Le président sortant du Ghana, John Kufuor, devait passer le relais mercredi, après huit ans au pouvoir, à son successeur John Atta-Mills, qui prêtera serment lors d'une cérémonie en présence de plusieurs chefs d'Etat africains. Ce sera la deuxième fois en dix ans qu'un président élu transmettra le pouvoir à l'opposition à l'issue d'un scrutin, dans cette nation ouest-africaine de 23,5 millions d'habitants, érigée en modèle de démocratie pour l'Afrique. John Atta-Mills, 64 ans, qui représentait l'opposition sous les couleurs du Congrès national démocratique (NDC), a remporté de justesse la présidentielle dont les résultats ont été annoncés samedi, face au candidat du pouvoir, Nana Akufo-Addo. Le président élu est un juriste et ancien vice-président du capitaine Jerry Rawlings. Il se présentait au poste suprême pour la troisième fois, après avoir été défait, en 2000 et en 2004, par John Kufuor. M. Kufuor, 70 ans, un démocrate tenace dont les efforts en matière de démocratie et d'économie ont été régulièrement salués par la communauté internationale, tire sa révérence après deux mandats de quatre ans, la limite constitutionnelle qu'il n'a pas cherché à repousser. La cérémonie de passation de pouvoir devait avoir lieu sur la place principale d'Accra, Independance Square, décorée pour l'occasion aux couleurs du Ghana, vert, jaune, rouge et noir. De grandes tentes blanches avaient été dressées pour accueillir environ 5 000 invités. Parmi les présidents africains attendus figuraient Laurent Gbagbo (Côte d'Ivoire), Umaru Yar'Adua (Nigeria), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Faure Gnassingbé (Togo), ou encore Ellen Johnson Sirleaf (Liberia). Devaient également être présents le Premier ministre nigérien, Seïni Oumaro, et le ministre d'Etat marocain, Mohamed El Yazghi. Mark Malloch-Brown, secrétaire d'Etat britannique à l'Afrique, devait aussi faire le déplacement et représenter l'ancienne puissance coloniale dont le Ghana est devenu indépendant, en 1957, Kwame Nkrumah devenant son premier président. La présidentielle, qui s'est déroulée sans heurts malgré des tensions croissantes sur la fin qui avaient fait craindre des affrontements, a été unanimement saluée par les dirigeants étrangers. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a évoqué «un exemple admirable» de démocratie alors que l'année 2008, en Afrique, a été marquée par des violences post-électorales au Kenya et au Zimbabwe. Bien que l'alternance du pouvoir au Ghana soit générale, le Parlement ayant aussi basculé à la faveur du NDC à l'issue des législatives du 7 décembre, les observateurs s'attendent à une transition en douceur. John Atta-Mills, qui a prôné le changement tout au long de sa campagne, s'est engagé, lundi, à «continuer les projets initiés par le président Kufuor, maintenir la paix et la stabilité et promouvoir l'unité». Aucun changement de cap majeur n'est attendu dans le domaine de l'économie, mais la nouvelle équipe devra composer avec la crise financière internationale et apporter des réponses satisfaisantes à l'électorat populaire qui l'a porté au pouvoir, estimait Yaw Kwakwa, analyste du cabinent Generation Investment. «Leur arrivée au moment de la crise financière signifie que des entrées de capitaux seront probablement retardées», a-t-il relevé. John Atta-Mills aura également pour tâche de gérer, à partir de 2010, le début de la production commerciale de pétrole découvert au large des côtes du pays en 2007. Cette découverte nourrit les espoirs de nombreux ghanéens qui rêvent d'une abondance rapide de pétrodollars. Le Ghana est déjà un important producteur d'or et de cacao.