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L'insoutenable et indicible odyssée-tragédie des migrants aux portes de l'Europe, ou le temps venu des rêves confisqués
Rodéo existentiel
Publié dans La Nouvelle République le 08 - 03 - 2025

«Quand les gens se soucient plus du sort des animaux que des hommes, c'est que l'on commence à traiter les hommes comme des animaux.» (Emmanuel Todd).«La terre se couvre d'une nouvelle race d'hommes, à la fois instruits et analphabètes, maîtrisant les ordinateurs et ne comprenant plus rien aux âmes, oubliant même ce qu'un tel mot a pu signifier jadis » (Chistian Bobin).
Le sémillant Marco Polo aurait-il pu, en son temps, entamer franchement son fameux et impressionnant périple s'il avait buté sur de telles travées avant même de lever l'ancre de son port d'attache ? Et son fameux «livre des merveilles» aurait-il jamais pu voir le jour? Mais en écrivant ce qu'il a consigné dans son célèbre récit de voyages, lui-même ne cumulait-il pas déjà dans ses représentations des partis-pris un peu identiques à ceux encore actifs de nos jour? Ainsi évoquant son contact avec les habitants de zanzibar le voit-on faire l'étonnante description que voici: «ils avaient une très grande bouche, des lèvres épaisses et un nez de singe. Ils se promenaient nus et étaient totalement noirs, de sorte que s'ils étaient apparus dans une autre région du monde, on les aurait pris pour des diables»? (Cf. Le Monde Diplomatique, Août 2005).
C'est dire par là aussi l'étonnante et stupéfiante permanence caractérisant de tenaces et irréductibles préjugés qui, en rangées superposées, semblent ancrés, lovés et incrustés, dans les esprits depuis de longues traites déjà. Idem pour notre emblématique et frétillant globe-trotter maghrébin bien connu, Ibn Battuta qui, lui aussi, passa la quasi totalité de son existence à voyager et parcourir toutes les latitudes d'Ouest en Est, du Nord au Sud? Insatiables et infatigables, ces voyageurs d'exception auraient-ils pu valablement entamer leurs périples exemplaires et renouvelés si d'aventure ils avaient été de ce temps-ci, et dès lors s'étaient trouvés confrontés à une Europe grincheuse telle celle engoncée, coincée, crispée et grabataire dans sa facture/couture actuelle?
Quoi qu'il en soit ils furent aussi à leur manière de téméraires initiateurs de zones d'échanges, audacieux passeurs de messages culturels, entre des univers ; pourtant fort éloignés et aussi différents les uns des autres. Des voyages qui, d'ailleurs, continuent malgré tout de faire rêver et inspirer plus d'un. Montaigne ne disait-il pas que «chaque homme (portait) en lui la forme entière de l'humaine condition»? Lui qui pensait sincèrement qu'«il ne se connaîtrait lui-même qu'en regardant également hors de lui, chez les gens d'aujourd'hui et ceux d'autrefois », ne se voyait que «frottant et limant sa cervelle contre celle d'autrui», que penserait-il au fond de lui-même s'il avait été de ce temps terne/rabougri et s'était trouvé directement confronté à de telles propensions désormais en vogue ici et là aux quatre coins du vieux continent?
Cependant ces distances phénoménales, gigantesques, souvent fabuleuses mêmes qu'ils entreprirent en toute bonne foi (avec une fougue, une passion incomparables à tout jamais) de raccourcir, atténuer ou estomper, ne voilà-t-il pas présentement des partis-pris pluriels ici et là œuvrer en silence et/ou en catimini à les reconstruire, réinstaller, en disséminant leurs graines acides aux quatre vents?
Exit donc le temps des rêves, des somptueuses escapades, le besoin impérieux de prendre l'air, de même que la nécessité d'aller très loin pour arpenter les horizons, vibrer au rythme singulièrement revigorant et stimulant de l'humaine aventure ? Exit également la magnificence inégalée des voyages au long cours qui tout à la fois changent, transforment, embellissent, enrichissent, structurent et construisent les cœurs en les ouvrant vers plus de sagesse, de sérénité, de modestie, d'humilité; en les purifiant comme sous les effets immédiats d'un élixir de jouvence à nul autre pareil! Exit enfin le plaisir que l'on peut/doit légitimement ressentir à franchir des espaces toujours renouvelés pour aller apprendre d'autres langues, voir d'autres systèmes de pensée, d'autres modèles culturels différents! Ces voyages sensés transformer, en profondeur et en positif, car participant à la divulgation d'une sagesse millénaire partagée, seraient donc en voie d'assèchement voire aussi d'éradication tout court. Comme seraient bel et bien comptés aussi les jours des brassages/métissages culturels adossés à l'importance et la richesse des heureuses rencontres, des expériences fortifiantes dans le périple existentiel des jeunes gens, à l'instar de ceux de tous les arpenteurs de nouveaux horizons en quête de contact nourricier, revigorant, aux quatre coins du monde au sens large et divers du terme. Avec les draconiennes fermetures imposées aux voyages, c'est l'expérience humaine/humaniste qui se voit limitée et diminuée à la portion congrue. Plus de place alors aux délassements revigorants au détour des voyages tonifiants/stimulants et énergisants, ni pour la saine convivialité entre des êtres qui se croisent pour échanger, s'enrichir d'apports nouveau; partager aussi des moments privilégiés, enthousiasmants, à même de créer quelques richissimes affinités de part et d'autre des frontières/clôtures intangibles : «l'homme était fier d'être le fils de la route, fier d'avoir pour patrie une caravane »(Cf. Le Quotidien d'Oran , 2 nov. 2006).
__ Chercherait-on ainsi à tarir à jamais les incroyables, intenses et stimulants échanges humains qui, de tous temps, ont irrigué, fécondé et jumelé les rives de la Méditerranée? L'émerveillement ne serait-il donc plus de mise ni même considéré à juste titre comme le premier pas vers la connaissance mutuelle et la sensibilisation réciproque entre les diverses cultures? Comment dès lors ne pas être sidéré, interloqué, devant la mise en place de ce quadrillage galopant et en coupe réglée, qui semble ne promettre pour l'avenir, si l'on ne prenait garde aux excès toujours probables, qu'un monde de plus en plus bouffi, aigri, concentrationnaire, réducteur et inhibiteur des plus fécondes, franches, sensibilités?
La Cimade (France) s'est interrogée en ces termes : «Moïche Zakharovitch Chagalov, Sara Illinichtna Stern ou Maria Salomea Sklodowska plus connus sous les noms de Marc Chagall, Sonia Delaunay ou Marie Curie auraient-il pu rester en France à l'heure des politiques répressives mises en œuvre par Emmanuel Macron et son Gouvernement?
Après avoir dormi sous des tentes Porte de La Chapelle, ils et elles auraient peut-être été déboutées de leur demande, considérées comme des fraudeuses, enfermées et expulsées du territoire avec une interdiction de revenir en France et en Europe de 5 ans… » (Cf. Twitter, 14/11/2019).
A bien des égards les péripéties imposées aujourd'hui aux paisibles voyageurs dépassent de fort loin celles relatées au détour du fantastique voyage d'Ulysse et ses compagnons de fortune, et donnent à penser que la parabole déclinant les douze travaux d'Hercule (ou celle rappelant le fameux rocher de Sisyphe) ne relève pas non plus du seul ordre de la pure allégorie ni simple détour symbolique.
A voir en tout cas le surplus de zèle aussi excessif qu'intempestif dont il est présentement fait preuve dans le carré géographique d'en face, y compris de la part de récents destinataires d'un portefeuille en charge justement du volet référé à la panoplie sécuritaire (capables même pour l'occasion d'oublier et gommer toutes traces _ pourtant indélébiles et imprescriptibles _ rappelant à la mémoire un statut antérieur de familles d'anciens immigrants ; installés dans l'Hexagone de fraîche date) l'on ne peut que songer au vieux dicton ; rappelant à quel point certains n'en démordent pas de leurs curieuses facéties en s'acharnant à vouloir se montrer ''plus royalistes que le roi''.
Tel est le cas d'un Sarkozy: «immigré lui aussi de la deuxième génération, (qui) s'en prend à des immigrés comme lui, mais venant d'une autre planète spirituelle et temporelle»(Cf. L'Expression, 27 avril 2006) a aujourd'hui l'impudent culot de parler du «droit du sol» à gorge déployée. Et patati patata! En outre, prenant un malin plaisir à imaginer, concocter et peaufiner des procédures restrictives toujours plus dures et corsées que celles antérieurement mises en place dans les pays; où, lui-même fuyant alors sa Hongrie natale, trouva refuge en qualité d'immigré. Avant que d'en arriver à y exercer, ultérieurement, les plus hautes charges dans la vie politique dans une période relativement récent. Du reste l'empreinte de ses filouteries bassement politiciennes est toujours au-devant de l'actualité, comme le prouvent des dossiers en cours devant les instances judiciaires pour financements illicites de sa campagne présidentielle par des fonds libyens… sa ''gratification'' d'un bracelet électronique témoigne de l'ampleur des dévergondages autant que bassesses de celui qui, lors de son discours à Dakar, avait déclaré sur un ton plein de suffisance et condescendance: « …la colonisation (a) ouvert les cœurs et les esprits des Africains à l'universel et au progrès.» L'engeance semble se perpétuer puisque le même côté délinquant/trublion est repéré chez l'insignifiant rejeton et pâle histrion dénommé Louis. Lequel, sans même prendre de pincettes, vient tout récemment de menacer de «brûler d'Ambassade d'Algérie» si d'aventure il avait été «aux manettes» (sic!). Ainsi, à ce qu'il paraît, le ''fiston'' rêve-t-il d'être lui aussi aux commandes, comme si la fonction présidentielle n'était strictement prédestinée et réservée qu'à la lignée des mis en cause...
De toute évidence dans cette Europe, qui en vient à appuyer fiévreusement sur le champignon de la plus sévère et rigoureuse intransigeance tous azimuts, il est comme des esprits tourmentés travaillant sans cesse à altérer les liens d'échange, exaspérer davantage les sensibilités des uns et des autres. Ce faisant d'autres chantres d'une technocratie décidément envahissante, apparemment peu tentés par le côté humain et convivial, dévoilent au fil des jours une forme aggravée de la plus moite insensibilité. Agissant le plus souvent au seul déclic des chiffres sonnants et trébuchants, dans toute leur froideur statistique calculée, et avec une logique presque aux formes arrêtés d'un pied à coulisse, ils font ainsi peu de cas, dans leur sémantique usagée et délavée, de dimensions cardinales que toutes les procédures éducatives sensées s'évertuent pourtant à incruster, patiemment et précocement, dans le cœur même de leurs futurs dépositaires.
(A Suivre…)
Mahmoud Ariba
Professeur retraité
Faculté des sciences sociales


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