Les projections ont été un prétexte pour animer de vifs débats autour de la situation très précaire du 7e art en Algérie. En marge de la tenue de la 3e édition de la Semaine du film algérien qui s'est tenue la semaine dernière, un riche débat autour du cinéma algérien a eu lieu en présence de plusieurs cinéastes invités à cette manifestation qui a eu le mérite de décentraliser le cinéma algérien et aller au-devant du public de l'intérieur du pays. Chose rare et donc, à encourager. Entre l'ancienne et la nouvelle génération, chacun n'a pas manqué de donner son avis sur la situation catastrophique du 7e en Algérie, exhortant, pour la plupart, l'Etat à prendre sérieusement en charge ce secteur par la mise en place d'une véritable politique de relance, de son développement effectif, notamment par le biais de la formation et son épanouissement ainsi que par la multiplication de ce genre d'événements. Tous les intervenants se sont accordés à dire que les secteurs de la communication et de la culture doivent avoir toute l'attention des pouvoirs publics, tout en estimant qu'une production culturelle de qualité est «la véritable richesse durable du pays», et non les hydrocarbures. Aussi, l'auteur du film Fleur de lotus ou encore Patrouille à l'Est, le cinéaste Amar Laskri, a déclaré d'emblée que le cinéma algérien se trouve dans «une impasse». Le président de l'association cinématographique Lumières, a plaidé pour une volonté politique déterminée à réhabiliter le cinéma algérien et tout le champ audiovisuel du pays. De son côté, Sid Ali Kouiret, très ému d'entendre un membre du public lui crier Mout Waqef ya Ali, en référence à son rôle dans le film L'Opium et le bâton, a loué ce genre de manifestations qui font se rencontrer dans une ambiance conviviale, les professionnels du cinéma avec le public et font naître dans son coeur un grand espoir de voir briller de nouveau le cinéma algérien et retrouver ses heures de gloire. Il rappellera en outre les grands noms du cinéma algérien qui ont fait sa renommé et sa popularité. Le comédien Mohamed Adjaïmi a, quant à lui, imputé la régression du cinéma algérien à «certaines circonstances» sans s'avouer pour autant vaincu mais persuadé que le 7e art algérien pourra renouer avec sa gloire du passé. «Il est nécessaire, pour cela d'avoir une vision claire et de disposer de structures de production et de laboratoires modernes et numériques, tout en réhabilitant la valeur de l'art et de la création», a-t-il souligné. Le valeureux Mohamed Adjaïmi n'a pas manqué, pour sa part, de saisir cette occasion pour rendre hommage aux pionniers du cinéma algérien comme René Vautier et Djamel- Eddine Chanderli qui ont su utiliser la caméra comme une arme encore plus redoutable que le fusil au service du combat du peuple algérien pour son indépendance. Le comédien Yacine Bendjemline a aussi, expliqué la régression du cinéma algérien par le manque de scénarii. Il a estimé que les générations montantes «ont le droit de voir des films algériens crédibles et de qualité sur la guerre de Libération nationale». La sympathique comédienne, valeur sûre du cinéma mais aussi du 4e art algérien, Rym Takoucht qui s'est distinguée dans le film Mascarades de Lyès Salem en raflant plusieurs prix internationaux, a appelé à encourager l'investissement privé dans le domaine culturel en général et cinématographique en particulier. Avis non partagé par le comédien comique Hacène Bouguerzi qui a plaidé pour une prise en charge totale par les pouvoirs publics des talents et l'instauration de mesures d'encouragement et de promotion du cinéma. Le critique de cinéma Djamel-Edine Hazourli réalisateur du programme radiophonique Cinérama, qui fêtera cette année sa 22e année d'émission, a mis l'accent sur l'importance de la prospection des talents et la valorisation de la formation académique dans ce domaine. Après Biskra et maintenant Mila, gageons que cette manifestation ne s'arrêtera pas là, en si bon chemin. Que ce genre d'événements soit un prétexte à des actions concrètes en vue de réhabiliter une discipline qui est loin de constituer une industrie au sens propre du terme dans notre pays à l'instar d'autres pays, ne serait-ce que dans la Méditerranée.