, La 3e édition de semaine du film algérien a donné lieu à Mila, à un débat passionné et passionnant entre le public et de grandes figures du 7e art algérien, de l'ancienne et de la nouvelle génération. Sollicités par un public chaleureux et assoiffé de connaissance, Amar Laskri, Sid-Ali Kouiret, Mohamed Adjaimi, ont donné, aux côtés de Yacine Boudjemline, Rym Takoucht et autres pairs de la nouvelle génération, libre cours à leurs opinions et analyses sur la situation et les perspectives du cinéma algérien qui vient de boucler, l'année dernière, un demi-siècle d'un parcours jalonné d'œuvres glorieuses et de vides abyssaux. Avec sa verve habituelle, le cinéaste Amar Laskri qui a donné, mercredi soir, au cinéma algérien des œuvres marquantes à l'instar de Patrouille à l'Est et Fleur de lotus, a fait un constat amer de la situation du cinéma algérien qui, a-t-il dit, se trouve dans «une impasse». Ce cinéaste, également président de l'association cinématographique «Lumières», a estimé que cette situation ne peut être dépassée que par une volonté politique déterminée à élaborer une stratégie globale et complète visant à réhabiliter le cinéma algérien et tout le champ audiovisuel du pays. Les secteurs de la communication et de la culture doivent avoir toute l'attention des pouvoirs publics, ont souligné les intervenants au débat, estimant qu'une production culturelle authentique et de qualité est «la véritable richesse durable du pays», et non les hydrocarbures. La situation actuelle du cinéma algérien est d'autant plus inadmissible et nuisible pour le pays que «(nous) sommes une société à tradition orale qui a besoin d'un secteur audiovisuel puissant pour s'exprimer et véhiculer sa culture, a souligné Laskri. Le grand comédien Sid-Ali Kouiret, très ému d'entendre un membre du public lui crier «Mout Waqef ya Ali»', en référence à son rôle dans le film l'Opium et le Bâton, a, pour sa part, estimé que ce genre de manifestations qui font se rencontrer dans une ambiance cordiale et conviviale, les professionnels du cinéma avec le public, font naître dans son cœur un grand espoir de voir le cinéma algérien retrouver ses heures de gloire. Le 7e art algérien qui a su, par le passé, si bien accompagner la lutte du peuple et refléter ses aspirations à travers des films qui ont connu de grands succès populaires et internationaux, mérite toutes les attentions, a estimé Kouiret. Le comédien Mohamed Adjaimi a souligné, quant à lui ,que «certaines circonstances» ont été derrière la régression du cinéma algérien, mais il ne s'agit guère, selon lui, d'une fatalité et que le 7e art algérien est tout à fait capable de se relever et de renouer avec de grandes productions comme celles qui ont fait sa gloire dans le passé à l'instar de Chronique des années de braise, l'Opium et le Bâton, Vent du Sud le Vent des Aurès et autres. Il est nécessaire, pour cela d'avoir une «vision claire» et de disposer de structures de production et de laboratoires modernes et numériques, tout en réhabilitant la valeur de l'art et de la création, dira t-il. Mohamed Adjaimi n'a pas manqué de saisir cette occasion pour rendre hommage aux pionniers du cinéma algérien comme René Vautier et Djamel- Eddine Chanderli qui ont su utiliser la caméra comme une arme encore plus redoutable que le fusil au service du combat du peuple algérien pour son indépendance. Le comédien Yacine Bendjemline a, pour sa part, expliqué la régression du cinéma algérien par le manque de scénarii. Il a appelé à la consécration d'une «langue cinématographique algérienne unifiée», avant de saluer les soutiens accordés par l'Etat aux œuvres de création. Concernant les thèmes abordés par le cinéma algérien, Yacine Bendjemline a estimé que les générations montantes «ont le droit de voir des films algériens crédibles et qualité sur la Guerre de libération nationale». La comédienne Rym Takoucht qui a joué le rôle principal dans le film Mascarades de Lyes Salem qui a raflé plusieurs prix internationaux, a appelé à encourager l'investissement privé dans le domaine culturel et cinématographique en particulier. Cet avis n'est pas partagé par le comédien comique Hacène Bouguerzi qui a plaidé pour sa part à une prise en charge totale par les pouvoirs publics des talents et à l'instauration de mesures d'encouragement et de promotion du cinéma. Le critique de cinéma Djamel-Edine Hazourli réalisateur du programme radiophonique Cinérama qui fêtera cette année sa 22e année d'émission, a mis l'accent, de son côté, sur l'importance de la prospection des talents et la valorisation de la formation académique dans ce domaine.