Barack Obama lors de sa campagne avait promis de fermer ce «centre de la honte». Pour le quarante-quatrième président des Etats-Unis d'Amérique, tout semble aller vers l'application de la «promesse». Ce qui n'exclut ni n'empêche la poursuite des procédures entamées par les 200 détenus. Un nouveau revers vient d'être infligé au président G W Bush par le juge Richard Leon, officiant dans l'un des tribunaux de Washington, qui a ordonné la remise en liberté de cinq algériens détenus à Guantanamo. Cette annonce a été faite par l'agence de presse Reuters et reprise par l'ensemble des médias occidentaux. «A l'énoncé de son verdict, retransmis par téléphone à Guantanamo, le juge Leon a déclaré que les pouvoirs publics n'avaient pas apporté la preuve des intentions des plaignants, que George Bush a accusés de préparer un attentat contre l'ambassade américaine de Sarajevo». Ces Algériens arrêtés, ou kidnappés, en octobre 2001 en Bosnie et maintenus pendant quatre mois dans des lieux secrets avant qu'ils ne soient transférés sur la base américaine de la baie des cochons, sur une partie occupée de Cuba. Ils sont détenus depuis sous l'inculpation d'«ennemis combattants». Ils ont presque tous été jugés sommairement et ont engagé des pourvois en cassation. Plus de 200 détenus sont parqués dans le centre de rétention de Guantanamo. «Le juge de district Richard Leon s'est prononcé sur la base du verdict de la Cour suprême qui a reconnu aux pensionnaires de la prison américaine de Cuba le droit de contester leur détention». Les prémices d'une résolution du cas dit des Algériens de Bosnie se sont confirmées lors d'une déclaration, le mois dernier, par les avocats du département de la Justice qui ont annoncé qu'ils «n'avaient pas l'intention de reprendre les allégations du Président pour justifier le maintien en détention des suspects. Par contre, dans leurs réquisitoires, ils les ont accusés d'avoir voulu gagner l'Afghanistan fin 2001 pour combattre dans les rangs des talibans contre les forces américaines. Lors du procès où ont comparus les six Algériens de Bosnie, seul Belkacem Bensayah n'a pu bénéficier de la remise en liberté. Les cinq autres seront libérés du moment que les éléments à charge qui reposent sur une source anonyme ont été jugés insuffisants pour le magistrat qui ordonné leur remise en liberté. Cela n'a pas laissé indifférents les locataires de la Maison Blanche qui ont vite réagi via le porte-parole Tony Fratto «Nous contestons la décision de la cour selon laquelle nous n'avons pas apporté la preuve de la charge concernant les (cinq) autres détenus». Les pouvoirs publics peuvent faire appel, mais le juge les a invités à y renoncer. Ce n'est la première décision du genre. Le mois dernier, le juge Ricardo avait ordonné la remise en liberté de 17 Ouïgours, minorité musulmane chinoise. Les autorités ont fait appel. Il reste 255 détenus en captivité à Guantanamo. Cette annonce faite par l'agence Reuters et reprise par plusieurs médias occidentaux qui l'ont largement commenté en saisissant l'occasion pour dénoncer à demi-mots et parfois crûment l'Etat américain. D'après un professeur de droit : «le revers est double pour l'Administration Bush qui estimait que ce juge, nommé par le président américain, lui serait favorable… Mais pour beaucoup de ceux qui comme moi, critiquent ce système, il n'y a rien de surprenant... On savait que lorsqu'un vrai tribunal se pencherait sur ces dossiers, ils ne tiendraient pas parce que le système était fait pour éviter les vrais tribunaux». Combien d'Algériens sont détenus à Guantanamo ? C'est la question qui reste sans réponse précise. Le 7 aout dernier, La Nouvelle République avait traité le sujet. Quand il s'agit de prouesses, l'Algérien n'est plus algérien, il devient l'occidental. Par contre, lorsque ce dernier commet une bévue ou une faute, il récupère son «algérianité». Ce n'est plus le franco-algérien de Tora bora ni le bosniaque, même si le jugement définitif lui est favorable. Les six détenus algériens de Guantanamo, Mohamed Nechla, Bensayah Belkacem, L'Ahmar Saber, Mustafa Aït Idir, Hadj Boudellaa, Lakhdar Boumediène ont été arrêtés le 18 janvier 2002 En Bosnie avant d'être envoyés à Guantanamo. Arrêtés par le gouvernement de Bosnie-Herzégovine, ils ont été remis ensuite aux autorités américaines. Ces Algériens suspectés de terrorisme ont été remis à un pays étranger en violation des conventions internationales concernant les droits de l'homme. Le représentant en Bosnie-Herzégovine de la haute commission des Nations unies pour les droits de l'homme avait indiqué que le cas des Algériens était «une soustraction extrajudiciaire à la souveraineté territoriale».