, Les prix affichés dans les marchés aux bestiaux, cette dernière semaine, font mal aux éleveurs. La brebis suitée (ndlr, avec son ou ses deux agneaux) n'a guère dépassé les 12 000 DA. Une semaine auparavant, où elle se faisait rare sur les marchés de Djelfa, Hassi Bahbah et Birine, elle n'était cédée qu'à partir de 24 000 DA. C'était un prix moyen et juste. La dégringolade est due à l'absence de pluie et surtout au comportement du président de l'APC de Merara, daïra de Djamaâ, dans la wilaya d'El-Oued. Ce dernier a interdit le pâturage dans sa commune, «le réservant à sa famille», s'insurge-t-on sur place. Il n'hésite pas, selon les éleveurs qui sont en hivernage dans cette région, à mobiliser la brigade de gendarmerie sous prétexte que les Ouled Naïl et les autres éleveurs venus de la région de Djelfa menacent la stabilité de la localité. Par ailleurs, les éleveurs se sentent touchés dans leur dignité, car le P/APC, ajoutent-ils, profite du souk pour mobiliser la brigade de gendarmerie locale afin d'effectuer des perquisitions dans les campements des éleveurs où ne se trouvent que des femmes et des enfants. Ils disent aussi que le maire demande de la ziara (ndlr, pot-de-vin) et il représente une tribu qui n'a jamais eu de bonnes relations avec les Ouled Naïl depuis l'invasion coloniale. Les éleveurs ont décidé de se redéployer à la limite de la wilaya de Djelfa, préférant perdre de l'argent et leurs troupeaux que leur dignité. Pour le moment c'est uniquement le prix de la bête qui a chuté, entraînant avec lui les éleveurs. Les maquignons et chevillards tirent leur épingle du jeu, mais les bouchers, eux, continuent d'appliquer la loi du prix fixé. Sont-ils de connivence avec les maquignons et chevillards ? L'économie de bazar persistera tant que des circuits de régulation et de traçabilité des viandes ne sont pas mis en place par l'Etat. Quand au maire d'El-Merara, il finira bien par être rappelé à l'ordre par les siens, car dans cette commune, plus du tiers de la population, qui s'est toujours abstenue de voter, est originaire des Ouled Naïl. Dorénavant, vont-ils s'inscrire sur les listes électorales ? C'est l'avenir qui nous le dira. Chez les êtres humains, il y a toujours une place à la raison. Espérons, encore une fois, que les institutions de l'Etat ne fassent plus le jeu des maîtres chanteurs.