Le président russe Dmitri Medvedev a tendu samedi la main au président américain élu, Barack Obama, et affirmé vouloir avoir dorénavant avec les Etats-Unis des relations aussi bonnes qu'avec la Chine, marquant un revirement total de la position de Moscou. La Russie a un «partenariat stratégique» avec la Chine et souhaite avoir une relation similaire avec les Etats-Unis, a-t-il affirmé à Washington au cours d'une conférence devant le Council on Foreign relations, une organisation indépendante de réflexion sur les relations internationales. M. Medvedev a qualifié le partenariat stratégique avec Pékin de «dialogue excellent, complet et amical». «Bien sûr que je veux avoir le même type de relations avec les Etats-Unis», a-t-il dit. Il venait de saluer chaleureusement l'élection de Barack Obama, un «choix du peuple américain» que «la Russie considère comme le choix du changement». «Nous saluons l'élection de Barack Obama, nous souhaitons qu'elle soit suivie de gestes allant vers une résolution des problèmes qui se sont accumulés dans nos relations — les relations russo-américaines — ces dernières années», a déclaré M. Medvedev faisant allusion aux nombreux différends opposant l'administration Bush et le Kremlin. L'élection est, certes, une «affaire interne» mais «les Etats-Unis sont un Etat super influent» et «nous comprenons l'importance des processus internes et leur influence sur le monde», a-t-il admis, très souriant tout au long de son discours. «Je pense qu'il n'y a pas actuellement, dans les relations américano-russes la confiance nécessaire à ces relations, c'est pourquoi je place des espoirs dans l'arrivée de la nouvelle administration», a souligné M. Medvedev. Ces déclarations ont d'autant plus de poids qu'elles ont été faites en présence de Madeleine Albright, l'ancienne secrétaire d'Etat et surtout émissaire de Barack Obama au sommet du G20, auquel a participé le président russe. Moscou avait offert la seule note discordante dans un concert mondial d'enthousiasme au lendemain du scrutin du 4 novembre. M. Medvedev avait accueilli l'élection de Barack Obama par une salve antiaméricaine dans son premier discours à la nation prononcé le 5 novembre, en accusant les Etats-Unis d'être responsables de la guerre en Géorgie et de la crise financière internationale. La mine sombre, il avait annoncé dans la foulée le déploiement de missiles dans la région russe de Kaliningrad coincée entre Pologne et Lituanie pour contrer le projet d'installation d'éléments du bouclier antimissile américain en Pologne et en République tchèque. Revenant samedi sur cette dernière question qu'il a qualifiée de «douloureuse», M. Medvedev a déclaré «nous restons ouverts au dialogue». «Nous n'agirons pas les premiers, en réponse au bouclier antimissile européen» mais «seulement si ce programme se poursuit d'une manière que nous ne pouvons accepter», a-t-il rappelé. «Il me semble qu'il est préférable d'avoir un bouclier global auquel prendrait part la Fédération de Russie que d'avoir des fragments incohérents qui ne donnent satisfaction à personne et ne font que provoquer», a-t-il déclaré. «Je pense que nous considérons tous que la relation entre la Russie et les Etats-Unis est une relation dans laquelle l'amitié et la compréhension sont absolument essentiels», a déclaré pour sa part Mme Albright. L'ancienne secrétaire d'Etat du président Bill Clinton (1996-2000) et un ex-parlementaire républicain Jim Leach avaient été nommés mercredi représentants pour le sommet du G20 par l'équipe de transition du président élu Obama pour pouvoir rencontrer les délégations qui le souhaitaient.