complexe n'arrive pas à émerger de ses problèmes financiers et techniques, obligeant les pouvoirs publics à intervenir à chaque fois pour éviter sa fermeture. Lors de son déplacement sur le site de ce complexe, avant-hier, le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, a réitéré l'engagement de l'Etat à l'accompagner « par tous les moyens disponibles, invitant les travailleurs « à déployer tous leurs efforts pour redorer le blason de ce complexe historique qui a pâti de la mauvaise gestion et pour prendre les choses en main ». De son côté, l'actuel ministre de l'Industrie et de la production pharmaceutique, Ali Aoun, a plaidé auparavant, pour l'utilisation de nouvelles technologies de la sidérurgie et pour la révision des modes de gestion du complexe Sider El Hadjar. L'Etat tente de minimiser les risques de faillites des entreprises publiques à bout de souffle ces dernières années à travers un assainissement financier et la promotion de l'investissement dans le cadre de la nouvelle loi sur l'Investissement et le nouveau Code des marchés publics. La redynamisation du secteur industriel public coûte cher à l'Etat qui espère voir un secteur plus épanoui et autonome financièrement, ce qui est difficilement concevable à court terme.