A la faveur du conflit militaire à Ghaza du 7 octobre 2023, de la mort du jeune Thomas Perotto à Crépol, le 19 novembre 2023, du vote sur la loi immigration du 26 janvier 2024 qui proposait de porter atteinte au droit du sol à l'Assemblée nationale et surtout de la séquence des élections européennes du 9 juin 2024 puis des législatives anticipées du 30 juin – 7 juillet 2024 où l'on n'a pas hésité à parler de fin de la double nationalité, l'extrême-droite française et la droite réactionnaire ont pu poser de nouveaux jalons pour mettre en œuvre leur projet de société néocoloniale en France. Dans un rôle de sous-traitants des Américains et des Israéliens, cette fois-ci au Moyen-Orient dans le cadre du fameux et fumeux Printemps arabe, l'armée et les services secrets français sont également mobilisés pour l'opération clandestine « Tymber Sycamore » contre la Syrie, autre ancienne colonie française, agressée à partir de 2012 par une coalition d'une quarantaine de pays (Etats-Unis, Royaume-Uni, Israël, France, Turquie et leurs alliés occidentaux et du Golfe). L'armée et les services secrets français jouent deux rôles importants : d'une part la formation des groupes armés djihadistes auxiliaires des plans de destruction de la Syrie recrutés en Europe, au Moyen-Orient, dans le Caucase et jusqu'en Chine (avec la brigade Ouïgoure) dans des bases secrètes qui ceinturent la Syrie en Jordanie, en Turquie et en Arabie Saoudite, d'autre part l'acheminement des armes et du support logistique via les moyens de l'armée. Ils sont également impliqués dans le pillage des ressources syriennes en l'occurrence les 200.000 barils de pétrole/jour de l'Est de la Syrie qui sont soustraits dès 2012 au contrôle du gouvernement syrien et vendus au marché noir, souvent à Israël, pour financer l'insurrection armée anti-gouvernementale dans une espèce d'économie circulaire de la destruction des Etats. De même, le trafic de drogue en Afghanistan est à nouveau encouragé et encadré logistiquement par l'armée et les services secrets occidentaux pour compléter le financement de ce plan de déstabilisation régional hors de tout contrôle parlementaire. Au sein de l'Establishment militaire français, la présidence de François Hollande est également marquée par l'émergence des enfants et petits-enfants des putschistes de l'OAS au sein du haut état-major de l'armée, profil zélé et revanchard, en ligne avec l'orientation néo-conservatrice américano-israélienne, venant boucler la boucle de la ligne colonialiste, anti-musulmane et anti-maghrébine traditionnelle de l'armée française. En politique étrangère, François Hollande nomme le sioniste Fabius au ministère des Affaires étrangères, avec pour mission principale de poursuivre le revirement néoconservateur de la politique étrangère française au Moyen-Orient. Outre la poursuite du nettoyage du Quai d'Orsay de ses anciens diplomates fidèles à la ligne gaulliste ou à un certain équilibre dans la position française au Moyen-Orient, Laurent Fabius se charge de deux dossiers importants : d'une part, assurer le parrainage de l'alliance d'opposition syrienne factice en coordination avec ses homologues anglo-saxons pendant qu'« Al Nosra fait du bon boulot » sur le terrain. D'autre part, jouer le rôle de fidèle télégraphiste des directives d'Israël dans les négociations sur le nucléaire iranien via la présence de la France dans le groupe des pays négociateurs avec l'Iran. Au niveau des services de sécurité et de la police, c'est le pro-sioniste et autoritaire Valls qui monte au créneau et poursuit le travail de son modèle Nicolas Sarkozy en réalisant le vieux rêve de celui-ci exprimé lors du discours de Grenoble de 2010, la possibilité de déchéance de la nationalité française pour les Français « naturalisés » ayant une seconde nationalité, revenant concrètement à une différence de traitement entre Français en fonction de leur origine et rompant l'égalité entre binationaux et « Français de souche ». En effet, à la suite des grands attentats contre Charlie Hebdo, l'Hyper Cacher et des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, Manuel Valls obtient de François Hollande d'étendre la déchéance de nationalité aux binationaux, revenant à une remise en cause du droit du sol en décembre 2015. Avec Emmanuel Macron, autre Young leader, et ses députés sélectionnés sur CVs par l'Establishment, la dynamique néo-conservatrice et autoritaire se poursuit, avec un alignement complet à l'égard des Anglo-saxons et d'Israël sur un plan militaire et diplomatique, notamment dans les conflits russo-ukrainiens et à Gaza et la décision de faire disparaître le corps des diplomates de carrière de la fonction publique, autre alignement douteux sur la pratique américaine. En ce qui concerne la police, sa militarisation, sa déconnexion de la population et son racisme ouvert sont encouragés pour favoriser une dérive autoritaire qui s'abat sur les gilets jaunes qui se dressent contre l'injustice de la politique économique et sociale, et la latitude de plus en plus importante laissée aux forces de l'ordre qui veulent en découdre avec les Musulmans et les Maghrébins à chaque fait divers, attentat, refus d'obtempérer ou bavure. De plus, la crise de nerfs permanente de la police est entretenue par des années de complaisance à leur égard de leurs vibrionnants, arrivistes, très peu républicains, et très néoconservateurs, ministres de tutelle, Nicolas Sarkozy, Manuel Valls ou Gérald Darmanin qui semblent tous sortir du même moule. Dans le domaine législatif, la république française poursuit son combat législatif contre l'Islam et le détricotage des droits des Musulmans avec la loi sur le séparatisme d'août 2021, concept flou s'il en est, et retrouve, au nom d'une laïcité offensive, le niveau d'agressivité de son combat contre le catholicisme du XIXe siècle, notamment à l'école. Les procédures de dissolution ou de fermeture s'abattent sur des mosquées, des centaines d'associations humanitaires ou de défense des droits, des clubs de sport ou de simples snacks. De même, une nouvelle loi sur l'immigration et l'asile est votée en décembre 2023 qui réduit le droit du sol en obligeant à nouveau les jeunes, avant leur majorité, à faire une démarche volontaire pour l'accès à la nationalité française dans les années précédant leur majorité, même s'ils sont nés et ont toujours vécus en France ; elle est néanmoins retoquée par le Conseil constitutionnel. Dans un savant partage des rôles entre les différents courants de la droite, on prépare même les esprits à un nouveau palier avec la proposition d'Edouard Philippe, membre de l'establishment déguisé en homme politique, qui souhaite dépasser la laïcité pour l'Islam et les musulmans afin de revenir à une sorte de Concordat c'est-à-dire de gestion directe de l'Islam et des musulmans par la République, similaire au régime de contrôle administratif par le ministère de l'Intérieur du culte musulman et des Musulmans appliqué dans les colonies où la loi de 1905 de séparation des cultes et de l'Etat n'a jamais été appliquée. Mohsen Abdelmoumen