? Nicolas Sarkozy s'efforcera, lors d'une visite de quatre heures, hier, à Port-au-Prince, de tourner une page de trois siècles d'histoire douloureuse entre la France et son ancienne colonie de Haïti, francophone mais, désormais, plus tournée vers le grand voisin américain. Le séisme du 12 janvier -- 210 000 morts et 1,2 million de sans-abri -- a fourni l'occasion de cette première visite d'un président français à Haïti, qui se partage avec la République dominicaine la plus grande île des Caraïbes, Hispaniola. «C'est l'occasion de montrer que la France se mobilise pour rendre aux Haïtiens le contrôle de leur destin mais aussi de solder les comptes du passé», explique l'entourage présidentiel. Occupé à la fin du XVIIe siècle, «Haïti a été pour la France une colonie surexploitée», reconnaît l'Elysée, un peu plus de deux siècles après la proclamation d'indépendance haïtienne le 1er janvier 1804, à l'issue d'une révolte d'esclaves. Après une longue phase d'oubli, les relations ont repris progressivement à partir des années 1960 mais ont longtemps été entravées par la dictature des Duvalier père et fils, entre 1957 et 1986, puis par les convulsions politiques qui ont suivi. Aujourd'hui, 2,3 millions de Haïtiens vivent aux Etats-Unis et au Canada. Ils ne sont que 60 000 en France, où le dictateur «Baby doc» -- Jean-Claude Duvalier -- a trouvé exil en 1986.