Dans un entretien accordé à la Chaîne III de la Radio nationale dont il était l'invité de la rédaction, Karim Djoudi, ministre des Finances, est revenu sur la situation de crise financière que connaissent les Etats-Unis, l'Union européenne et d'autres pays développés, en rappelant qu'elle a été précédée de tensions sur les prix des produits alimentaires. Cette crise, ajoute le ministre, a mis en lumière les insuffisances dans l'observation, dans le contrôle et dans la règlementation des grands marchés internationaux et elle pose le problème du rôle des institutions financières internationales. Il faut revoir le système financier international et redéfinir le rôle de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), dit-il. M. Djoudi a confirmé que le gouvernement n'a pas l'intention, dans le contexte actuel de crise, de procéder à l'ouverture du capital des banques publiques. L'observation des marchés internationaux fait ressortir le choc subi par les grandes banques internationales et les pertes qu'elles ont eues et il n'est pas souhaitable, ajoute M. Djoudi, qu'il y ait un impact sur les banques publiques algériennes. Celles-ci participent au financement domestique des grands projets d'investissement, dans les secteurs de la pétrochimie, de l'eau des transports. Les crédits bancaires destinés au financement de l'économie ont connu une croissance de 16%, souligne le ministre des Finances. Le problème, aujourd'hui, dit-il, est celui de la mise en adéquation des capacités d'engagement des banques et des capacités d'absorption de l'économie. Il rappelle que les banques sont soumises à une supervision bancaire interne (à travers le Conseil d'administration, l'audit) et externe (par la Commission bancaire et l'Inspection générale de la Banque d'Algérie). Le rythme imprimé aux réformes en Algérie a permis d'éviter les risques de la crise actuelle sur l'économie algérienne, fait-il remarquer. Pour M. Djoudi, la baisse du prix du baril de brut, consécutive à la baisse de la demande pétrolière, doit être intégrée dans la conduite de la politique budgétaire. Il souligne que cette baisse de la demande globale de pétrole est compensée en partie par l'appréciation du dollar par rapport à l'euro. Il rappelle que jusqu'à la loi de finances complémentaire pour 2008, le prix de référence pour l'élaboration du budget a été de 19 dollars le baril et que la loi de finances pour 2009 a été basée sur un prix de 37 dollars le baril. Le Fonds de régulation des recettes, qui représente 40% du PIB, autorise une visibilité à moyen terme. Le ministre des Finances fait remarquer que la structure du PIB se répartit en 45% pour les hydrocarbures et 55% en hors hydrocarbures. Il signale que ces trois dernières années, le secteur hors hydrocarbures a connu une croissance de plus de 6% et pour le premier semestre 2008, les revenus fiscaux hors hydrocarbures ont enregistré une croissance de 18%. A propos des banques étrangères installées en Algérie, elles obéissent aux règles édictées par la Banque d'Algérie et, fait remarquer M. Djoudi, ne sont pas concernées par les effets du marché international. Elles ont un retour sur capital de 27%, ce qui est appréciable, et ont donc intérêt à se développer. Quant au mouvement des investissements étrangers, M. Djoudi signale qu'ils sont à la recherche d'économies qui renferment les éléments de solvabilité et de perspectives de développement, ce qui est le cas, dit-il, de l'Algérie.