Après une dizaine de jours de la révision de la Constitution proposée par le président de la République Abdelaziz Bouteflika, qui a été adoptée, ensuite par le Parlement avec ses deux chambres, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), par le biais de son président Saïd Sadi, ne décolère toujours pas. Intervenant hier sur la chaîne de télévision française France 24, le leader du RCD a, une nouvelle fois, dénoncé la révision de la Constitution. «Cette révision est un coup d'Etat déguisé. Elle devait se faire par voie référendaire parce qu'elle a modifié l'équilibre des pouvoirs en permettant à M. Bouteflika de concentrer tous les pouvoirs entre ses mains», a tonné M. Sadi pour argumenter son refus quant à la décision du Parlement d'autoriser la réélection de Bouteflika, à une écrasante majorité ; 500 contre 21, députés et sénateurs, ont adopté une réforme constitutionnelle qui ouvre la voie à un troisième mandat pour Abdelaziz Bouteflika. Le président du RCD ne veut en aucun cas baisser les bras devant une telle «régression» de la démocratie, bien au contraire, il a clamé haut et fort son refus catégorique à l'adoption d'un tel projet qui remet en cause, a-t-il indiqué au lendemain de l'adoption dudit projet, les équilibres formels des pouvoirs pour consacrer la personnalisation du régime. Plus loin encore, le leader du RCD a expliqué que le Parlement algérien «issu de la fraude électorale a commis une forfaiture», en votant la révision de la Constitution. «Nous sommes dans une régression politique assez inquiétante. L'opposition n'est pas autorisée à manifester à cause de l'état d'urgence. La liberté de tenir des meetings n'existe pas. ça m'arrive de rester cinq ans sans dire un mot à la télévision et la radio», a ajouté M. Sadi. Le président du RCD n'est pas allé par les quatre chemins pour affirmer que le problème de l'Algérie n'est pas de remplacer un clan par un autre, mais de changer démocratiquement le système de l'extérieur. «Il n'y a pas d'opposition sur le fond entre Bouteflika et l'armée», a assuré M. Sadi qui ne semble pas prêt à baisser les bras : «On ne laissera pas Bouteflika étouffer la nation», a-t-il conclu. Même si il a dénoncé ce qu'il appelle de «coup de force» contre la Constitution, de la machination électorale pour le troisième mandat, et encore loin, ses accusations contre les partisans du pouvoir, n'empêche que Saïd Sadi se présentera à la présidentielle de 2009. Une décision justifiée par ce dernier du fait que la prochaine élection sera marquée par de nombreux observateurs étrangers, et des ONG spécialisées dans les questions électorales.