Il s'appelait Boufennara Abdelhamid El-Bordj, un nom composé pour conjurer les amalgames qu'engendrent souvent les homonymes. El-Bordj, c'est en référence à un lieudit, où se trouvait la zaouia de Sidi Ahmed du côté des monts de Seddate. Cheikh Ahmed disciple de la Rahmania n'est autre que le père de l'illustre disparu, en l'occurrence Abdelhamid Boufennara ravi aux siens, ces derniers jours, à l'âge de 69 ans, à Constantine. La ville qui l'a vu naître à l'orée du second conflit mondial. Abdelhamid est l'ultime fils de Sidi Ahmed, profondément attaché à la zaouia quoique constantinois de naissance. Abddelhamid était imprégné de la culture de la zaouia où l'apprentissage du Coran était la base d'un enseignement riche et précieux. L'enfance de Abdelhamid se voulait aisée, relativement, même si l'atmosphère coloniale obstruait les horizons de tout son poids hideux et omniprésent. Abdelhamid El-Bordj, en novembre 54, était déjà éveillé au sentiment nationaliste, initié par les préceptes forts de la zaouia où Sidi Ahmed jouait un rôle prépondérant, allié à une pédagogie de bon aloi. Naturellement, Abdelhamid intégra le cercle tout désigné du FIDA. Constantine lui aura servi de théâtre à une activité où il était préparé dès sa tendre enfance. Le maquis sera à son tour le prolongement logique d'un «djebel» qui ne finira qu'avec le soleil de l'indépendance. Il eut à découdre avec l'armée coloniale du côté de Sidi Mezghiche dans la wilaya II historique. De l'ALN, dont il porta héroiquement la tenue rutilante de la bravoure, il ira renforcer les rangs de l'ANP la digne héritière de sa glorieuse devancière . Abdelhamid, les années défilant, les missions se relayant, est devenu un militaire aux vertus immenses et inébranlables. Il fera l'école du train à Belcourt , pour parfaire une formation à toute épreuve sous la bannière frappée du croissant et de l'étoile à laquelle il s'y consacra corps et âme. Abdelhamid El-Bodj aura été l'homme du devoir par excellence. Il clôtura sa carrière en chef respecté. Il était un modèle d'homme, puis vint la maladie, et la vie sacrifiée s'arrêta un jour du mois d'août 2008. Le père modèle disparaît, ses sept enfants pleurèrent dans la dignité et la fierté. Il incarne pour ceux qui l'ont connu la droiture et le sens du devoir, avec en bandoulière un nationalisme fougueux et sans faille.