Quittons un instant notre malchanceux petit humain faiblard pour nous intéresser à un autre, tout aussi con, mais bien plus chanceux, puisqu'il possède des millions de petits bouts de papiers sur lesquels est écrit qu'ils valent au moins autant que la vie d'un gosse abandonné en plein milieu de l'Afrique. «Tant pis, tuons-les tous, mais moi je garde les billets... ». Pris de vitesse par sa propre connerie, ce gars-là, se prend pour un dieu vivant, et les gens se prosternent à son passage. Et il s'en extasie en bouffant des plats exquis dans une cuillère en or, alors qu'il est super fragile : traitement antidiabétique, hypotenseurs, cardiovasculaires, etc.... Vous m'avez compris, qu'il le veuille ou non son Sur Moi le tourmente rudement face à la famine des autres. En plus, la générosité, c'est toujours bien vu, et ça augmente un peu sa popularité, histoire de gonfler encore un peu son troisième étage pour se propulser jusqu'au quatrième, à savoir l'estime de soi. Alors, ce genre d'homme qui pète dans la soie et ne voyage qu'en compagnie de chiens de gardes près à vous arracher les tripes, fonde une organisation d'aide aux petits crevards pour qu'ils puissent continuer à crever, mais qu'au moins ils sachent pourquoi. Fort de cette démarche ô combien respectable, il essaye de tranquilliser sa conscience. Oui, d'accord, il exploite ses ouvriers, arnaque ses clients et trompe ses fournisseurs, mais il se dit rien que pour s'apaiser des remords qui le rongent, qu'il ne le fait pas pour lui-même, mais pour ces petits «trucs» noirs, avec des pattes toutes bizarres et un ventre gonflé qu'on dirait des trolls tout maigres. «Alors, des affamés de cette trempe qui attendent patiemment les restes des ONG humanitaires, ça et là, auraient du apprendre à lire et étudier sérieusement», titube-t-il dans un jargon hypocrite. Eh oui, l'accomplissement personnel exige quand même un certain niveau. Mais, lui avec ses drôles de billets, peu importe la couleur, pense renverser l'ordre logique pour créer un nouvel ordre mondial régi par l'absurde. Mais cet homme, qui tente de se distinguer par sa bienveillance sur ces petits Africains affamés apprend que, là-bas dans la brousse, il y a des milices armées. Il reçoit alors un message personnalisé qui l'invite à les chasser tels des animaux sauvages. «Mais pour qui se prennent-ils, c'est moi le roi de ce monde, y compris la jungle», se dit-il. Il pense donc démocratiser cette «faune». Il envoie ses sbires superarmés. Il perpètre les plus horribles massacres pour remettre de l'ordre. Non dans les rangs de ces population ; mais dans son «arsenal» bancaire en gonflant sa bourse par des pétrodollars. Accompagné, ainsi, dans ces crimes contre l'humanité, par des médias audacieusement gagnés à sa cause, en échange de quelques menus bénéfices, à l'image de bouffons tout à fait dévoués au roi. Mais ce que cet homme, qui tente de démocratiser le monde oublie, c'est qu'il est lui-même un bout de viande parmi d'autres, voué à une mort solitaire parce qu'il ne trouvera personne à ses côtés. (Suite et fin)