En effet, les prix affichés des légumes connaissent une valse certaine et les escarcelles des petits ménages ne suivent plus, et le citoyen découragé se rabat indubitablement sur les produits moins chers, encore faut-il les trouver. Des haricots à 140 DA le kilo, des pommes à 160 et l'oignon qui fait encore parler de lui, pas moins de 130 DA. Du jamais-vu ! Et des tomates à 150 DA. Aucun respect du consommateur qui est comme d'habitude le dindon de la farce. «Oui s'écrie F. T., une sexagénaire au pas lourd, je rôde depuis un bon moment et mon panier est toujours vide, je suis en train de tourner en rond tout simplement parce que c'est trop cher. Un commerçant essaie tant bien que mal de faire bonne figure. On vend cher parce qu'on achète cher.» C'est la loi de l'offre et de la demande. Des vendeurs à la sauvette vous harcellent. Il faut souligner que ce va-et-vient incessant de clients potentiels timorés finit par s'éclipser. Hélas, à cela s'ajoute une énorme benne à ordures qui gît là, attirant un nombre de mouches et de moustiques. Parfois, des ânes s'en mêlent et grignotent ce qui jonche sur le sol. Un véritable tohu-bohu, écumant des paroles acariâtres qui vous donnent le tournis. Cette réalité n'est nullement fallacieuse, elle est le reflet d'une consommation quotidienne qui finira par faire réagir le plus patient.