La souffrance des victimes des essais nucléaires français dans le Sahara algérien, leurs désarrois et revendications sont les principaux points évoqués dans le film-documentaire Gerboise bleue, l'éclair de la honte, projeté mardi soir à la salle Ibn-Zeydoun à Alger. Réalisé en 2008 par le jeune Djamel Ouahab, ce film-documentaire de 90 minutes raconte l'histoire des anciens vétérans français et des Touareg algériens victimes des premiers essais atomiques français à Reggane (sud-ouest) et à In-Eker (Tamanrasset) entre 1960 et 1966. La majorité des personnes interviewées dans ce film, projeté dans le cadre du cycle cinématographique «Reggane mon amour», témoignent de leurs combats pour la reconnaissance de leurs maladies apparues plusieurs années après le déroulement des essais nucléaires, et révèlent dans quelles conditions les tirs se sont produits. Des images montrant le point zéro de Gerboise Bleue, premier essai atomique français en atmosphère, quatre fois supérieur à Hiroshima, ont accompagné des témoignages poignants de vieilles personnes algériennes et françaises ayant vécu l'explosion et qui gardent des séquelles flagrantes, dont des irritations de la peau et la cécité. «J'ai choisi Gerboise bleue comme sujet de mon film-documentaire parce que ce tir atmosphérique, qui était d'une puissance quatre fois supérieur à celle de Hiroshima, me paraissait beaucoup plus destructeur que les autres tirs», a indiqué le réalisateur Djamel Ouahab à la presse. «J'ai voulu, à travers ce film, donner la parole aux victimes, celles qui ont été les premières touchées, à savoir les populations des oasis et les militaires français, qui tous étaient au même titre que les autres, dans l'ignorance la plus totale sur les risques et dangers de ces essais nucléaires», a-t-il ajouté. «J'espère que mon film contribuera à éveiller les consciences et à sensibiliser les politiques sur la gravité de la situation», a souligné le réalisateur Ouahab, ajoutant que les populations de la région méritent aujourd'hui d'être sérieusement prises en charge. Il a également souligné la nécessité d'élaborer des études épidémiologiques dans les zones proches des lieux où se sont produits les tirs atmosphériques ainsi que dans les zones contaminées.