Washington déploie des navires spécialisés dans la défense antimissiles au large des côtes iraniennes ainsi que des batteries de missiles antimissiles Patriot dans quatre pays : le Qatar, les Emirats arabes unis, Bahreïn et le Koweït. «Notre premier objectif est de dissuader les Iraniens et de s'en prendre à leurs voisins», a déclaré un haut fonctionnaire cité par le quotidien new-yorkais. «Le deuxième est de rassurer les Etats arabes afin qu'ils ne se sentent pas obligés de se procurer eux-mêmes l'arme nucléaire. Mais il s'agit aussi en partie de calmer les Israéliens», a-t-il ajouté. Hier, un porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a estimé que le déploiement américain serait «inefficace». Ces préparatifs militaires visent à prévenir d'éventuelles représailles iraniennes qui suivraient un renforcement des sanctions internationales contre Téhéran. Ils pourraient aussi dissuader Israël de frapper militairement les installations nucléaires iraniennes pour retarder le programme de fabrication d'une arme atomique par la République islamique. Le Sénat américain a adopté la semaine dernière un projet de loi permettant au président Barack Obama de sanctionner les importations d'essence iraniennes pour obliger Téhéran à se conformer à ses obligations internationales concernant son programme nucléaire. Barack Obama a tenté, après son arrivée au pouvoir il y a un an, une stratégie de la main tendue et du dialogue avec Téhéran qui n'a eu aucun effet. La stratégie américaine actuelle avec l'Iran est devenue plus dure. Elle a été résumée, le 7 janvier dernier, par l'amiral Michael Mullen, qui dirige l'état-major combiné américain: «Je pense qu'ils sont engagés stratégiquement dans le développement d'armes nucléaires et cela depuis quelques temps. Je pense que cette perspective est très, très déstabilisante. D'un autre côté, quand on me parle de frapper l'Iran, cela est aussi une perspective très, très déstabilisante.» L'amiral avait reconnu, en décembre 2009, lors de cette audition publique devant les parlementaires américains que les Etats-Unis avaient des plans d'attaque contre l'Iran. «Nous devons en avoir.» L'Iran refuse depuis des mois une offre de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) de faire enrichir son uranium à l'étranger. La communauté internationale soupçonne Téhéran de développer des capacités militaires sous couvert d'un programme nucléaire civil. Washington et cinq autres pays (Allemagne, Chine, France, Royaume-Uni, Russie) tentent de se mettre d'accord sur des sanctions accrues contre l'Iran, mais la Chine affirme vouloir poursuivre la négociation avec Téhéran, ce qui a créé des tensions croissantes entre les Etats-Unis et Pékin.