Le Fonds monétaire international a obtenu à l'issue du sommet du G20 un rôle accru dans la surveillance de la finance mondiale, mais devra se lancer dans une nouvelle réforme pour faire plus de place aux pays émergents au sein de ses structures de direction. Dans le diagnostic qu'il effectue régulièrement sur ses pays membres, le FMI devra «accorder plus d'attention à leur secteur financier» et intégrer ses conclusions «aux programmes d'évaluation» qu'il effectue avec la Banque mondiale, a affirmé samedi le groupe des grands pays industriels et émergents. «De cette manière, le rôle de conseil du FMI en matière de politique macro-financière serait renforcé», a-t-il souligné dans son communiqué final. Le FMI mène depuis 1999, conjointement avec la Banque mondiale, des «programmes d'évaluation du secteur financier» (Fsap). C'est cet outil que le G20 souhaite renforcer: un document technique, d'expertise financière, qui identifie les fragilités des systèmes financiers nationaux et de leur régulation, avant l'apparition des crises. «Le FMI est probablement une institution unique pour sa capacité à donner l'alarme en amont. Les alarmes en amont sont absolument nécessaires pour éviter les crises», a plaidé le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, lors d'une conférence de presse tenue à l'issue du sommet. Mais la parution des FSAP est irrégulière jusqu'ici. Et cet outil n'a pas servi dans la prévention de la crise actuelle, pour la simple et bonne raison que les Etats-Unis ont toujours refusé de s'y soumettre. «Même dans les grands pays, nous ne faisons pas de Fsap partout. Et cela pourrait surprendre certains d'entre vous d'apprendre que parmi les pays du G20, nous n'avons réalisé que treize Fsap», a expliqué M. Strauss-Kahn. «Certains membres du G20 défendaient même l'idée d'avoir des Fsap obligatoires. Nous n'en sommes pas là : ce n'est pas obligatoire, nous devons avoir l'accord du pays. Mais c'est une certitude, le nombre d'accords va augmenter grâce à cet appel du G20» à s'y soumettre, a-t-il poursuivi. Le FMI a été appelé parallèlement à améliorer sa représentativité, alors même qu'il sort à peine d'une longue et tortueuse réforme de ses quotas. «La représentation et la participation des économies émergentes et en développement dans (le FMI et la Banque mondiale) doivent être accrues», selon le communiqué du G20. Le président américain George W. Bush a noté que la représentation des différents pays au FMI était «basée sur l'ordre économique» existant lors de sa création en 1944 et que l'institution devait «examiner l'extension du pouvoir de vote et de la représentation des pays en développement». Le FMI a déjà mené une telle réforme, adoptée en avril après des années de tractations, mais les résultats n'ont pas été à la hauteur des changements de l'économie mondiale. Au conseil d'administration, la Belgique a toujours un poids de 50% supérieur au Brésil, et la France de 32% supérieur à la Chine... M. Strauss-Kahn n'a pas semblé pressé samedi de s'engager dans un tel chantier, estimant que «dans le conseil d'administration, la force de l'expression de tel ou tel pays ne dépend pas que de ses droits de vote» et que «donner plus d'influence à des pays émergents ne passe pas uniquement par cette question». «Je préférerais qu'on mette l'accent sur d'autres aspects qui reflètent l'importance d'un pays. Je citerai l'exemple de l'assistance technique. L'influence d'un pays dans le Fonds se juge aussi au nombre de chercheurs et de salariés qui viennent de ces pays», a-t-il expliqué.