1) Nous savons qu'en moyenne, le prix de cession du gaz, en tenant compte bien entendu des fluctuations du dollar, monnaie de référence, est d'environ un dixième du prix du pétrole malgré de lourds investissements bien qu'il existe encore des différences de prix mais avec un écart faible en fonction des zones géographiques et des modalités de contrat, le prix de cession étant indexé sur celui du pétrole. Pourtant, l'expérience historique a montré que cette formule d'indexation pose problème car n'ayant pas toujours eu une proportionnalité : pour preuve, au moment où le prix du pétrole dépassait 100 dollars, le prix du MBTU (million d'unités thermales britanniques égal à 27,6 mètres cubes) n'a jamais approché 10 dollars et, actuellement, nous avons un cours du pétrole fluctuant entre 75 et 80 dollars et le prix de cession du gaz malgré un hiver rigoureux varie entre 5 et 6 dollars. Cela est important pour l'Algérie puisque le gaz brut ( GN et GNL) représente environ un tiers de la valeur en devises de ses exportations et beaucoup plus à l'avenir puisque, pour le pétrole ayant moins de 1 % des réserves mondiales allant, à moins d'un miracle, vers l'épuisement dans moins de dix-huit ans. L'Algérie est mieux dotée en gaz, qui représente actuellement, selon les statistiques internationales, 3 % des réserves mondiales (4.500 milliards de mètres cubes gazeux, estimation de 2006) mais devant tenir compte de la forte consommation intérieure, 85 milliards de mètres cubes gazeux d'exportation et 75 milliards de consommation intérieure si tous les unités programmés sont réalisées, posant d'ailleurs le problème du prix de cession intérieur largement inférieur au vecteur prix international, soit au total une production annuelle de 160 milliards de mètres cubes gazeux horizon 2014/2015. C'est dans ce cadre que l'Algérie a programmé d'importants investissements tant à travers les canalisations Medgaz et Galsi que la construction de deux GNL (Skikda et Arzew), les exportations représentant 50 % de gaz naturel et 50 % de GNL, ce ratio devant tourner autour de 60 % de GN et 40 % de GNL horizon 2014/2015. 2) C'est dans l'optique, du moins au départ, qu'il a été décidé qu'Oran sera la capitale du gaz du 18 au 21 avril 2010, et l'idée d'une OPEP gaz a été évoquée par certains membres afin de stabiliser les prix, encore que le secrétaire général du forum, le Russe Leonid Bokhanovski, suivi par la suite par le Premier ministre Vladimir Poutine, a démenti, en décembre 2009, que l'organisation allait se transformer en cartel sur le modèle de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Pour ma part, je considère qu'il est utopique, dans la conjoncture actuelle, de parler d'une OPEP de gaz à l'image d'une OPEP de pétrole, ce qui ne signifie nullement qu'il ne faille pas favoriser les ententes entre les pays producteurs et un dialogue permanent avec les pays consommateurs, et ce pour trois raisons : - a) la première est que, selon les statistiques internationales de 2008/2010, le commerce mondial de gaz naturel est essentiellement transporté par le biais du réseau de gazoducs (72 % contre 28 %) pour le transport par tankers de GNL (gaz naturel liquéfié). En raison de la faible proportion de gaz naturel échangée par rapport à la quantité produite, il n'existe pas véritablement de marché global, mais des marchés régionaux, qui possèdent des organisations, une maturité et des filières différentes. Certes, contrairement au gaz naturel, le GNL permet la concurrence, sur des marchés traditionnellement tenus par des opérateurs historiques, de s'affranchir des tensions géopolitiques, source de volatilité des prix, de diversifier ses sources d'approvisionnement en atténuant la contrainte physique en faveur d'une liberté de choix commercial, de sécuriser ses approvisionnements en répartissant le risque sur un plus grand nombre de producteurs, mais la production et le transport du GNL exigent d'importants investissements entre 3 à 5 milliards de dollars américains selon les capacités ; - b) la deuxième raison est que les contrats tant du gaz naturel que du GNL sont dominés par les contrats à moyen et long terme, y compris sur des périodes allant de 20 à 25 ans, de façon à offrir un approvisionnement garanti de base, auquel peut s'ajouter un approvisionnement couvert par des contrats à court terme pour les périodes de forte demande. (A suivre)