Le président palestinien Mahmoud Abbas a refusé lundi un retour à la «case départ» dans les négociations de paix quand sera formé le gouvernement israélien issu des législatives du 10 février. «Il est exclu qu'on retourne à la case départ», a déclaré M. Abbas à la presse à Ramallah, en Cisjordanie, après un entretien avec le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. «Tout futur dialogue entre nous et Israël doit être précédé par un arrêt total de la colonisation, la levée des barrages et le retour des forces israéliennes à leur position d'avant le 28 septembre 2000», date du début de l'Intifada, a-t-il ajouté. «Si la colonisation ne s'arrête pas, toute négociation sera futile et inutile», a encore dit M. Abbas. Il a affirmé qu'il jugera le prochain gouvernement israélien «en fonction de son programme et à quel point il est conforme à la légitimité internationale et à la vision des deux Etats», Israël et la Palestine. Grâce au soutien du camp de la droite sorti renforcé des élections législatives, le chef du Likoud Benjamin Netanyahu est pratiquement assuré de diriger le prochain gouvernement. M. Netanyahu est opposé à la création d'un Etat palestinien disposant d'une réelle souveraineté, thème au coeur des négociations israélo-palestiniennes. M. Abbas a en outre évoqué avec M. Lavrov la conférence sur le Proche-Orient que Moscou doit accueillir dans les prochains mois. «Nous sommes convenus de l'importance de la tenue de cette conférence au premier semestre de cette année. Nous comptons beaucoup sur cette conférence que nous voyons comme une étape importante vers la paix», a-t-il dit. M. Lavrov a annoncé avoir remis à M. Abbas une lettre du président Dmitri Medvedev sur la «crise» née de la récente offensive israélienne meurtrière qui a dévasté la bande de Ghaza et les moyens de reprendre le processus de paix. «Nous allons poursuivre nos efforts en vue d'une reprise du processus de paix et cela nécessite le respect par les deux parties des obligations de la Feuille de route, à savoir l'arrêt de la violence et de la colonisation», a dit M. Lavrov, en référence à un plan de paix international resté lettre morte. Il a annoncé que la Russie participerait à la conférence de donateurs pour la reconstruction de Ghaza le 2 mars prochain au Caire. «Nous allons continuer à aider Ghaza et l'Autorité palestinienne à bâtir ses institutions et à renforcer ses services de sécurité». M. Lavrov a affirmé que Moscou maintenait ses contacts avec le mouvement islamiste Hamas au pouvoir à Ghaza, considéré comme une organisation terroriste par Israël et l'Occident. «La Russie n'a pas cessé les contacts avec le Hamas et les évènements ont prouvé que nous avions raison d'entretenir de tels rapports puisque plusieurs pays occidentaux reconnaissent désormais que boycotter le Hamas a été contreproductif», a-t-il dit. «Le but de ces contacts est d'aider les Palestiniens à surmonter leurs divergences et de contribuer au succès de la réunion prévue le 22 février prochain au Caire», a-t-il ajouté en allusion au dialogue de réconciliation entre M. Abbas et le Hamas qui a délogé son Autorité de Gaza en juin 2007. M. Lavrov s'était entretenu auparavant avec M. Netanyahu à Jérusalem et, avant lui, avec le Premier ministre israélien Ehud Olmert et le président Shimon Peres.