Lancement réussi pour la première mission non habitée de l'Inde vers la lune. Placée sur orbite pendant deux ans autour de la Lune, la sonde Chandrayaan-1, qui aura notamment pour but de réactualiser les cartes de la surface lunaire, rapproche l'Inde de la Chine et du Japon dans la conquête de l'espace. Les scientifiques, applaudissant et se congratulant, ont suivi l'ascension de la fusée sur les écrans de leurs ordinateurs après l'avoir perdue de vue, celle-ci ayant disparu dans les nuages surplombant la rampe de lancement. «C'est un moment historique pour l'Inde, a déclaré le président de l'Organisation de recherche spatiale indienne (ISRO), Madhavan Nair. «Nous avons commencé notre périple vers la lune et la première étape s'est déroulée parfaitement bien», a-t-il lancé, espérant que l'expédition permettra de «dévoiler les mystères de la lune». L'objectif sera de redessiner la cartographie de la surface lunaire et de ce qui se trouve juste en-dessous. Chandrayaan signifie en sanskrit «Embarquement pour la Lune». La sonde d'une tonne et demie transporte 11 instruments scientifiques, dont trois de l'agence spatiale européenne et deux de la l'agence spatiale américaine. Le premier est un spectromètre haute résolution qui analysera la composition en minéraux. Le second outil est un mini-radar qui recherchera des dépôts de glace dans les régions polaires. Les scientifiques disposent de meilleures cartes pour Mars que pour la lune, où des astronautes se sont pourtant rendus. Mais l'Inde espère changer cela grâce à cette mission, dont le coût s'élève à 80 millions de dollars (62 millions d'euros). L'Inde ambitionne de rejoindre les grandes puissances mondiales dans la course à l'espace, comme la Chine et le Japon l'ont fait récemment. Les Etats-Unis, qui ont remporté dans les années 60 la course pour envoyer des hommes sur la Lune, ne vont pas se lancer dans la même compétition avec leur nouvelle sonde lunaire avant le printemps prochain, mais ils ont fourni de l'équipement de cartographie pour la mission de New Delhi. L'Inde, dont l'économie a prospéré ces dernières années, a cherché à tirer de sa nouvelle richesse – construite grâce au secteur des hautes technologies – un gain politique et militaire, revendiquant sa position de grande puissance mondiale. Elle espère qu'une mission lunaire va améliorer encore son statut, quelques mois après avoir finalisé un accord avec les Etats-Unis qui reconnaît l'Inde comme une puissance nucléaire. Jusqu'à aujourd'hui, les lancements effectués par l'Inde dans l'espace avaient des ambitions beaucoup plus pratiques, avec l'envoi de satellites météorologiques et de systèmes de télécommunication, a commenté un ancien administrateur adjoint de la Nasa, Scott Pace, qui est désormais directeur de la politique spatiale à l'Université George-Washington. Pour l'instant, seuls les Etats-Unis, la Russie, l'Agence spatiale européenne (ESA), le Japon et la Chine ont envoyé des missions vers la Lune. Si la majeure partie de la technologie mise en œuvre pour l'atteindre n'a pas changé depuis que l'Union soviétique et les Etats-Unis l'ont fait il y a plus de quatre décennies, les analystes affirment que les équipements actuels en matière de cartographie permettent l'exploration de nouvelles zones, notamment sous la surface de la Lune.