Outre quel'on peut se demander si les rédacteurs de ce rapport vivent sur la planète Algérie, comment peut-on aller à ces affirmations sans analyser la répartition par couches sociales et objectivement le calcul du taux d‘inflation réel et surtout avec l'effritement du système d'information en Algérie où chaque département ministériel contredit l'autre. J'en conviens avec le CNES, cela étant dû en grande partie à la rente des hydrocarbures et non d'une véritable politique salariale axée sur la création de valeur contredisant d'ailleurs les propos du ministre du Travail, témoignant de la faiblesse d'une économie productive renvoyant à la panne de la réforme globale. Je me permets, pourtant, de contredire ces affirmations euphoriques en demandant aux experts du CNES de faire des enquêtes sur le terrain pour voir la dure réalité, dans cette présente contribution reprenant les axes directeurs d'une interview que j'ai donnée à la télévision internationale Al Jazeera le 23 décembre 2009 qui reprend, d'ailleurs, mes analyses largement parues dans la presse algérienne 1- Les causes du retour de l'inflation L'inflation est effectivement de retour en Algérie démentant les prévisions gouvernementales et a dernière mission des experts FMI à Alger qui présidaient une maîtrise, voire une baisse du taux d'inflation. Selon l'organe officiel, l'ONS, le taux d'inflation a été de 1,6 % en 2006, 2,5 % en 2007, 4 % en 2008, allant vers 6 % en 2009, posant d'ailleurs le problème du taux d'intérêt bancaire qui devrait être supérieur de 2 à 3 points par rapport au taux d'inflation et surtout la méthode de calcul de l'indice des prix par l'organisme officiel de la statistique ONS. Quelles sont les causes de l'inflation ? J'en recense essentiellement trois par ordre décroissant : I-. La première raison du retour à l'inflation est l'inefficacité de la dépense publique clôturée entre 2004-2009 à plus de 200 milliards de dollars US qui n'est pas du tout proportionnelle aux impacts économiques et sociaux. Car le taux de croissance moyenne 200-42009 a été inférieur à 3 % selon l'officiel et invoquer 11 % hors hydrocarbures en 2009 selon le CNES, et comment expliquer par miracle ce doublement par rapport aux prévisions du ministre des Finances il y a de cela seulement 5 mois. Cela est une utopie, étant un chiffre artificiel, car plus de 80 % des segments hors hydrocarbures sont irrigués eux-mêmes par la rente des hydrocarbures restant aux entreprises créatrices de richesses moins de 2 % hors hydrocarbures alors que le taux de croissance de la population active dépasse 3,5 %, flux annuel de demande d' emploi additionnel 450 000-500 000/an. Pour des dépenses représentant 1/3, des pays similaires au nôtre ont eu un taux de croissance largement supérieur témoignant à la fois de mauvais choix dans l'allocation des ressources financières et de la mauvaise gestion généralisée ce qui implique de poser les raisons de l'inefficacité de la dépense publique car le taux de croissance durable et non fictif hors hydrocarbures aurait dû être de plus de 7-8%. Ce qui explique les raisons d'inefficacité, de gaspillage et de corruption. et je partage l'avis du CNES pour qui miser comme actuellement sur les infrastructures. Je cite le président du CNES :«L'Algérie va droit au mur.» Nous aurons ainsi une inefficacité de la dépense publique niveau macroéconomique à plusieurs niveaux A)- Sur le gonflement de la valeur des importations qui est due essentiellement à la dépense publique et ses surcoûts ; B)- Sur la balance des paiements du fait que le doublement de la valeur des services entre 2006/2008 (11 milliards de dollars en 2008) concerne essentiellement le poste infrastructures et le montant sera identique sinon supérieur en 2010 avec ce paradoxe : fuite des cerveaux et appel à l'assistance étrangère, l'appel à l'émigration étant un mythe si l'on continue à privilégier les rentiers gravitant autour des sphères du pouvoir ; C)- Sur le faible taux de croissance ; les exportations hors hydrocarbures indicateur de l'efficacité économique n'ont jamais dépassé 1,5 milliard de dollars avec une chute inquiétante de 40 % en 2009 selon les dernières statistiques douanières, moins de 1 milliard de dollars, 50 % étant représentés par des déchets ferreux et semi-ferreux. Car, hélas les dernières statistiques douanières (les 10 mois de 2009) ne donnent qu'un ralentissement de 3 % de la valeur des importations (soit 1,2 milliard de dollars), nous orientant vers 38-39 milliards de dollars contre 40 milliards en 2008, somme dérisoire alors que nous avons assisté à une déflation des prix au niveau mondial (baisse des prix, donc inflation importée presque nulle) et à une récolte intérieure exceptionnelle (pluviométrie). (A suivre) Docteur Abderrahmane Mebtoul, expert international, économiste