L'Iran a été recalé vendredi dans sa tentative d'obtenir un siège non permanent au Conseil de sécurité de l'ONU, dont il ignore toujours les résolutions l'exhortant à cesser ses activités nucléaires sensibles. L'Iran n'a obtenu que 32 voix, contre 158 au Japon avec qui il était en concurrence pour l'unique siège asiatique à pourvoir, selon les résultats annoncés par le président de l'Assemblée générale de l'Organisation, Miguel d'Escoto. Outre le Japon, les quatre autres pays élus sont l'Autriche, le Mexique, l'Ouganda et la Turquie. Ils siègeront au Conseil en 2009 et 2010. La défaite de l'Iran, dont les dirigeants contestent fréquemment la légitimité du Conseil de sécurité, était attendue, d'autant que son rival était le Japon, gros bailleur de fonds de l'ONU. Tokyo, qui jouit d'un large soutien à travers le monde, est en outre candidat à un siège permanent dans le cadre d'une éventuelle réforme du Conseil de sécurité. Dès la fin du vote, l'ambassadeur britannique, John Sawers, s'est réjoui de la défaite de Téhéran. «L'Iran est un sujet à l'ordre du jour permanent du Conseil de sécurité, il y a des sanctions contre lui en raison de son programme nucléaire et sa défaite très large, cette raclée, constituent un important signal qui reflète la préoccupation des Etats membres», a dit M. Sawers. «Si l'Iran, par quelque erreur de jugement massive, avait été élu, il aurait constitué une obstruction au travail efficace du Conseil de sécurité», a-t-il estimé. L'ambassadeur adjoint des Etats-Unis, Alejandro Wolff, s'est lui aussi réjoui. «Il est important que l'Iran comprenne que sa violation continuelle des résolutions contraignantes du Conseil de sécurité est reflétée dans ce piètre résultat», a-t-il dit. «Il n'y a pas de soutien de la communauté internationale pour ce genre de comportement.» L'Iran avait axé sa campagne sur le fait qu'il n'a siégé qu'une seule fois au Conseil de sécurité, en 1955-56, bien qu'ayant été un membre fondateur de l'ONU en 1945. Par contraste, le Japon, qui n'a rejoint l'Organisation mondiale qu'en 1956, en est déjà à sa 10e élection au Conseil de sécurité. Arguant que sur les 192 pays de l'ONU, 114 n'ont jamais siégé au Conseil ou n'y ont effectué qu'un seul mandat de deux ans, Téhéran militait pour une meilleure application du «principe de l'égalité souveraine» des Etats membres. Dans le groupe Europe, l'Autriche et la Turquie ont été élues aux deux sièges européens qui étaient en jeu, remportant respectivement 133 et 151 voix. Le troisième candidat, l'Islande, a échoué, avec seulement 87 voix. Enfin le Mexique et l'Ouganda, seuls candidats dans les groupes Amérique latine et Afrique, ont été élus, obtenant respectivement 185 et 181 suffrages. Principal organe de décision de l'ONU, le Conseil de sécurité se compose de quinze membres, dont cinq permanents dotés du droit de veto (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie). Les dix autres sont élus chaque année par tranches de cinq par l'Assemblée générale, pour des mandats de deux ans non immédiatement renouvelables. Pour être élu, un pays doit recueillir les deux tiers des voix des Etats présents et votants. Le vote se déroule à bulletins secrets. Les cinq nouveaux élus succéderont le 1er janvier à l'Afrique du Sud, à la Belgique, à l'Indonésie, à l'Italie et au Panama. Les cinq autres membres non permanents du Conseil, en place jusqu'au 31 décembre 2009, sont le Burkina Faso, le Costa Rica, la Croatie, la Libye et le Vietnam.