Les chefs d'Etat ou de gouvernement de quarante-trois pays d'Asie et d'Europe (Asem) ont ouvert, vendredi, à Pékin, un sommet de deux jours, qui va être accaparé par la crise financière internationale. En bonne place, les Premiers ministres : japonais, Taro Asa, et chinois, Wen Jiabao. Le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, a ouvert les travaux, au Palais du peuple, avant de donner la parole au président Hu Jintao, selon des images retransmises par la télévision. L'Union européenne, emmenée par le président français, Nicolas Sarkozy, qui milite pour la refondation du capitalisme, doit profiter de ce 7e sommet pour demander à l'Asie --Japon, Chine et Inde en tête-- de s'impliquer dans une solution à la crise mondiale, au moment où les Bourses replongent et de nombreux pays sont menacés par la récession. Les pays asiatiques ont annoncé leur première réponse, coordonnée, à la crise financière mondiale avec la création d'un fonds de 80 milliards de dollars, juste avant l'ouverture d'un sommet Europe-Asie, vendredi et samedi, à Pékin, qui doit être dominé par la tempête économique. Les dirigeants japonais, chinois, sud-coréen et les 10 membres de l'Association des Nations d'Asie du Sud-Est (Asean) ont conclu cet accord avant l'ouverture du 7e sommet Asem, qui doit rassembler dans la capitale chinoise 43 chefs d'Etat et de gouvernement des pays d'Europe et d'Asie, pesant ensemble 60% du PIB mondial. Au moment où les Bourses sont toujours dangereusement chahutées et de nombreux pays menacés par la récession, les 27 pays de l'Union européenne, sous la houlette du président français, Nicolas Sarkozy, doivent profiter de ce sommet pour demander à l'Asie de s'impliquer dans une solution à la crise mondiale et de contribuer à une refondation du système économique. “Nous avons besoin de l'Asie et, plus particulièrement, de pays comme la Chine, l'Inde et le Japon”, avait déclaré, jeudi, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, à Pékin. La capitale chinoise accueille, dans le décor imposant du Palais du peuple, sur une place Tiananmen fermée à la circulation pour le ballet des convois officiels, sa plus grande réunion diplomatique depuis les jeux Olympiques. Les 13 pays asiatiques (Asean+3) “sont tombés d'accord pour accélérer la coopération mutuelle en vue de la création d'un fonds de 80 milliards de dollars d'ici le premier semestre (2009) et mettre sur pied un organisme indépendant de supervision des marchés régionaux”, a indiqué un texte de la présidence sud-coréenne. En vertu de l'accord préliminaire, destiné à protéger leurs économies de la tourmente, Séoul, Tokyo et Pékin devaient contribuer, à hauteur de 64 milliards de dollars, soit 80% du montant du fonds, l'Asean déboursant 16 milliards. Alors que l'Europe s'est mobilisée face à la crise -- recapitalisations massives des banques, garanties de prêts interbancaires de centaines de milliards d'euros ou injections de liquidités sur les marchés -- les pays asiatiques n'avaient pas, jusqu'à présent, apporté de réponse coordonnée à la tourmente qui, non seulement touche déjà largement le Japon, 2e puissance économique mondiale mais commence, aussi, à atteindre la Chine, la 4e économie, et l'Inde, la 10e. Le Premier ministre japonais, Taro Aso, qui fait à Pékin sa première apparition sur la scène internationale, a d'ailleurs laissé entendre, vendredi, que l'économie japonaise risquait d'être très affectée par le ralentissement mondial, au moment où la Bourse de Tokyo plongeait encore -- de près de 10%. La Chine a salué la proposition d'un sommet du G20 aux Etats-Unis, le 15 novembre, pour tenter de parer au risque d'une récession mondiale, affirmant étudier “favorablement” sa participation, sans donner encore une réponse qu'elle pourrait réserver à l'Asem. L'Asem n'est pas une instance décisionnelle mais fournit, depuis 1996, un espace de dialogue bi-annuel pour des discussions informelles entre chefs d'Etat ou de gouvernement. Ceux-ci doivent, également, s'entretenir des autres questions figurant au menu : dossiers nucléaires iranien et nord-coréen, réchauffement climatique, développement durable et sécurité alimentaire. Mais M. Barroso a assuré que la question des droits de l'Homme ne serait pas escamotée au sommet. Pékin avait fait part, jeudi, de son “fort mécontentement” après l'attribution du Prix Sakharov 2008 du Parlement européen au dissident chinois emprisonné, Hu Jia, affirmant, cependant, que cela n'affecterait pas le sommet Asie-Europe. Les travaux de l'Asem sont co-présidés par le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, M. Sarkozy, M. Barroso et le sultan de Bruneï, Hassanal Bolkiah, qui devaient prononcer les discours d'ouverture à partir de 08H00 GMT.