Les Palestiniens se montraient maussades hier à l'issue des élections législatives israéliennes, qui laissent présager la mise en place d'un gouvernement conservateur opposé au principe de l'échange de terres contre un Etat palestinien. L'Autorité palestinienne a néanmoins fait valoir que le prochain cabinet israélien serait tenu de poursuivre les pourparlers de paix et de respecter ses engagements internationaux. «La montée de la droite israélienne ne nous inquiète pas», a déclaré le président palestinien Mahmoud Abbas au journal italien La Repubblica. «Une fois que le gouvernement sera au pouvoir, et quelle que soit sa forme, la responsabilité et le pragmatisme prévaudront.» Le Likoud de Benjamin Netanyahu (droite) et le parti centriste Kadima de Tzipi Livni ont tous deux revendiqué la victoire mardi soir, ce qui fait planer un doute quant à l'identité du prochain Premier ministre. Mais les partis situés à la droite de Kadima – à commencer par la formation d'extrême droite Yisraël Beitenu d'Avigdor Lieberman, arrivée en troisième position – semblent en mesure de constituer un bloc majoritaire. La gauche travailliste d'Ehud Barak aurait réalisé le plus mauvais score de son histoire. Le Premier ministre palestinien Salam Fayyad, dont le gouvernement pro-occidental administre la Cisjordanie occupée alors que la bande de Ghaza est aux mains des islamistes du Hamas, a déclaré aux journalistes que l'Etat juif devrait remplir ses obligations internationales. «Nous supposons que les attentes de la communauté internationale (envers Israël) seront les mêmes que les nôtres», a-t-il dit. Les Palestiniens font encore face aux conséquences de l'offensive aéro-terrestre israélienne de 22 jours contre la bande de Ghaza, qui s'est soldée par la mort de 1 300 Palestiniens ainsi que des milliers de blessés ou de sans-abri. Israël a décidé cette opération en riposte aux tirs de roquettes provenant de Ghaza et visant le sud de son territoire. L'enclave côtière est contrôlée depuis 2007 par le Hamas, qui en a chassé le Fatah du président Abbas. «Je ne suis pas optimiste au sujet du prochain Premier ministre israélien. Ils ont des visages différents mais leur politique est la même. Livni ou Netanyahu – qui penserait à rendre leurs terres aux Palestiniens ?», fait valoir Osman al Natcheh, commerçant à Hébron. «Les Israéliens ont voté pour la droite et contre la paix. Nous ne verrons pas de progrès dans le processus de paix au cours des années qui viennent», estime Ali Zaidan, employé de bureau à Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne en Cisjordanie.