Le tribunal criminel siégeant près la cour de Mostaganem, en sa première session criminelle de l'année courante, lors de son audience d'avant-hier, samedi, a jugé une sensible affaire d'infanticide qui, avec un peu plus de conscience et de compréhension, devrait être évitée. La genèse de ce regrettable drame, qui a eu pour théâtre le douar El-Hachemi, relevant e la commune de Sayada, distante de 4 km du chef-lieu de wilaya, Mostaganem, remonte au mois de juillet de l'année écoulée, où la dénommée T. Keltoum, accompagnée de sa mère, HM, s'est rendue au cabinet médical du village pour y subir une consultation à la suite de convulsions thoraciques. A la suite d'un malaise, elle s'est dirigée vers les toilettes pour une bonne demi-heure. Constatant que la patiente était sous l'effet d'une hémorragie, le médecin traitant lui a administré une injection. Bien après, quand l'infirmière a voulu actionner la chasse d'eau des toilettes, elle avait constaté que cette dernière ne fonctionnait plus. Volant s'enquérir de cette défaillance, en ôtant le couvercle de la chasse, elle découvrit le cadavre d'un nouveau-né. Au terme des investigations diligentées par les gendarmes, et suite à des recoupements d'informations, la présumée criminelle fut arrêtée. Au terme des procédures y afférentes, auprès du magistrat instructeur et de la chambre d'accusation, cette affaire a été renvoyée par devant le tribunal criminel où T. Keltoum, 19 ans, a été accusée d'infanticide et sa mère, M. Boughalem, de complicité pour non dénonciation de crime. A la barre, l'accusée, tout en avouant les faits, rejette toute complicité de la part de sa mère. Le président, Hadj Habib Ahmed, ménage l'accusée, avec sagesse, à l'effet de faire toute la lumière dans cette affaire, mais T. Keltoum déclare que personne n'était au courant de la grossesse. Toute en pleure, la mère clame son innocence et réfute toute complicité. L'infirmière et les médecins déclarent tout ignorer de ce drame, si ce n'est après la découverte macabre du nouveau-né. Le représentant du ministère public, Aguez Ali, tout au long d'un émouvant réquisitoire, a mis en exergue les maux sociaux qui gangrènent notre société. Se trouvant devant le fait accompli, ce crime pouvait être évité. Aujourd'hui, vous êtes doublement condamnés, avec la justice divine, et de requérir la peine de 10 années de réclusion criminelle pour la fille, et une année de prison ferme pour la mère. Au terme des délibérations, le tribunal condamne T. Keltoum à 3 ans de réclusion, et acquitte la mère.