En 2023, l'inflation la plus ressentie est celle de l'alimentation, particulièrement des produits de base, provoquée par les mutations de l'économie mondiale, ces trois dernières années. Des mesures importantes ont été prises par l'Etat pour stabiliser les prix de certains produits alimentaires (subvention, assouplissement fiscal...) qui continuaient à augmenter, tout comme la masse monétaire (quantité de la monnaie fiduciaire et scripturale) en circulation. Explications: l'agrégat monétaire M2 a enregistré, au cours des neuf premiers mois de 2023, une hausse de 6,11%, par rapport à 2022, s'établissant ainsi à 24.368,2 milliards DA, «suite à l'effet conjugué de la hausse de 6,21% de la monnaie M1 et de 5,91% de la quasi-monnaie (épargne gérée par les banques)», explique la Banque d'Algérie (BA) dans sa note de conjoncture publiée lundi passé, dans laquelle elle décortique l'état des finances du pays, notamment, l'évolution des indicateurs macro-économiques. Au cours des neuf premiers mois de l'année 2023, l'inflation au niveau national en moyenne annuelle a atteint 9,55 % en septembre 2023 contre 9,71 % au même mois de l'année précédente, mais reste moyennement, élevée mesurée à l'effort de l'Etat déployé en faveur de la lutte contre ce phénomène. Cette légère baisse est principalement attribuée au ralentissement de la hausse des prix des groupes ''Alimentation – Boissons non alcoolisées'' et ''Divers'', passant respectivement de 13,58 % et 12,67 % en septembre de l'année 2022 à 13,28 % et 8,46 % au même mois de l'année 2023. A noter qu'en général, un accroissement de la masse monétaire (M2) crée de l'inflation en raison de la hausse des quantités de la monnaie en circulation. La BA a, pour rappel, mis en place en 2021 un programme spécial de refinancement des banques commerciales (pris fin en 2022) pour lutter contre la crise de liquidité, actuellement en hausse. Par ailleurs, la hausse des prix à l'importation a encouragé l'inflation (la conjoncture internationale est à l'origine des pressions inflationnistes). L'indice des prix à la consommation en Algérie a grimpé à 10,23% en 2023, en hausse comparé, à la même période (septembre) de 2022, estimé à 8,84%. Cette augmentation s'explique par «des augmentations dans les prix des groupes ''Alimentations – Boissons non alcoolisées'' et ''Santé – Hygiène Corporelle'', qui ont respectivement enregistré une inflation qui passe de 11,27% et 7,62% en septembre 2022 à 15,19% et 8,87 % en septembre 2023», explique dans son rapport la BA. La hausse des coûts de production, des prix des intrants et ceux de certains produits non fabriqués localement ou constituant une pénurie sont à l'origine, entre autres, de l'augmentation des prix sur le marché. Les importations de l'Algérie ont augmenté en 2023 de 8,6%. La conjoncture macro-économique du pays s'est ainsi contractée en 2023 comparée à la même période de 2022, mais reste marquée par une évolution positive, note la BA. «Les indicateurs de la balance des paiements sont appréciables avec un solde global excédentaire de 6,6 milliards de DA à fin septembre 2023 contre un excédent de 11,9 milliards à fin septembre 2022. Cette situation favorable est marquée par un excédent de 0,9 milliard de dollars du compte capital et des opérations financières conjugué à un excédent du compte courant de 5,7 milliards de dollars, malgré une baisse des exportations des hydrocarbures de 13,9% et hors hydrocarbures de 14,3% et une augmentation des importations de 8,6%», explique dans son document la BA. Plus de 230 milliards DA d'excédent budgétaire ! Le solde budgétaire a légèrement augmenté en 2023 comparé à la même période de 2022, grâce à la hausse relative des recettes budgétaires (7.800 milliards de DA) comparées aux dépenses de l'Etat (+ 7.500 milliards DA) selon les estimations de la BA, jusqu'au 30 septembre 2023. Il a enregistré «un excédent de 233,98 milliards de DA contre un excédent de 1.065,30 milliard de DA une année auparavant», selon la note de la BA, précisant que «cet excédent n'a pas été suffisant pour couvrir les interventions du Trésor qui ont totalisé 514,5 milliards de DA à fin septembre 2023». A noter que l'Etat a revu, par la suite, ses dépenses budgétaires à la hausse dans la loi de Finances complémentaire 2023 (+ de 13.000 milliards de DA). Conséquence, cette conjoncture a accentué le déséquilibre des finances publiques. Le Trésor public, quant à lui, affiche un déficit de «257,05 milliards de DA à fin septembre 2023 contre un excédent de 552,21 milliards de DA un an auparavant». Le «compte courant du Trésor public a enregistré un solde global créditeur, au 30 septembre 2023, de 690,775 milliards de DA contre un solde de 1.074,85 milliard de DA au 30 septembre 2022». Par ailleurs, le Fonds de Régulation des Recettes (FRR) affiche un solde de 2.268,29 milliards de DA à la fin des neuf premiers mois de l'année 2023», indique le même document. L'Etat tente de maintenir l'équilibre macroéconomique du pays, mais devrait redoubler d'effort pour réduire le déséquilibre des finances publiques et le déficit budgétaire et structurel.