Le 20 janvier, Barack Obama prêtera serment et prendra ses fonctions de président des Etats-Unis d'Amérique à la Maison-Blanche. Il s'assoira sur le siège du bureau ovale et commencera à mettre en pratique ses plans qu'il a gardés parmi ceux qu'il a promis à l'électorat américain. Il avait promis de consacrer toute son énergie et toutes ses forces pour redresser la situation de l'économie américaine chancelante, en priorité. Concernant les relations de l'Amérique avec le reste du monde, il avait préconisé une refondation profonde. Sauf qu'avant même qu'il ne franchisse le seuil de la Maison-Blanche, il est devant un fait imposé par la situation critique que vit le Moyen-Orient. Fera-t-il comme ses prédécesseurs en se cassant les dents devant la complexité du problème ? Fermera-t-il les yeux ? Tergiversera-t-il en proposant des solutions bonnes dans la forme et impossibles à mettre en œuvre ? Enfin pour l'instant, c'est le risque de la récession de l'économie américaine qui doit le préoccuper en priorité. Quand aux affaires courantes immédiates de la politique étrangère, c'est à Hillary Clinton de s'en charger. Ses positions connues, pour avoir soutenu les agressions de l'Irak et son faible pour Israël donnent un avant goût de ce que va continuer d'être demain au Moyen-Orient. Obama est rattrapé par la réalité du conflit. Alors la raison et surtout le visage qu'il a mis en exergue lors de la campagne électorale, qui l'a d'ailleurs porté sur la plus haute marche, risque de prendre à contre-courant tout observateur mal averti. Il devait être plus réservé que Bush dans son soutien à Israël. Le fait qu'il ait nommé Hillary Clinton et qu'elle soit chargée de traiter le dossier au lendemain de son installation risque de décevoir d'abord l'électorat américain et qui n'adhérera pas à son probable plan de relance et de redressement de l'économie. Les Américains ne sont pas amnésiques surtout ceux qui ont préféré Obama à Hillary lors des primaires ou elle avait jugé les intentions, à ce sujet, d'Obama de «naïves». Israël ne lui facilite pas la tâche non plus (c'est ce que l'on déduit naïvement en excluant un plan, en sourdine, commun israélo-américain) et vient de faire le forcing pour déblayer le terrain. Livny n'a cédé aucune concession lors de la rencontre avec le chef de l'Etat français Nicolas Sarkozy concernant «les 48 h» de trêve pour l'acheminement de l'aide humanitaire. C'est en sorte une préparation des prochains chantiers politiques. L'offensive aérienne israélienne continue sans relâche, et qu'une entrée des troupes terrestres à Gaza n'est pas exclue par Tsahal. Certains observateurs disent que tout cela est un scénario confectionné sur mesure pour une sortie honorable de Bush qui espérait quitter son poste avec une solution. La sortie de crise aura-t-elle lieu avant qu'Obama ne prenne ses fonctions ? Est-ce un cadeau pour G. W. Bush de la part d'Israël pour services rendus ? Ce sont-ils (Obama et Bush) entendus sur la démarche ? Enfin tout est possible du moment que ce ne sont que des Palestiniens qui meurent. Certains médias occidentaux relèvent à ce sujet : «L'Administration Bush est très critiquée pour avoir délaissé le conflit israélo-palestinien, au profit de la guerre en Irak et de son projet ensablé de démocratisation du Moyen-Orient. Très favorable à Israël, elle s'est investie tardivement sur le dossier, avec l'initiative de paix d'Annapolis lancée par Condoleezza Rice l'an dernier.» Depuis ce week-end, ce récent effort est réduit à néant. L'Administration sortante juge que le Hamas en porte seul la responsabilité, pour avoir brisé le cessez-le-feu qui expirait le 19 décembre. L'organisation islamiste a lancé près de 200 missiles sur le territoire israélien depuis cette date. «Israël a besoin d'agir pour se défendre», a réagi la Maison-Blanche, donnant raison aux Israéliens. Partant de cette analyse il sera difficile à Barack même si la question n'est à traiter qu'après 20 janvier. Ce jour-là, Barack Obama sera jugé sur sa capacité de dessiner une sortie de crise. Apportera-t-il un changement dans la gestion des affaires et des crises comme il l'a promis tout le long de sa campagne électorale ? Ou bien agira-t-il comme son prédécesseur ? A cette dernière question, ses conseillers ont déjà répondu qu'il ne pouvait y avoir «qu'un président à la fois», c'est ce que faisait Bush dans la gestion des urgences. Malgré la puissance des médias qui ont de tout temps accordé de l'indulgence aux présidents américains lors des premiers pas, l'heure de vérité du changement des choses approche. L'éditorialiste Michael Falcone du New York Times a écrit en substance :«Cela pourrait être le premier défi majeur de sa présidence», d'autant plus que c'est un métis qui suscite des attentes de changements immenses chez les alliés et chez les ennemis des Etats-Unis. Quand à d'autres analystes optimistes développent la volonté de rééquilibrage prônée par Barack Obama qui devrait être, selon eux, plus réservé dans son soutien. Les recommandations d'anciens poids lourds du Parti démocrate, comme Brent Scowcroft et Zbigniew Brezinski, exprimeraient une volonté de rééquilibrage. Obama n'a pas caché son désir de se rendre en priorité dans un grand pays d'islam pour renouer avec une communauté musulmane qui compte 1,5 milliard d'hommes. Mais avec l'arrivée d'Hillary Clinton au département d'Etat, ce désir de se démarquer de son prédécesseur pourrait être modéré. Si l'agression persistera au-delà du 20 janvier, c'est-à-dire que Bush sortira par la petite porte exclu sans «gloire» du monde politique et Obama aura fort à faire surtout de part l'engagement fait d'être aux côtes des Israéliens, lors de sa visite à Sdérot «Si quelqu'un tirait des roquettes sur la maison où mes deux filles dorment chaque soir, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour faire cesser cela», a dit Obama. Enfin, d'ici là ,espérons qu'une solution soit trouvée et que l'agression cesse.