Ces effroyables images de ces montagnes de cadavres à ciel ouvert à Port-au-Prince ne peuvent pas être le seul fait d'un séisme, même à 7 degré sur l'échelle de Richter. La planète compte, hélas, des tremblements de terre réguliers avec, parfois, les dégâts d'un véritable tsunami. La tragédie humaine est partout une tragédie humaine, mais cette fois elle n'a pas pris la même dimension. Un pays à plat Haïti est, depuis quelques jours, une île à plat, avec plus de 200 000 personnes ensevelies sous les décombres de béton armé, mortes et déjà enterrées. La tragédie, elle, commence à peine à émerger et n'a donc pas encore révélé sa vraie dimension, toute son horreur dans ce pays où il n'y a plus ni hôpitaux, ni médicaments, ni électricité, ni essence, ni biens alimentaires, ni siège du gouvernement, ni antenne des Nations unies, ni aucune structure capable de coordonner l'aide internationale qui afflue de tous les coins de la planète. La solidarité internationale, comme toujours dans pareils catastrophes, a bien réagi. Obama a promis une aide de 100 millions de dollars, et la France, ancienne puissance coloniale dans ce pays francophone des Caraïbes, dont les secouristes ont été parmi les premiers arrivés sur place, a lancé l'idée d'une conférence internationale des donateurs pour la reconstruction de l'île. Tout le monde est donc disposé à s'acquitter de ses obligations humanitaires, y compris les pays les plus pauvres qui ont décidé de faire des gestes dans la mesure de leurs moyens. Le séisme n'explique pas tout Or, pour aussi noble et louable qu'elle soit, la solidarité humanitaire internationale doit-elle, pour autant, détourner l'attention de l'évidente vérité de la dimension de la tragédie de Haïti ? Pourquoi donc aucun immeuble, y compris le palais présidentiel, n'a pu résister au choc du séisme ? Certes, il y a là un problème de calcul béton et d'architectes qui ont quitté leur pays depuis la dictature des papa Doc et bébé Doc pour fuir la répression des tontons macoutes, la fameuse police de la dictature du Dr Duvalier, papa Doc, qui a passé la main à son fils, bébé Doc, comme dans les dynasties républicaines qui ont émergé depuis le début des années 70. Une des plus féroces dictatures au monde, mise en place par l'ancienne puissance coloniale, la France, dans cette île où les esclaves africains ramenés par les Etats-Unis ont cru y trouver leur paradis. De l'esclavagisme américain au colonialisme français, les Afro-Américains ont vécu, sur deux siècles, l'enfer aux portes du paradis américain, de dictature en dictature et de misère au déséquilibre social et l'insécurité qui a atteint son point culminant dans les années 2000. La mission de la force internationale de paix pilotée par les Nations unies en Haïti, louable en soi, est d'une portée limitée. Ce pays, comme tant d'autres dans la sphère du Tiers-Monde, avait besoin d'un programme de développement, un vrai, solide, des institutions démocratiques et stables, pas une administration féroce et corrompue que la France a édifiée sur place pour mieux servir ses intérêts et exercer son influence sur la région des Caraïbes. L'ambassadeur de France Voilà, en vérité, la cause qui a donné plus de force au séisme en Haïti avec une administration aussi traumatisée et sinistrée que le reste de la population haïtienne. La seule autorité active sur les lieux du sinistre, les téléspectateurs l'ont vu, c'était le jeune ambassadeur de France qui faisait visiter les lieux du sinistre aux équipes de télévisions françaises. Peut-être qu'un peu d'histoire française de l'île n'aurait pas été de trop pour bien comprendre l'origine du drame haïtien.