La victoire de Donald Trump aux élections présidentielles américaines a suscité des réactions mitigées parmi la population iranienne. Alors que certains craignent une aggravation des risques de guerre et des difficultés économiques, d'autres espèrent que sa ligne dure entraînera un changement politique en Iran, selon les medias de l'Hexagone Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche suscite l'inquiétude en Iran, où les conséquences de l'imposition d'une pression maximale et de sanctions lors de son premier mandat pèsent encore lourdement sur la vie quotidienne des Iraniens. Après avoir annoncé mercredi la victoire de Trump aux élections, Bashir Abbaspour, qui portait des vêtements de sport, a déclaré devant l'ancienne ambassade américaine à Téhéran, dont le mur est couvert de peintures murales anti-américaines : «Ce sera mauvais pour l'Iran». L'Iran et les Etats-Unis se situent dans des camps opposés. Depuis la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays il y a 45 ans, sur fond de prise d'assaut de l'ambassade américaine par des partisans du dirigeant iranien et de prise en otage de dizaines de diplomates américains. Depuis l'Iran considère les Etats-Unis comme son principal ennemi. Abbas 37 ans, employé dans une entreprise privée, a déclaré qu'avec Donald Trump, « les sanctions vont augmenter et donc les prix vont aussi augmenter ». Les Iraniens avaient de grands espoirs de voir leur vie quotidienne s'améliorer, avec la signature en 2015 de l'accord nucléaire avec les superpuissances qui aurait mis fin à l'isolement de leur pays. L'accord prévoyait la levée d'une partie des sanctions internationales imposées à l'Iran, en échange de son engagement à ne pas posséder d'armes nucléaires, ce que Téhéran nie vouloir posséder. Mais en mai 2018, Donald Trump a retiré son pays de l'accord et a réimposé de sévères sanctions à Téhéran, notamment sur les secteurs pétrolier et financier. La décision de Donald Trump a eu des conséquences désastreuses sur l'économie iranienne et a provoqué une hausse de l'inflation, tandis que la valeur du rial iranien s'est effondrée par rapport au dollar. Ce qui a entraîné une dégradation du pouvoir d'achat. Zahra Eqbali, une femme au foyer de 56 ans, a déclaré : « Je suis inquiète de la situation dans le pays et de son économie qui subit de fortes pressions. Washington et Téhéran doivent parvenir à un accord dans l'intérêt du peuple ». Le résultat des élections américaines de mercredi n'a pas fait la Une des quotidiens. Mais le journal réformateur Etemad a titré « Les yeux inquiets du monde », avec une caricature en pleine page de Kamala Harris tenant le petit Donald Trump dans ses bras. De son côté, le journal officiel Jam Jam a mis en avant les photos des candidats sur fond de teintes sataniques, signe de la suspicion manifestée par les autorités iraniennes à l'égard des Etats-Unis, quel que soit leur président, a rapporté la presse française . Le titre disait : « Le résultat des élections américaines ne fera aucune différence pour nous », reprenant un commentaire du ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi. « La position des Etats-Unis à l'égard de l'Iran ne changera pas avec Trump ou qui que ce soit d'autre » a déclaré Reza Aram, employé d'une compagnie d'assurance de 51 ans. C'est une opinion exprimée par de nombreux Iraniens, selon l'Agence France-Presse. Dans le même contexte, Certains Iraniens, comme l'enseignant à la retraite Hamid Reza, craignent davantage de pression économique de la part de Trump à la Maison Blanche s'il poursuit la même politique stricte qu'il a adoptée lors de son premier mandat. « Je suis déçu par la victoire de Trump a déclaré Reda, 66 ans, à Rasht, ville du nord du pays. Cela signifie davantage de pression économique et un risque de guerre avec Israël. Je me sens profondément préoccupé.» Nader (34 ans), fonctionnaire et père de deux enfants à Ahvaz, dans le sud du pays, a déclaré : « Je me fiche de savoir qui est le président américain. Ma principale préoccupation est l'économie iranienne. S'ils lèvent les sanctions contre l'Iran, ce sera une bonne chose. » A-t-on indiqué. Reza Mohammadi, membre de la milice Basij affiliée aux Gardiens de la révolution dans la ville centrale d'Ispahan, a déclaré : « Trump est un homme d'affaires. Il réalise que l'Iran est fort et qu'il peut transformer le Moyen-Orient en enfer s'il est attaqué. Il veut mettre fin aux guerres dans la région, pas les alimenter.» Le président iranien Massoud Pezeshkian, entré en fonction en juillet dernier, a promis de sortir son pays de l'isolement pour compenser l'impact des sanctions internationales. Durant la campagne présidentielle, les responsables américains ont accusé l'Iran d'ingérence dans les élections. Donald Trump a accusé Téhéran de représenter une menace sérieuse pour sa vie, après une tentative d'assassinat contre lui en juillet dernier. L'Iran a qualifié ces accusations de malveillantes. Le premier mandat de Donald Trump a également été marqué par l'ordre donné en janvier 2020 de tuer le cerveau des opérations des Gardiens de la révolution à l'étranger, Qassem Soleimani, lors de sa visite en Irak. Washington et Téhéran semblaient au bord d'une confrontation militaire directe. Téhéran a entamé des procédures judiciaires en Iran pour poursuivre Donald Trump pour avoir commis cet assassinat. A-t-on informé.