Sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale dont il était, hier matin, l'invité de la rédaction, Karim Djoudi, ministre des Finances, a déclaré que les «choses sont engagées», à propos du rachat de Djezzy par l'Etat. Le ministre des Finances a, par ailleurs, clarifié un certain nombre de questions liées aux nouvelles dispositions concernant le commerce extérieur et les investissements. Il a rappelé le contexte international et le contexte national dans lequel cette démarche a été adoptée par le gouvernement, principalement, au plan externe, la crise économique précédée de la crise financière dont une des conséquences a été la baisse des prix des matières premières, dont celui de l'énergie. Dans cette situation, les investisseurs étrangers se sont repositionnés. Au plan interne, la constatation est faite encore une fois que la diversification de l'économie n'est pas encore eu rendez vous, avec un investissement en partenariat insuffisant. Il y a, dit le ministre, un problème de sécurité économique. Le but rappelle-t-il, est de consolider la base industrielle du pays. Le ministre estime qu'en termes de flux financiers, les investissements étrangers n'ont pas baissé sur 2009, à travers les entrées de devises entraînés par l'opération d'accroissement du capital des banques et établissements financiers. S'agissant du rapport 51/49 dans la composition du capital, imposé aux investisseurs étrangers, il y avait un problème au début, reconnaît le ministre, mais, ajoute-t-il, les choses se clarifient maintenant. L'enjeu pour les investisseurs est de trouver des niches de croissance positive en l'Algérie, estime M. Djoudi. En outre, des entreprises souhaitent venir en Algérie, fait-il remarquer. Nous avons une croissance économique dans quatre secteurs, fait observer le ministre : industrie de transformation, services, bâtiment, travaux publics et hydraulique (BTPH) et agriculture. C'est une source d'investissements, souligne-t-il. Nous avons importé, en 2009, 39 milliards de dollars de biens qui correspondent à une demande nationale, d'où un besoin d'investissements pour la substitution à ces importations. M. Djoudi a clarifié également la question du droit de préemption en faveur de l'Etat introduit par la loi de finances de 2010. Il rappelle que si le repreneur d'une entreprise publique privatisée ne respecte pas ses engagements, l'Etat se donne la possibilité de reprendre ses actifs. A propos du contrôle, M. Djoudi fait remarquer qu'un ensemble de corps est concerné par la constatation des infractions, dans le cadre du dispositif de lutte contre les transferts illicites, le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Il fait savoir que l'Inspection générale des finances (IGF) a vu ses missions élargies et elle se combine avec les modifications de la loi sur la Cour des comptes. L'obligation de paiement par chèque pour tout achat d'un montant supérieur à 500 000 DA à partir de mars prochain s'inscrit dans cette démarche, fait-il observer. Il rappelle également que le système électronique de paiement fonctionne (il y a 12 millions d'opérations par an). S'agissant de la lutte contre la corruption, il souligne qu'il y a une discipline forte en matière de gestion des deniers publics. Il y a un Observatoire de lutte contre la corruption créé sous l'autorité du ministère de la Justice. Encore une fois, le ministre des Finances insiste sur le maintien du crédit documentaire comme mode de financement du commerce extérieur. Il y a, précise-t-il, une flexibilité pour les PME qui ont besoin d'un volant pour l'acquisition d'inputs, cette somme est plafonnée à 2 millions DA pour le transfert libre. M. Djoudi fait savoir que l'objectif est d'avoir une meilleure transparence dans les flux financiers et les flux commerciaux. Concernant la mauvaise place accordée à l'Algérie par les agences de notation pour le climat des affaires, le ministre estime qu'il s'agit d'un manque de compréhension qui sera levé par un travail d'explication vers ces agences de notation. Enfin, M. Djoudi établit un lien direct entre le transfert et la situation fiscale et «l'Algérie, dit-il, assainit ses règles de fonctionnement».