Les Bourses d'Asie, dont les plus importantes étaient fermées pendant la tempête mondiale de lundi, dégringolaient mardi sous l'impact du dépôt de bilan de la banque d'affaires américaine Lehman Brothers, tandis que gouvernements et banques centrales tentaient de calmer les esprits. A Tokyo, deuxième place financière mondiale, l'indice Nikkei a terminé la matinée sur un plongeon de 5,06% tandis qu'à Hong Kong, le Hang Seng dégringolait de 6,54% dans les premiers échanges. A Séoul, l'indice Kospi chutait de 5,51% vers 03h00 GMT. Au même moment, l'indice composite de Shanghai perdait 3,29%. Tokyo, Hong Kong, Shanghai et Séoul étaient fermées lundi en raison d'un jour férié, et avaient donc échappé à la tourmente qui s'était emparée des marchés boursiers mondiaux à cause de la quasi-faillite de Lehman Brothers. La Bourse de Singapour a également ouvert en fort recul (-2,31%), de même que celles de Taïwan (-3,88%), Manille (-4,26%) et Nouvelle-Zélande (-2,30%). Partout, les valeurs bancaires étaient les plus malmenées. A Tokyo, les titres des principales banques japonaises comme Mizuho, Mitsubishi UFJ, Sumitomo Mitsui ou Resona Holdings, dont certaines sont d'importantes créancières de Lehman Brothers, subissaient des chutes de plus de 10%. Aozora Bank, présentée dans les documents de dépôt de bilan de Lehman Brothers comme le principal créancier de la banque avec un prêt de 463 millions de dollars, a chuté de jusqu'à 25%. Mizuho Corporate Bank est, pour sa part, le deuxième créancier de Lehman Brothers avec un prêt de 289 millions de dollars. Le dépôt de bilan de la banque américaine «a constitué un choc pour les participants sur les marchés d'actions et les pousse à fuir davantage les risques», a commenté Kazuhiro Takahashi, gérant chez Daiwa Securities SMBC. Selon lui, les investisseurs espéraient que d'autres banques viendraient à la rescousse de Lehman Brothers ou que la Réserve fédérale ou le gouvernement américain concocterait un compromis, comme celui qui avait abouti quelques semaines plus tôt à la vente de Bear Stearns à JP Morgan pour un prix modique. «Les investisseurs se sentent trahis, même si le gouvernement fédéral pense probablement qu'il a fait ce qu'il y avait de plus logique», a-t-il ajouté. Lundi à Wall Street, l'indice Dow Jones avait chuté de 4,42% et le Nasdaq, à dominante technologique, de 3,60%. Les places européennes avaient quant à elles perdu entre 3% et 5% de leur valeur en fin de journée. Les banques centrales du Japon et de Corée du Sud ont lancé des appels au calme, promettant de faire leur possible pour assurer la stabilité des marchés. La Banque du Japon a d'ailleurs injecté mardi 1 500 milliards de yens (10 milliards d'euros) dans le système bancaire, après des mesures similaires prises la veille par ses homologues américaine, européenne et britannique. Les gouvernements ont eux aussi cherché à apaiser les esprits. «La réaction à ce qui se passe aux Etats-Unis semble excessive, et une réaction aussi excessive peut déclencher une rapide correction», a averti Choi Jong-Ku, un haut responsable du ministère des Finances sud-coréen. Au Japon, de hauts responsables gouvernementaux se sont réunis d'urgence mardi matin avec le gouverneur de la banque centrale Masaaki Shirakawa, afin d'examiner la situation. Sur le marché des changes, le dollar pâtissait de la crise aux Etats-Unis. Le billet vert valait 104,30 yens mardi matin, contre 104,89 yens lundi soir à New York. L'euro se renforçait pour sa part à 1,4238 dollar, contre 1,4227 dollar la veille au soir. «Les craintes pour l'ensemble du système financier minent le marché», a expliqué Satoru Ogasawara, stratège des changes au Crédit Suisse à Tokyo.