Plusieurs constructeurs automobile européens détailleront leurs résultats annuels la semaine prochaine et les investisseurs se concentreront, surtout, sur les niveaux des stocks et de la dette, à l'heure où l'industrie continue d'affronter la crise. Bon nombre d'acteurs ont révisé, en baisse, leurs prévisions 2008 mais des analystes s'attendent à ce que ces nouveaux objectifs ne soient pas atteints et leur attention se porte, en priorité, sur des éléments d'appréciation pour 2009 alors que la visibilité sur le secteur est jugée nulle. «Les bénéfices (de 2008) seront, largement, hors de propos. Tout le monde va regarder l'état des stocks, la dette, quelles lignes de crédit sont disponibles et quels sont les besoins de liquidités sur le court terme» résume Stuart Pearson, analyste auprès de Crédit suisse. «Le marché ne va pas se satisfaire d'un niveau de stock élevé» ajoute Michael Tyndall, de chez Nomura International. En France, PSA Peugeot Citroën publiera ses comptes mercredi, Renault jeudi. Du côté des équipementiers, Michelin et Valeo communiqueront vendredi. En Allemagne, Daimler présentera ses résultats le 17 février, Volkswagen le 12 mars et BMW le 18 mars. Premier à dévoiler ses chiffres le 22 janvier, l'italien Fiat a fait état d'un bénéfice en baisse de 30%, au quatrième trimestre, et annoncé un endettement trois fois supérieur à ses propres attentes. Dans une note de recherche, le bureau d'analyse Bernstein fait observer que les constructeurs allemands semblent le mieux placés en Europe pour préserver leur capital, et qu'ils sont moins susceptibles d'avoir recours à un soutien public. «Les immatriculations de Volkswagen ont été très bonnes et le groupe a décidé de réduire sa production après les autres, mais certains prédisent un ralentissement au premier trimestre et Volkswagen, lui-même, a prévenu qu'il pourrait passer dans le rouge sur la période» tempère, toutefois, Michael Tyndall. Selon lui, le grand avantage des groupes automobile allemands réside dans leur trésorerie, plus élevée que celle des groupes français. Interrogé sur Renault, l'analyste souligne que le groupe doit, encore, faire ses preuves avec le renouvellement de la famille Mégane, et que son partenaire japonais, Nissan, a contracté une dette importante libellée en yens, un handicap alors que la devise japonaise s'apprécie depuis plusieurs mois, notamment contre le dollar et l'euro. Sinistre L'inquiétude est, également, de mise du côté des équipementiers. Pénalisés des ventes, en nette baisse, et des besoins d'argent frais, ils souffrent des mêmes maux que leurs donneurs d'ordres. Le numéro un européen, Robert Bosch, a annoncé, la semaine dernière, avoir échoué à atteindre son objectif de marge 2008 et averti d'une possible dégradation de sa rentabilité en 2009. Pour Michael Tyndall, les français Valeo et Faurecia «vont éprouver de réelles difficultés à distiller une touche positive sur leurs résultats.» «Nous anticipons une publication sinistre, des perspectives difficiles et des commentaires sur les liquidités», explique-t-il. Tous les analystes s'accordent sur un point : les constructeurs ne devraient pas annoncer d'objectifs pour 2009. Les voitures neuves, en Europe, ont reculé de 7,8% l'an dernier, la plus forte baisse du marché depuis 15 ans. En France, les ventes ont diminué de 0,7%, une résistance à mettre sur le compte de la mise en place d'un «bonus-malus écologique», laquelle a permis de soutenir les ventes sur les six premiers mois de l'année. Au repli des ventes, se sont ajoutées les tensions nées du resserrement des conditions de crédit, un élément particulièrement perturbateur pour l'industrie automobile. A l'heure actuelle, plus d'un véhicule sur deux est financé à crédit. Dans l'espoir de redresser le secteur, les gouvernements européens réfléchissent à des mesures de soutien. Paris a instauré, en décembre, une prime à la casse de 1 000 euros pour tout achat d'un véhicule vert, et envisage de consacrer cinq à six milliards d'euros à l'ensemble de la chaîne automobile, des sous-traitants aux constructeurs. Les modalités du plan français devraient être connues dans les prochaines semaines.