Rappelons que courant 2023, nous avons assisté, récemment, à la faillite de banques américaines spécialisées dans les crypto-monnaies, la Silicon Valley Bank (SVB), la « banque de la tech » et de Signature Bank, également proche du monde des cryptos. C'est pour se prémunir contre la prédominance du dollar que les BRICS au départ constitués de cinq Etats la Chine, l'Inde – la Russie -le Brésil et l'Afrique du Sud totalisent 25.914 milliards de dollars de PIB selon les données officielles de la Banque mondiale pour 2022 soit près de 26% du PIB mondial pour une population approchant 3,2 milliards d'habitants, la Chine représentant en 2022 environ 69,32% et près de 18% du PIB mondial et en incluant les nouveaux membres et les pays retenus comme nouveaux membres qui a été un dosage entre les intérêts politiques et économiques, dont l'Arabie saoudite, Argentine, Emiraties, Egypte, Iran, Ethiopie un PIB d'environ de 3167 milliards de dollars ce qui donne un total pour les 11 pays 29.000 milliards de dollars, soit 29% du PIB mondial pour 2022, pour une population approchant les 45% de la population mondiale. ont décidé de dynamiser banque de développement-NBD, créée en 2015. Cette banque a pour objectif avec la nomination le 31 mars 2023 de l'ancienne présidente du Brésil Dilma Rousseff un contrepoids financier à travers la contribution des banques centrales des BRICS, une partie des réserves de devises étrangères et l'émission d'emprunts sur le marché financier international. C'est sous l'impulsion des BRICS que le G20 a transformé le forum de stabilité financière en Conseil de stabilité financière, les BRICS ayant soutenu le rapport sur les G-SIFI pour réduire les risques moraux des institutions financières systématiquement et globalement importants, les fonds de couverture, le shadow banking, les produits dérivés financiers des marchés offshore et les agences de notation ayant été ramenés pour la première fois sous la supervision. Les avantages de la nouvelle banque de développement seraient : premièrement de mieux utiliser leurs devises étrangères afin de réduire le risque d'inflation et de rétrécissement de leur réserve de devises étrangères, et de mieux servir leurs économies réelles. Deuxièmement, les bénéfices que la banque de développement pourraient tirer de l'investissement dans les économies réelles et dépasseraient largement ceux que les banques centrales pourraient tirer de l'achat de bons du Trésor des pays développés. Troisièmement, la nouvelle banque de développement ferait la promotion de l'usage des monnaies nationales des pays membres, ce qui pourrait promouvoir le commerce intérieur et l'investissement réciproque de ces pays, réduisant ainsi la dépendance au dollar. Cependant, il faut être réaliste. Bien qu'en baisse relative 78% dans les transactions mondiales, en 1980, selon les données du London Foreign Exchange Committee sur le plus grand marché au monde, celui des monnaies, (7.500 milliards de dollars par jour), il n'y a pas le moindre signe de dédollarisation (perte de l'influence et du poids du billet vert), bien au contraire, en 2023, à Londres, première place mondiale sur les changes (38 % de l'activité mondiale), la part du dollar dans les volumes quotidiens s'est renforcée à plus de 45 % alors que celle de l'euro chutait de 19 % à 16,6 %. Pour 2024, il est frappant note le FMI de constater que la baisse de la part du dollar au cours des deux dernières décennies n'a pas été contrebalancée par l'augmentation des parts des autres principales monnaies, que sont l'euro, le yen et la livre. Au lieu de cela, c'est la part de ce que nous appelons les « monnaies de réserve non traditionnelles » qui a augmenté, notamment celle du dollar australien, du dollar canadien, du renminbi chinois, du won sud-coréen, du dollar singapourien et des devises nordiques. La part du dollar dans les « réserves » détenues par l'ensemble des banques centrales demeure très majoritaire, 58%, l'euro, qui était monté à 20%, le yen n'a jamais dépassé quelques pour cent, la monnaie chinoise, parce que inconvertible, n'est un trésor que pour la banque centrale de Chine et donc comme monnaie de transaction internationale, le dollar conserve une part encore supérieure, entre 85 et 90 % où pétrole, matières premières, bien industriels, ne sont évalués et échangés véritablement qu'en dollars, encore que guerre en Ukraine peut changer un peu les chiffres puisque la Chine achète le pétrole russe avec sa monnaie mais pas dans de grandes proportions. Paradoxe, malgré les discours politiques. Pour preuve, en 2022, la Chine détenait des titres du Trésor américain d'un montant de 870 de milliards de dollars, le Japon 1.082 milliards, le Royaume uni 655 milliards, la Belgique 333 milliards, le Brésil 226 milliards, la France 204 milliards de dollars et nous avons d'autres pays, même ceux les plus hostiles aux Etats-Unis.De façon générale, lorsque la valeur du dollar américain par rapport aux principales monnaies est plus faible, sa part dans les réserves mondiales diminue puisque la valeur en dollars des réserves libellées dans d'autres devises augmente (et vice versa lorsque le dollar est plus vigoureux). À leur tour, les taux de change du dollar peuvent être influencés par plusieurs facteurs, tels que des facteurs politiques, des politiques monétaires et budgétaires différentes, et les ventes et achats de devises par les banques centrales. En 2024,, les USA étant la première puissance économique mondiale, suivi de la Chine, et de l'Europe qui bien que déclinante reste la troisième puissance économique mondiale. En conclusion, le monde subit de profondes mutations géostratégiques, certains scénarios suggérant l'émergence à l'horizon 2030/2035 de deux blocs hégémoniques, l'un dominé par les USA, l'autre par la Chine, où existerait une entente entre ces deux grandes puissances pour le partage des zones d'influence et donc sur le nouveau système monétaire mondial avec deux monnaies dominantes, le dollar américain, le yuan chinois, suivi de l'euro. Avec les impacts du conflit en Ukraine, le rétablissement des relations diplomatiques entre l'Iran et l'Arabie Saoudite et les nouvelles adhésions aux BRICS, nous devrions assister à une nouvelle configuration des relations internationales, nous orientant vers sun monde multipolaire. Professeur des universités Expert international Dr Abderrahmane Mebtoul